2) Une tradition migratoire
Les Roumains ont une tradition migratoire importante vers la
France que l'on peut faire remonter au XIXème siècle. À
partir des années 1990 et de l'ouverture du pays, cette migration est
devenue très importante et a été qualifiée de
« pendulaire ». « Préfigurant l'élargissement,
des
32 Mauco G., Les étrangers en France : Leur rôle
dans la vie économique, Paris, Armand Colin, 1932.
33 Le terme « assimilation », largement répandu
au XIXème siècle et au début du XXème, fût
dans les années 1980 remplacé par celui d' «
intégration ».
34 Diminescu D (dir.), Visibles mais peu nombreux. Les
circulations migratoires roumaine, MSH, Paris, 2003. p.1.
35 Wihtol de Wenden C., L'Europe des migrations, La
Documentation française, Paris, 2001.
36 Tarde G., L'opinion et la foule, Ed. du Sandre,
Paris, 2009, p. 89.
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migrants « à la valise » puis migrations
pendulaires avec aller-retours pendant trois mois, installation « dans la
mobilité comme mode de vie, vivant dans une co-présence »
entre les différents espaces de vie. »37 Cette
mobilité est devenue d'autant plus importante que la migration se
légalisait. Le but de cette migration était de « tenter sa
chance » sur le marché du travail Ouest européen. La
suppression des visas Schengen, en janvier 2002, permit à de nombreux
Roumains d'effectuer des voyages de trois mois. Plus ces voyages se
multipliaient, plus les compagnies de transport enrichissaient leurs offres,
permettant ainsi à d'autres personnes d'entrer dans ce
système.38 Les Roumains ont donc su adapter leurs
stratégies migratoires aux statuts juridiques qui leur ont
été conférés. Il n'est donc pas surprenant, que
certains d'entre eux ont développé des stratégies pour
tirer profit des aides au retour humanitaire, qui leur sont proposées
depuis 2007.
La mobilité des Roumains, et notamment des Roms
roumains ne cesse de s'accroître. Elle est aujourd'hui définie
comme une « circulation migratoire ». L'évolution du concept
de circulation migratoire a été étudiée et
décrite, notamment, par Chadia Arab39. Elle explique que ce
concept englobe ceux de « réseaux migratoires », de «
filières migratoires » et de « champs migratoires ». M-A
Hily écrit à propos de la circulation migratoire, qu'elle «
instaure des continuités là où les États ont
institué des discontinuités »40. La
circulation migratoire est donc un mouvement transnational, qui permet aux
réseaux de migrants et aux communautés, de conserver des liens
forts, au delà des limites d'un État.
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