2) Pour une « intégration des mobilités
» roms
Les différentes tentatives de gestion communautaire des
communautés roms se focalisent sur l'intégration, l'inclusion des
Roms au sein des États européens. Mais une fois encore, le
concept d'intégration est dominé par une pensée
sédentariste. En effet, au lieu de tenter d'y apporter des limites, sans
succès, il est possible d'envisager une intégration des formes de
mobilités roms au « système Europe ».
Dès lors, nous pourrions tous profiter de ces
migrations, et de leurs aspects économiques, sociaux et culturels. J.
Fijalkowski illustre l'intérêt économique que
représenterait une gestion appropriée de ces migrations. «
Ces « pendulaires » présentent un intérêt qui
dépasse la coopération transfrontalière. [...] Pourquoi ne
pas programmer autrement l'arrivée de ces travailleurs étrangers
d'un genre nouveau si cela coïncide aussi avec l'intérêt des
pays qui les envoient ? »185 Toutes les parties
engagées dans un phénomène migratoire peuvent y trouver un
intérêt, notamment économique. En 1954, Robert Montagne
défendait déjà l'adaptation du système
économique du pays d'accueil au va-et-vient des populations
algériennes migrantes. Il explique qu'il
183Chevron S., La réforme des structures en charge de
l'immigration. De l'ANAEM à l'OFII, op. cit., p. 164. 184Wihtol de
Wenden C., La globalisation humaine, op. cit., p. 217.
185Fijalkowski J., « Transformer la politique
européenne en matière de migration : une nécessité
», op. cit., p. 83.
est envisageable d' « employer quatre employés
pour trois postes : ce système permettrait aux émigrés de
faire des séjours prolongés dans leur village en Algérie
tout en ayant un emploi rémunérateur en France.
L'émigré peut ainsi concilier travail en France et charges
familiales en Algérie. »186 Plus de soixante ans
après, les politiques régissant l'emploi des travailleurs
immigrés ne sont toujours pas adaptées aux mobilités des
migrants.
M. Morokvasic dépeint les intérêts sociaux
et culturels qu'il est possible de dégager de la circulation migratoire
des Roms. Elle explique que l'espace européen se construit des
différences culturelles, ainsi que de l'échange et de la
création de nouvelles diversités. L'espace européen est
une mosaïque en perpétuelle évolution. Par
conséquent, « on peut penser que certains groupes
particulièrement mobiles contribuent à la création de
l'européanité, même si, sur le plan local ou national, ils
peuvent se trouver marginalisés, discriminés et à la
périphérie, comme le sont les pendulaires rencontrés.
»187 Ainsi, la mobilité des Roms et leur dispersion
à travers l'Europe peuvent, également, être la source de
l'apparition d'un sentiment communautaire.
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