C) Des pistes d'action
Les modèles de gestions des populations migrantes,
fondés sur le binôme « intégration dans le pays
d'accueil/retour au pays d'origine » ne sont plus suffisants face aux
nouvelles formes de mobilité en Europe. Trouver des alternatives est
nécessaire. M. Morokvasic attestait déjà de cette
nécessité, en 1996. « Les politiques centrées
essentiellement sur l'intégration des sédentarisés, ou sur
le rejet des nouveaux candidats à l'immigration, pourraient s'orienter
vers la gestion des mobilités. »182 De plus, les
questions d'intégration des sédentaires et des circulants doivent
être traitées au niveau communautaire, dans une totale
coopération des différents acteurs européens, nationaux et
locaux. Dans un premier temps, nous allons questionner l'avenir des aides au
retour. Ensuite, nous verrons en quoi « l'intégration des
mobilités » roms au « système européen »
serait profitable à l'UE.
1) La fin des aides au retour ?
Les aides au retour peuvent être de véritables
chances pour le migrant de reconstruire sa vie dans le pays d'origine, à
condition qu'elles respectent le principe de réinsertion sociale,
économique et professionnelle. Les programmes de retour mis en place par
la France, depuis les années 1970, ne respectent pas ce principe. En
effet, nous savons que les aides à la réinsertion
économique ne sont pas diffusées. Quant à la
réinsertion sociale et professionnelle, elle est inexistante. Parfois,
les programmes ont été délaissés par les
bénéficiaires. Parfois, ils ont été utilisés
par les bénéficiaires pour s'installer dans la mobilité.
Jamais, ils n'ont été efficaces.
Comme nous l'avons vu précédemment, la mise en
place de l'AGDREF condamne les aides au retour humanitaire. Pour Sylvain
Chevron, les programmes d'aide au retour parasitent même l'action
principale de l'OFII : l'accueil. « Il semble d'ailleurs qu'il y ait
lieu de redéfinir les actions de l'Office insusceptibles de se rattacher
à la mission centrale d'accueil et d'intégration car elles
contribuent par là même à diluer ses priorités et
ses moyens : la participation de l'OFII aux programmes d'aide au retour peut
être examinée dans la mesure où rien n'impose que l'Office
en charge de l'accueil soit chargé des retours au pays et de la mise en
oeuvre des actions de
182Morokvasic M., « Entre l'est et l'ouest, des migrations
pendulaires », op. cit., p. 154.
68
codéveloppement. »183 Les
aides au retour tendent à être délaissées par
l'OFII. De nouvelles formes de gestion des migrations doivent être
trouvées.
De plus, il est fondamental que le codéveloppement
devienne un enjeu majeur des futurs politiques migratoires, et non une de leurs
conséquences éventuelles. Cette observation n'est pas nouvelle et
ne cesse d'être réaffirmée par les chercheurs. Les
programmes d'aide au retour trouveraient, certainement, un regain
d'intérêt, s'ils étaient capables d'associer retour,
réinsertion et codéveloppement. Le migrant deviendrait un lien
essentiel entre le pays d'origine et le pays d'accueil, entre les
différents opérateurs socio-économiques locaux, et plus
globalement, entre les deux communautés.
Selon Catherine Wihtol de Wenden :« le thème
d'une gouvernance globale des migrations, lancé à l'initiative
des Nations Unies, cherche à répondre au défi de la
combinaison des migrations et du développement dans les pays d'accueil
et de départ (« faire de la migration un instrument de
développement sans substituer le développement à la
migration ») en vue d'une plus grande cohérence des politiques.
»184 Ainsi, pour que les politiques migratoires soient
plus cohérentes, elles doivent associer migration et
développement. De plus, la gouvernance des migrations doit être
globale. Dans le cadre de cette étude, cela signifie donc que les
migrations Roms doivent être gérées au niveau
communautaire, de sorte qu'elles soient génératrices de
développement.
|