Conclusion de partie
Comme nous l'avons vu avec l'exemple français, les
modèles actuels de gestion des migrations se contentent d'envisager le
binôme « intégration dans le pays d'accueil/retour au pays
d'origine ». Or, l'installation des migrants dans la mobilité, doit
être prise en compte. Pour ce faire, des politiques d'intégration
des migrations roms doivent être conçues au niveau communautaire.
Il est nécessaire que ces politiques soient mises en place, au travers
d'une entière coopération des différents acteurs. Les
migrations sont une source d'enrichissement social, culturel et
économique, pour chacun. Ainsi, il faut être en mesure d'associer
migration et développement et de favoriser l'échange culturel. Au
lieu de tenter de freiner ces migrations, il faut savoir les «
intégrer au système européen ».
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186Dorai M. K., Hily M-A., Loyer F., op. cit, p. 81.
187Morokvasic M., op. cit., p. 149.
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Conclusion
Les acteurs du « retour » des Roms roumains en
Roumanie, dans le cadre des ARM sont très
hétérogènes. Cette
hétérogénéité est l'une des causes de
l'incohérence des programmes d'aide au retour. En effet, les
différents intervenants de cette migration ont des conceptions
différentes de l'action sociale et humanitaire, de la réinsertion
et de l'intégration. De plus, cette migration de retour se doit
d'être volontaire et humanitaire. Or, les méthodes
utilisées par les pouvoirs publics pour encadrer ce déplacement
dénotent d'une migration forcée. Enfin, les programmes d'aide
à la réinsertion ne sont pas diffusés et s'avèrent
improductifs, voire contreproductifs.
En effet, sans aides à la réinsertion, l'argent
versé aux migrants bénéficiaires des aides au retour ne
leur permet pas de se sédentariser. Dès lors, il peut servir
à financer le retour, en France. Ainsi, les ARM n'aident pas les
migrants à se réinstaller en Roumanie, mais elles favorisent leur
circulation migratoire.
L'absence d'échanges entre les migrants et les autres
acteurs de leur migration, est notable. De plus, les migrants ne sont pas, ou
peu, impliqués dans la gestion de leur propre mobilité. De ce
fait, les pouvoirs publics et le milieu associatif méconnaissent les
migrants, leur mode de vie et leur phénomène migratoire. Or ce
phénomène migratoire existe depuis les années 1990. Ainsi,
le manque de cohérence entre les différents acteurs participe
à masquer la réalité sociale de cette migration. Ainsi,
puisque ce phénomène migratoire n'est pas reconnu, il ne peut pas
être pleinement prit en compte par les politiques migratoires
actuelles.
Des programmes communautaires de gestion des populations Roms,
respectant leur mode de vie et leurs mobilités, ont été
mis en place. Des fonds européens sont versés à cet effet.
Cependant, ces programmes ont un impact très restreint. En avril 2010,
au sommet de Cordoue, le constat de la détérioration de la
situation des Roms, en Europe, a été établi. Ces
programmes ne sont pas efficaces car ils sont trop détachés des
réalités nationales et locales. Ces réalités sont
variables, d'un pays européen à l'autre. « La
complexité de la combinaison des acteurs pour la constitution d'un
régime international des migrations est liée au fait que le champ
de la société civile face à l'État est
dispersé dans les pays d'accueil sur ce sujet et que les migrants ont
peu de soutiens de la société civile dans leurs pays de
départ. »188 La mise en place de politiques
migratoires communautaires adaptées aux mobilités des migrants,
ainsi qu'aux diverses sociétés européennes, est donc
très complexe.
Le renforcement de la cohésion et de la
coopération entre tous les acteurs de la migration
188Wihtol de Wenden C., La globalisation humaine, op.
cit., p. 224.
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des Roms est donc un réel défi. Relever ce
défi est nécessaire pour l'instauration de politiques
migratoires, respectant les mobilités et étant
bénéfiques pour tous les intervenants. Une meilleure connaissance
des populations migrantes est primordiale à l'amélioration de la
cohésion et de la coopération entre les acteurs de cette
migration.
Ainsi, il est important d'étudier les
communautés roms migrantes, avant de mettre en place des projets leur
étant destinés. Pour ce faire, il est essentiel d'aller à
la rencontre des migrants. L'enjeu est de comprendre comment ils se
définissent, vis-à-vis des Roms et des non-Roms. Il s'agit
également d'appréhender leur mode de vie, leurs schémas
familiaux, leurs traditions et enfin, ce à quoi ils aspirent. De plus,
il me semble judicieux de rencontrer les migrants aux différents
pôles de leur migration. En effet, cela permettrait de mieux saisir le
phénomène migratoire de cette population, ainsi que les
différents contextes locaux au sein desquels ils évoluent. De mon
point de vue, le renforcement de la cohésion et de la communication
entre les partis favorise la mise en place de politiques migratoires et de
politiques d'intégration, qui respectent les mobilités, et les
modes de vie des migrants. Nous devons être en mesure de redéfinir
le terme d'intégration, avec et pour les migrants.
C'est dans cette perspective que j'aimerais situer mon
étude de deuxième année de Master, afin de permettre aux
différents acteurs de mettre en place, conjointement, des actions
respectant les différents modes de vie.
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