2) Les aides au retour en questions
a) Qu'est-ce qu'un retour forcé ?
Véronique Lassailly-Jacob, dans l'article Migrants
malgré eux, une position de typologie92 a défini
les migrations volontaires et forcées. Elle y oppose les
déterminants de la migration pour différencier ces deux types de
migration.
Selon ces catégories, la situation économique et
sociale des personnes peut-être la raison d'un départ volontaire
qui ne provoque pas de cassure avec la société quittée.
L'enjeu pour le migrant est, dans ce contexte, l'amélioration de sa
situation. Au sein du groupe concerné, une sélection est
opérée entre ceux qui partent et ceux qui restent. De plus, le
déplacement est encadré par des structures, des organismes
officiels. En revanche, les migrations forcées se font dans une
situation de « chaos », il n'y a pas de structures officielles qui
les prennent en charge, ce qui justifie l'intervention de travailleurs
humanitaires. Ces migrations provoquent une cassure nette avec la
société de départ. Dans ce cas, le départ est
perçu comme problématique. Les structures familiales
traditionnelles s'en trouvent bouleversées et les populations
déplacées encourent un risque de marginalisation. Selon ces
catégories, les retours volontaires et forcés sont
théoriquement, facilement distinguables. Il semble ici
intéressant de tenter d'analyser la situation que j'étudie, au
91 Annexe 1 : extraits d'entretiens.
92 Lassailly-Jacob V., Marchal J-Y., Questel A., op. cit.
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prisme de ces catégories.
Le cas du retour des Roumains est particulier puisqu'il ne
correspond, ni à l'une, ni à l'autre de ces catégories.
Les retours des Roumains entraînent des ruptures nettes avec la
société de départ. Ces retours sont perçus comme
problématiques. Ils peuvent bouleverser les structures familiales et
causer une certaine marginalisation des personnes. Les associations de soutien
aux migrants et aux « communautés minoritaires » sont
nombreuses en France. En revanche, en Roumanie, ce type de structures est peu
développé et peu efficace. De retour en Roumanie, les Roumains se
retrouvent le plus souvent seuls. En effet, les associations mandatées
par l'OFII n'effectuent que très rarement le suivi social qu'elles sont
tenues de mener. Ces éléments assimilent ces retours à des
retours forcés. Néanmoins, il faut noter que les Roumains sont
encadrés par une agence officielle, jusqu'au lieu d'arrivée,
où des organismes mandatés par cette agence, prennent le relais,
en théorie. Selon les catégories définies par V.
Lassailly-Jacob, ces retours seraient alors considérés comme
volontaires.
Une fois encore, nous pouvons mettre en évidence que le
retour des Roumains en Roumanie, dans le cadre des ARH peut être
envisagé comme volontaire et humanitaire ou comme forcé, selon le
point de vue de l'observateur.
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