c) Les acteurs interrogés « à
dominante RDT »
Seuls deux acteurs m'ayant accordé un entretien
apparaissent dans cette catégorie. Il s'agit de N., membre de Romani
Criss et de D., ancien membre de Parudimos.
Tous deux sont très critiques, vis-à-vis des ARM et
des aides à la réinsertion en Roumanie. N. - «
Premièrement, le programme de l'ANAEM, il n'est pas efficace,
deuxièmement, les Roms sont les seuls pour lesquels ils font le
rapatriement en groupe. Les autres nations ou les autres peuples, ça se
fait en demande individuelle. »69
Ainsi, il n'est pas surprenant de constater que les relations
de ces acteurs avec les pouvoirs
publics ne sont pas des plus cordiales.
N. - « Je crois que les États-Nations
maintenant ils veulent contrôler tout. La question Rom c'est quelque
chose qui rend hystérique et qui donne plus d'eau à leurs moulins
nationalistes. [...] Il n'y a pas de mécanisme qui nous permette
d'influencer la politique locale. Par exemple en Roumanie, le baron local c'est
le maire qui occupe tout l'espace et tu ne peux pas faire beaucoup contre lui.
»70
Tout comme les « modérés », ces
acteurs considèrent que les Roms éduqués doivent montrer
l'exemple et qu'il est nécessaire de travailler avec des Roms pour
communiquer avec les communautés. Les modérés pensent que
les Roms éduqués doivent se faire l'exemple d'une insertion
réussie. Pour les acteurs à dominante RDT, les Roms
éduqués doivent prouver aux Roumains que leurs
représentations sur les Roms sont mauvaises.
N. - « Je crois que nous, les Roms qui sont
éduqués, c'est à nous de nous
multiplier. Assumer notre identité, d'une, et que
les gens qui sont comme
68 Annexe 1 : extraits d'entretiens.
69 Ibid.
70 Ibid.
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nous, fassent pression au niveau local et au niveau
national, qu'ils soient porteurs d'une parole et que les majorités les
voient comme des exemples que leurs perceptions sont mauvaises.
»71
Si des dissensions sont observables, dans les conceptions de
l'action sociale et humanitaire,
des différents acteurs du milieu associatif, des
invariants sont également notables. Le besoin d'une
plus grande cohésion des différentes parties est
apparu dans tous les entretiens. La mise en place de
tables rondes au sujet des Roms migrants a été
définie comme nécessaire par J.P., G., S.F. et D. J.P. -
« Encore une fois, le problème qu'on rencontre pour les aider dans
leur quotidien, pour les aider plus loin, c'est que tous les partenaires qui
travaillent autour des Roms ont des grosses différences d'objectifs.
C'est contre productif arrivé à un moment. »72
Tous les acteurs interrogés ont exprimé le
besoin d'impulsions internationales pour que la situation des Roms en Europe
s'améliore. Cependant, ils estiment que l'action sociale doit, pour
être concrète, être locale. Néanmoins, la
désillusion des acteurs envers les actions internationales est variable.
Les acteurs à dominante RDT sont les plus confiants à
l'égard des actions internationales, peut-être parce qu'ils ont
moins d'opportunités de travail avec les autorités locales.
S.- « Moi, sur les répercussions, je ne sais
parce que je n'ai pas trop regardé. Au moins ça veut dire qu'ils
prennent en compte le fait que ce n'est pas le problème que de la
Roumanie et qu'ils prennent en compte que c'est un problème
européen. C'est des peuples qui bougent donc c'est des peuples qui sont
plus européens, que d'un seul pays. »73
Enfin, aucun des Roms roumains, que j'ai rencontrés dans
le cadre de cette étude, ne sont des « traditionnels ». Ils
composent l'élite des Roms éduqués, qui se sont «
détachés de la tradition ». Mh. - « Et puis il y a
les Roms traditionnels et les Roms non-traditionnels. Moi je ne suis pas une
« pure », je ne porte pas de jupe, tu vois ?! »74
E. - « Et comme tu as vu déjà si tu es
allé à Romani Criss, il y a d'autres Gitans qui sont super bien,
super éduqués, plus que moi, beaucoup plus que
71 Annexe 1 : extraits d'entretiens.
72 Ibid..
73 Ibid.
74 Ibid.
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moi. Je suis fière d'eux, de chacun. Ils ont
cassé la tradition. »75
Au sein du milieu associatif, des conceptions
différentes de l'action sociale et humanitaire existent. Cependant, le
besoin d'une plus grande coopération des différentes parties a
été affirmé par tous les acteurs interrogés.
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