b) Les acteurs interrogés «
modérés »
Cette catégorie est formée des membres de Parada
interrogés (S., IJ., A.), de E., ancienne membre de Parudimos et de Mh.,
présidente de Clubul tinerilor Romi. Il ne m'a pas été
possible de dégager une tendance chez ces acteurs. Cela ne signifie pas
que leurs conceptions de l'action sociale
63 Annexe 1 : extraits d'entretiens.
64 Ibid.
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et humanitaire s'accordent, mais simplement qu'elles
représentent un compromis entre les
conceptions SIT et les conceptions RDT.
Ces acteurs ont un point commun notable. Ils jugent les ARH
inutiles et n'hésitent pas à en
plaisanter.
A.- « C'est normal, là-bas, tu arrives à
survivre, ici tu n'as rien. Si en plus
on te donne de l'argent pour le voyage, c'est « oh, la
France m'aime bien !
[...] En tout cas donner de l'argent, ça ne va pas
apporter grand-chose. »65
Qu'ils soient Roms ou non, ces acteurs ont des opinions
modérées sur la question de
l'autonomisation de la cause Rom. Ils pensent qu'il est
nécessaire de travailler avec des Roms pour toucher leur
communauté. Les individus avec lesquels ils travaillent sont des
exemples d'insertion, des « non-traditionnels » ayant adopté
le mode de vie du groupe majoritaire. Pour A., les Roms doivent s'adapter
à la société, pour I.J., l'adaptation doit être
réciproque.
A.- « [...] Le père il doit développer
des activités, des petits jardins, pour avoir un peu d'argent et envoyer
les enfants à l'école. S'il envoie pas ses enfants à
l'école, il n'aura pas l'argent pour le jardin. [...] Il faut s'adapter.
Si tu t'adaptes, si tu travailles bien, on peut être
collègues.[...] Ils ont un autre style de vie. [...] Ils ne peuvent pas
être comme nous. [...] Il y a des règles, c'est une
société, c'est comme ça, mais il faut s'adapter, sinon
ciao. [...]Pour être honnête en ce moment ça ne marche pas
trop mais avant, quand on devait aller voir les enfants, dans la rue, on avait
avec nous, dans nos équipes, un animateur socio-éducatif qui
arrivait d'entre eux. »66
I.J. - « Je pense que tout le monde devrait
être impliqué. Parada n'a pas une approche exclusive, sur une
communauté. [...] Il faudra aussi que eux-même ils s'adaptent,
qu'ils adaptent leur mode de vie. C'est une adaptation continue et
réciproque qu'il faut mais il faudrait se connaître mieux
déjà. »67
J'ai pu, au cours des entretiens, cerner une forme «
d'infantilisation » des « Roms traditionnels », chez ces
acteurs. Les « traditionnels » doivent être
éduqués afin de connaître les codes de la
société et de s'y insérer, pleinement. E. est rom, elle se
présente cependant comme une « non-traditionnelle ».
Lorsqu'elle relate les relations entre les Roms et la Croix-Rouge, durant
l'opération de retour en Roumanie organisée par l'ANAEM, elle
infantilise les Roms
65 Annexe 1 : extraits d'entretiens.
66 Ibid..
67 Ibid..
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« traditionnels ».
E. - « Ils étaient très bien. Les gars
[de la Croix-Rouge] ils étaient bien, ils étaient sympas. Les
gens ils faisaient des soucis, ils avaient que des problèmes : «
j'ai faim... », tout ça ! « Et je vais aller faire pipi »
et je ne sais pas quoi. Mais les gars ils étaient très bien. Ils
avaient de la patience, oui ça va, c'était bien. »68
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