2) Les ONG et le milieu associatif
Les acteurs interviewés dans le cadre de cette
étude ont été regroupés dans trois
catégories.
58 F.R.A., The situation of Roma EU citizens moving to and
settling in other EU Member States, Confenrence Editions, Autriche, 2009,
p. 7-8.
59 Annexe 1 : extraits d'entretiens.
60 Ibid.
28
Ces catégories ont été
réalisées au vu des modèles théoriques
formulés par Dan Oprescu Zenda (SIT et RDT). Ces modèles
théoriques ne s'appliquent pas de manière absolue à une
ONG ou une personne. Nous faisons tous des compromis, nous évoluons,
c'est pourquoi j'utilise les termes de « dominante SIT » et «
dominante RDT ». Chez certains des acteurs m'ayant accordé un
entretien, il m'était impossible de dégager une tendance, une
dominante. J'ai nommé ces acteurs les « modérés
». Sur un total de onze acteurs, quatre sont placés dans la
catégorie « à dominante SIT », cinq sont
modérés et deux d'entre eux sont dans la catégorie «
à dominante RDT ».
a) Les acteurs interrogés « à
dominante SIT »
J'ai placé dans cette catégorie les membres de
l'ASFRP, (G, S.F., J.P.), ainsi que M.P., présidente de Generatie
Tanara.
Le premier élément qui m'a permis de regrouper
ces acteurs dans une même catégorie est le fait qu'ils sont les
seuls à ne pas être défavorables aux ARH et aux villages
d'insertion.
J.P. - « Nous on s'oriente plus vers des
modèles qui ont été faits en Seine-Saint-Denis, des
villages d'insertion. Le problème de ces villages c'est qu'il y a un
gardiennage. [...] C'est ça qui pose un problème aux autres
associations parce qu'ils considèrent que c'est un camp d'internement,
les grands mots et tout. Sauf que nous on voit une situation zéro, et
là on voit une situation qui est mieux que zéro. »61
Ces acteurs ne sont donc pas défavorables aux
programmes mis en place par les autorités. Il n'est donc pas surprenant
qu'ils s'avèrent être les interlocuteurs privilégiés
des pouvoirs publics. Selon D. Oprescu Zenda, cet élément est
essentiel pour définir les SIT.
J.P. - « Le problème qu'on rencontre, c'est un
petit peu comme en politique, il y a des partis extrêmes qui sont contre
tout, mais qui n'arriveront jamais au pouvoir, parce qu'ils n'ont aucune
solution. Ils tapent tout le temps. Et puis il y a ceux qui essayent de faire
quelque chose. Forcément c'est une négociation. On a gagné
des points avec le Maire de Massy, on essaye de s'en servir pour la prochaine
fois. On va essayer d'avoir une réunion avec le Préfet. Il faut
négocier, mais dans tous les cas on ne peut pas donner toutes les
libertés. »62
Les acteurs de cette catégorie sont les moins enclins
à reconnaître des spécificités
61 Annexe 1 : extraits d'entretiens.
62 Ibid.
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communautaires, ou ethniques, aux groupes roms. Ils
considèrent que tous les hommes sont égaux
et qu'aucun particularisme n'est justifiable. Ceci explique
également leur position d'interlocuteurs
privilégiés des autorités.
M.P. - « Regarde, les associations de... les
associations qui s'occupent de personnes Roms sont des associations avec
lesquelles les Roms ne sont pas toujours intéressés de
collaborer. [...] Quand on parle des Droits de l'Homme, peu importe qu'il soit
Rom, qu'il soit Roumain, qu'il soit Juif ou Allemand, l'homme est Homme. Sinon,
quand on commence à penser comme ça, on finit avec le trafic de
femmes, avec le trafic d'enfants, avec des hommes qui sont obligés
à mendier, avec des femmes qui sont obligées à mendier, et
spécialement les enfants qui sont envoyés dans beaucoup beaucoup
d'affaires. Nous vivons dans un monde qui aujourd'hui est détruit, sans
valeur morale. La famille est déjà une institution
périmée et nous avons besoin de retourner à des valeurs
morales saines, et donc de famille. »63
Comme nous pouvons le voir ici, pour M.P., la reconnaissance
de spécificités communautaires serait néfaste aux valeurs
morales de la société. À plusieurs reprises M.P. a
suggéré un lien entre les migrations roms et la
criminalité. Ce lien est courant dans les médias et dans les
discours politiques, il l'est toutefois moins dans le milieu associatif. Cet
élément est notable car il nous permet de faire une distinction
entre les points de vue des membres de l'ASFRP et celui de M.P. La
présidente Generatie Tanara insiste sur l'importance des trafics, J.P.
insiste sur leur visibilité.
J.P. - « Il y a 90 % qui respectent les règles
et il y a 10 % qui... Et même ici,
le problème c'est qu'on ne voit que les 10 %, dans
tous les cas. »64
Cette différence de conception peut être due,
tant aux opinions personnelles des acteurs, qu'à leur culture.
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