WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Le " retour forcé " des roumains en Roumanie, depuis 2007

( Télécharger le fichier original )
par Audrey Guitton
Université de Poitiers - Master migrations internationales 2011
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

b) Le rôle des autorités locales

Les autorités locales peuvent avoir un rôle en amont et en aval de ces retours. En France, elles peuvent éviter ou encourager les évacuations, souvent préalables aux opérations de retour. Dans la région parisienne, des réponses politiques différentes ont été mises en place, d'un département à l'autre, d'une commune à l'autre. Les positionnements politiques des maires, des préfets, des conseillers généraux, etc, sont évidemment liés au traitement des populations roms, établies sur leurs circonscriptions. Si certaines communes acceptent l'établissement d'un campement, ce n'est jamais sans condition. La condition d'un nombre « raisonnable » de personnes,

52 Chevron S., La réforme des structures en charge de l'immigration. De l'ANAEM à l'OFII, op. cit., p.15. « Entretien avec Christine Rousselin, responsable du service social à la direction OFII de Paris Centre », p. 178.

53 Ibid., « Entretien avec Christine Rousselin, responsable du service social à la direction OFII de Paris Centre », p. 173.

54 Ibid., p. 171.

26

a été évoqué par les trois acteurs interrogés, travaillant au sein de l'ASFRP. S.F., secrétaire de l'ASFRP témoigne :

S.F. - « [...] À Chilly-Mazarin, la mairie s'est radoucie et a accepté qu'ils s'installent, sous conditions (pas trop de...). Ils ont même acheté quelques cabanes pour les gens. Et puis le camp a grandi, les règles n'ont pas été respectées. »55

En effet, les communes considèrent qu'au delà d'un certain nombre, les campements ne seraient plus « gérables ». De mon point de vue, les autorités locales craignent le développement d'une organisation sociale propre au camp, qu'elles ne sauraient comment gérer.

De plus, les autorités locales élues doivent satisfaire leur électorat. Pour comprendre les actions mises en place par un homme politique, il faut essayer de cerner l'opinion du groupe qui l'a élu. Il est probable que les autorités locales se focalisent sur la question de la « taille du camp », car une petite communauté est peu visible. La visibilité d'une communauté attire l'attention de l'Opinion. En effet, dès que les camps deviennent trop importants et trop visibles, les riverains se plaignent, l'Opinion leur fait écho. Les autorités locales qui ne veulent pas fâcher leur électorat, s'assurent que des expulsions spectaculaires aient lieu.

Une étude sur la situation des Roms en Italie, menée par P. Arrigoni, E. Claps et T. Vitale s'est avérée particulièrement intéressante puisqu'elle m'a permise de comparer le cas français avec le cas italien. Les auteurs écrivent que « [les pouvoirs locaux] utilisent un répertoire d'instruments de l'action publique très limité, réductible au binôme « camps nomades et bidonville ». Sur le plan politique, ils obtiennent le consensus sous une forme démagogique, gouvernant par la criminalisation des groupes tsiganes. »56 Premièrement, ceci nous montre que les autorités locales, en Italie et en France57, n'ont pas une gestion très différente de ces populations. Ce n'est donc pas le nombre de personnes visé qui définit « l'action publique » mais bien la conception spécifique qu'ont les autorités des populations ciblées et de leurs besoins. Les villages d'insertion de Seine Saint-Denis en sont un bon exemple. Un petit nombre de familles (restreintes) est choisi. Les futurs villageois doivent accepter de ne rencontrer les membres de leur famille et leurs amis, qu'en dehors du village. Pour s'en assurer et veiller à ce que les villages ne se transforment pas en campements, des vigiles surveillent les lieux. Des caravanes sont attribuées aux familles. Lorsque des intervenants extérieurs viennent leur dispenser des cours d'alphabétisation et des formations

55 Annexe 1 : extraits d'entretiens.

56 Arrigoni P., Claps E., Vitale T., « Regards croisés. Anti-tsiganisme et possibilité de « vivre ensemble », Rom et Gadje en Italie », Études Tsiganes, n°35, juillet 2009, p. 83.

57 En Italie, les Roms et les Sinti sont la minorité la plus importante. Ils représentent 0,25 % de la population, contre 0,6 % en France.

27

civiques, les familles sont réunies dans la salle polyvalente du village. Lorsqu'une famille a franchi une étape dans son parcours d'insertion, un bungalow lui est attribué. Lorsque tous les membres de la famille (restreinte) sont prêts à s'insérer dans la société française, ils peuvent quitter le village. Cette initiative nous montre bien des choses. Les pouvoirs publics ont une connaissance très limitée des communautés roms et de leurs organisations familiales. Les villages sont constitués de caravanes et de bungalows. Dès lors, la question est de savoir quelle est la différence entre un campement et un village. Seule la salle polyvalente et la présence d'un vigile nous permettent de différencier l'un de l'autre. Cette salle est un lieu important du village d'insertion, puisque c'est là que l'enseignement de la vie dans la société française, est prodigué aux familles. Cependant, il est également possible d'installer une salle de ce type dans les campements préexistants. Dès lors, on peut se demander si la présence d'un vigile est l'atout principal de ce projet. Malgré ses contradictions, le projet remporte certains suffrages, et représente l'intérêt d'être « un début ».

Selon « the European Union Agency for Fundamental Rights » (F.R.A), le manque de projets appropriés à ces communautés est généralisé en Europe. « The findings of the research show little evidence of any specific strategy or measures developed by public authorities in receiving countries to integrate Roma EU citizens from other Member States. »58

Enfin, en Roumanie, les pouvoirs publics et les autorités locales sont encore très largement corrompus et souvent inactifs. De plus, ils sont absents des programmes de réinsertion des Roms. La société civile semble n'avoir aucun contre-poids face à eux. Sur neuf personnes interrogées en Roumanie, dont huit Roumains, cinq personnes ont cité ce problème.

E. - « L'autorité locale, elle a le pouvoir. [...] Ici à Timisoara, à la préfecture il y a un bureau de parlementaires. Ils ne font rien. [...] »59

D. - «I was very surprised when I went to the local authorities and talked about the program, nobody knew anything about it. It was a program done by one side, to have effect on two sides.»60

Les pouvoirs publics français sont ici également mis en cause, puisqu'ils ne coopèrent pas, avec les autorités locales roumaines, dans le cadre des programmes de réinsertion économique.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille