Croissance démographique et développement en Afrique subsaharienne( Télécharger le fichier original )par Yannick ZAMBO ZAMBO Université Paris Dauphine - Master2 Assurance 2012 |
I.1.1- La stagnation du niveau de vieElle est évoquée par Thomas Malthus pour qui la population a une faculté d'accroissement extrêmement plus élevéeque celle des ressources devant servir aux besoins humains. Pour lui, « si une population n'est pas freinée, elle s'accroit selon une progression géométrique, alors que les subsistances augmentent selon une progression arithmétique »5(*). Cela condamnerait donc les Hommes à vivre en permanence du minimum, à ne jamais dépasser durablement « le seuil des subsistances ». En effet, pour cette théorie, même s'il y a une découverte importante de gisements des ressources ou un progrès dans un domaine, la hausse potentielle du bien-être qui pourrait en résulter est absorbée dans le temps par le « pouvoir multiplicateur de la population ». Les relations entre ressources et populations, vues sous cet angle, font que l'humanité ne peut durablement améliorer son sort, la conséquence étant la stagnation du niveau de vie. D'où la nécessité selon Malthus de freiner la croissance démographique en utilisant soit des moyens de prévention comme le recul de l'âge de départ en mariage, soit alors des politiques de limitation des naissances dans les familles surtout au sein des plus défavorisées. Poursuivant sur cette lancée, les néomalthusiens ont alerté l'humanité sur le risque d'une pénurie des ressources disponibles. I.1.2- Risque de pénurie des ressources disponiblesCe risque est mis en exergue par les néomalthusiens qui font leur apparition à la fin du XIXe siècle, prenant ainsi le contre-pied les thèses natalistes érigées en modèles à l'époque dans plusieurs pays comme la France, suite à des pertes en vies humaines lors des guerres antérieures (guerre franco -prussienne de 1870 par exemple). Des théoriciens anarchistes y voient alors un moyen pour les bourgeois industriels de se doter en capital humain pour prendre des revanches guerrières futures, et avoir de la main d'oeuvre pour différentes tâches. Ces théoriciens suggèrent comme solutions l'utilisation des moyens de contraception, le recours à l'avortement si nécessaire et, plus tard, la sensibilisation des femmes pour que celles-ci soient impliquées dans la prise de décisions sur le nombre d'enfants du couple. Ce courant de pensée est relancé au cours de la deuxième moitié du XXe siècle mais avec d'autres motivations : le risque d'insuffisance des ressources indispensables à la vie qui pourrait se réaliser à terme si rien est fait. Le « danger » est pris au sérieux par des écologistes tels Paul R. Ehrlich, qui appellent à un ajustement impératif entre les ressources et le niveau numérique de la population si on veut éviter des famines dans un avenir proche et aussi des catastrophes écologiques. Pour eux au vu de la tendance, l'on s'achemine vers une surpopulation par rapport aux disponibilités nutritionnelles existantes. Aussi, la terre ne pourra pas continuer à résister à la surexploitation d'éléments indispensables au maintien de l'équilibre de l'écosystème. Pour mieux étayer leurs argumentaires à ce sujet, une étude chiffrée est réalisée, plus connue sous le nom de rapports Meadows, du nom de deux de ses coauteurs. Elle se veut résolument rigoureuse, scientifique et se fonde sur l'interprétation des modèles de consommation, de production et surtout l'évaluation des réserves mondiales de ressources non renouvelables. La conclusion est sans appel : l'on s'achemine vers une pénurie des ressources indispensables. Les néomalthusiens se voient ainsi conforter dans leurs recommandations qui préconisent un ralentissement de l'accroissement de la population car il ne peut avoir « une croissance indéfinie dans un monde fini »6(*). Pour y arriver, ce courant propose de mettre sur pied des politiques de régulation démographique dont le respect des règles peut être volontaire ou forcé afin d'éviter des situations de famine, de tension entre les peuples et de dégradation écologique. La question des dysfonctionnements économiques que l'expansion démographique peut causer, a également été soulevée. * 5 (Malthus cité dans le livre Population et développement de Jacques Véron, page 14, édition Presse Universitaire de France, 1994) * 6 (Rapport Meadows cité dans le livre Population et développement de Jacques Véron, page 15, édition Presse Universitaire de France, 1994) |
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