Croissance démographique et développement en Afrique subsaharienne( Télécharger le fichier original )par Yannick ZAMBO ZAMBO Université Paris Dauphine - Master2 Assurance 2012 |
I.1.3- Croissance démographique et dysfonctionnement économiquePour les néomalthusiens, les dysfonctionnements qu'une croissance élevée de la population peut causer sur l'économie ont pour source la structure par âge. En effet, une population qui croit rapidement est généralement jeune, ce qui peut favoriser les dépenses de consommation au détriment de l'épargne. Ainsi, les investissements dans le secteur productif, souvent tributaires de l'épargne, se trouveraient donc globalement ralentis. Un cercle vicieux est ainsi autoentretenu car la raréfaction de l'épargne peut aboutir, ceterisparibus, à une sous-capitalisation conséquente du fait que les entreprises sont obligées d'utiliser le matelas de sécurité que représentent les capitaux propres pour financer leurs investissements. Au demeurant, dans un tel contexte, les Etats pour remplir leurs obligations régaliennes consacrent une part importante de leur budget aux investissements sociaux (construction d'école, d'hôpitaux, etc.). Cela est de nature à renvoyer au second plan les mesures incitatives qui peuvent être prises à l'avantage du secteur productif. En effet, lesdites mesures ont souvent des coûts immédiats pour des retombées escomptées à terme. Ce qui n'est pas toujours en adéquation avec les objectifs des gouvernants qui font souvent face à une pression démographique qui requiert des solutions d'urgence. I.1.4- La théorie de la population optimaleUne analyse minutieuse de la position des anti malthusiens permet constater que ceux-ci ne sont pas opposés à l'augmentation de la population de manière absolue, mais d'une manière relative. En effet, il est question d'encadrer l'accroissement de la population de manière à ce que celle-ci ne crée pas d'effet pervers. La théorie de la population optimalestipuleà ce sujet qu'il existe un seuil numérique qui devrait être l'objectif en matière de nombre d'habitants pour une zone géographique déterminée. En effet, ce seuil est tel que si le nombre d'habitants ne l'a pas encore atteint, la population est alors clairsemée. Elle peine à tirer tous les bénéfices lui permettant d'atteindre le niveau de vie optimal que lui offre potentiellement ses différents environnements. Il s'agit par exemple de l'environnement économique (la taille du marché peut entrainer des économies d'échelle, la division du travail, etc.) et naturelle (exploitation optimale des ressources naturelles). Si par contre ce seuil est dépassé, le surplus de population fait perdre les différents avantages sus-évoqués et les environnements sont menacés. Dans l'environnement naturel, les ressources sont surexploitées provoquantdes phénomènes tels que la déforestation, l'érosion des sols, etc. Quant au secteur économique, le phénomène des rendements d'échelle décroissant peut alors entrer en jeu comme dans le secteur agricole où la surexploitation provoquée par la pression démographique a pour conséquence la baisse des rendements des surfaces cultivables. Cela fera que les coûts de production augmentent si l'on veut avoir le même niveau des récoltes. Cependant, pour certains économistes comme Goran OHLIN, ce n'est pas le dépassement d'un seuil critique de la population qui ferait problème, mais plutôt les variations brusques des taux de croissance démographique7(*). En effet, le fait qu'il faille mettre les secteurs économique et social en adéquation avec ces variations dans des délais courts, peut être extrêmement couteux : mesures d'incitation à l'embauche, construction des écoles et des hôpitaux, etc. * 7 (Goran OHLIN, « Régulation démographique et développement économique », Paris 1967, page 58). |
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