SECTION 2 : LE ROLE DU SECTEUR PRIVE
Le secteur privé dans son acception courante
fait penser ipso facto à un pend d'activités économiques
exercé ou détenu en totalité ou en partie par des
opérateurs autres que l'Etat. Il est donc judicieux de préciser
le sens de la notion de secteur privé d'abord dans sa
compréhension la plus large possible (I), et ensuite, dans le cadre
spécifique du PFTT en zone CEMAC (II).
I -LA NOTION DE PARTICIPATION DU SECTEUR PRIVE
La notion de participation du secteur privé,
par opposition au secteur public, pose sur la table de discussion deux notions
distinctes dans le discours des acteurs de la coopération pour
développement économique. L'évolution de la notion de
participation du secteur privé s'est accrue considérablement au
plan mondial notamment avec l'avènement dans les années 1961 des
pays membres de l'Organisation de développement
économique63 (OCDE).
En effet, ces pays voient dans la participation du
peuple à la gestion des affaires publiques, une stratégie
essentielle en vue du développement (A). Aussi, en ce qui concerne le
PFTT, la participation du secteur privé s'inscrit bien dans cette vision
même si son degré d'implication reste faible (B).
63 En vertu de l'article 1er de
la convention signée le 14 décembre1960, à Paris et
entrée en vigueur le 30 septembre 1961, l'Organisation de
Coopération et de Développement Economique (OCDE) comprend les
pays suivants : l'Allemagne, l'Autriche, la Belgique, le Canada, le Danemark,
l'Espagne, la Suisse, les USA, la Grèce, l'Irlande, l'Islande, l'Italie,
la Norvège, les Pays-Bas, le Portugal, la Suède, la Turquie, le
Royaume-Uni.

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A- LA NOTION DE PARTICIPATION DU SECTEUR PRIVE POUR LES
PAYS
DE L'OCDE
Les pays membres de l'OCDE pensent que la
participation du secteur privé, en d'autres termes, la participation des
Organisations de la société civile (OSC)64 à
divers degrés à la gestion des affaires de l'Etat, est
essentielle pour plusieurs raisons. Et parmi les principales raisons, on note
que le développement participatif permet de renforcer la
société civile et l'économie en conférant aux
groupes d'individus, aux communautés et aux organisations la
faculté de négocier avec les institutions et les administrations
et ainsi peser
64« (...) la «Société
civile» est une expression qui est devenue de plus en plus à la
mode, ces dernières années. Notons que tous ceux qui en parlent
ne définissent pas le concept de la même manière. Ce qui,
justement, ne facilite pas l'utilisation ou la compréhension du concept
de «Société civile». (...)
De manière globale, la Société
civile peut se définir à travers deux façades: D'un
côté, la société civile est considérée
comme "un domaine au sein de la société, qui est apparu entre les
sphères étatique, économique et privée - ou encore:
entre Etat, marché et famille. Ce domaine est considéré
comme un espace public composé, de nos jours, par un grand nombre de
groupements plus ou moins indépendants de l'Etat, plus ou moins bien
organisés, dotés de différentes formes d'organisation
telles que les groupes d'initiative, les clubs ou les associations." Il est
important de comprendre que la Société civile dont on parle
toujours, ne forme aucunement un groupement homogène qui pourrait
être représenté par une seule voix. Par ailleurs, il ne
s'agit pas non plus d'une masse de citoyens isolés, qui
représenteraient leurs intérêts de manière
individuelle. Les personnes se regroupent plutôt librement suivant leurs
centres d`intérêt ou leur orientation personnelle et
professionnelle, au sein de clubs, d'associations et/ou de mouvements sociaux,
pour faire des échanges et agir ensemble en vue d'objectifs communs. La
condition pour qu'une société civile organisée existe, est
la garantie de libertés individuelles et collectives aux individus (le
droit de se réunir et le droit de s'associer, par exemple). C'est la
seule possibilité de représenter leurs intérêts.
L'espace social où cela se passe se nomme la société
civile, dont nous parlons justement. En règle générale,
les organisations de la société civile sont indépendantes,
aussi bien des sources étatiques que des organisations
économiques. Contrairement aux organisations économiques, elles
ne poursuivent aucun objectif visant un quelconque profit. Elles agissent
au-delà des sphères privées individuelle et familiale, et
cherchent à attirer l'attention de la société et
créer un impact social dans la vie publique.
Une telle société civile naît,
lorsque "les décisions sont confiées entre les mains de ceux qui
sont directement concernés«. Les objectifs qui y sont
articulés concernent toujours la «res publica » (chose
publique). Ainsi, les acteurs de la société civile sont toujours
impliqués dans la politique, sans pour autant viser des fonctions
étatiques : ils préfèrent garder une position
indépendante. De même, les groupes qui poursuivent des objectifs
exclusivement privés (familles, entreprises, etc.) n'appartiennent pas
à la société civile, tout comme les partis politiques, les
parlements ou les administrations étatiques. (Arenhövel,
2000)
De l'autre côté,
«société civile» signifie "le développement de
sociétés", autrement caractérisée par le terme de
démocratisation. Dans le même contexte, le concept de
«société de citoyens» est souvent utilisé dans
le même sens. Souvent, le terme de «Société civile
» sert d'appel politique exigeant 'plus de démocratie'.
Auteurs: Nina Cvetek & Friedel Daiber : «
Qu'est ce qu'une société civile ? », Antananarivo, octobre
2009.
sur l'action du gouvernement et de contrôler le
pouvoir de l'Etat. Ils entendent par participation du peuple, un processus qui
consiste pour les individus à jouer un rôle actif et
déterminant dans l'élaboration des décisions qui doivent
influer sur la vie.
L'avantage de s'intéresser à la notion
de la participation du secteur privé dans la gestion des affaires
publiques devient nécessaire lorsqu'on se situe dans l'analyse de
l'impact économique de la gouvernance multi-niveaux dans la sous
région. On se rend compte que finalement les Etats et les organisations
intergouvernementales ne constituent pas pour reprendre une expression
chère à De Senarclens Pierre et Ariffin Yohann « les seuls
promoteurs ou supports de l'ordre international » tant il est vrai que les
actions posées par la société civile de l'un ou l'autre
Etat peuvent impacter la vie économique voire politique dans l'autre
Etat voisin.
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