2.2.2 Les théories d'étude du rendement
scolaire
Diverses théories ont tenté d'expliquer les
inégalités de réussite scolaire entre les
élèves. Parmi celles-ci, nous pouvons en retenir trois dans le
cadre de notre étude : celle liée aux facteurs sociaux, celles
liées aux facteurs individuels et aux facteurs scolaires.
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2.2.2.1 Théorie liée aux facteurs
sociaux
Dans les années 1960, les inégalités de
réussite scolaire entre les élèves ont été
expliquées par l'influence des facteurs sociaux qui englobent l'ensemble
des variables liées à l'origine sociale de l'élève
à savoir : le niveau d'instruction ou la profession des parents, la
taille ou le revenu de la famille.
En effet, dès le début des années 1960,
les sociologues ont montré qu'il existe une corrélation
statistique forte entre les résultats scolaires et l'origine sociale.
Ainsi, pour rendre compte du lien entre
inégalité sociale et inégalité scolaire, ils ont
créé le concept de reproduction. D'après Crahay
(1996), lorsqu'on parle de la théorie de la reproduction, c'est
à Bourdieu et Passeron (1970) que l'on
fait avant tout référence.
Pour ces derniers, l'école évalue les
compétences des individus à l'aune de normes propres aux classes
dominantes. Par voie de conséquence, les enfants des autres classes
sociales se situent à une distance inégale de la culture scolaire
et réussissent moins bien que les enfants des classes «
privilégiées ». Ainsi, l'école reproduit la
hiérarchie des positions sociales. Selon eux, le facteur principal des
inégalités scolaires demeure la situation socio-professionnelle
des parents.
En ce qui concerne la profession des parents, une étude
a montré que le niveau d'étude des deux parents constitue un
critère plus fiable que celui d'un seul des deux : tout se passe comme
si les niveaux de formation des deux parents étaient en partie
substituables, l'essentiel quant à la réussite de l'enfant,
étant de disposer dans la famille d'un « stoek »
minimal d'instruction, (Duru-Bellat et Henriot-Van Zanten 1992
:32)
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On trouvera chez Baudelot et Establet
(1971), mais aussi chez Bowles et Gintis
(1976) des versions quelque peu différentes de ce mode
d'approche. Car quoiqu'il en soit de leurs différences, ces
théories ont en commun de présenter l'école comme un
opérateur transformant les différences sociales initiales en
différences sociales ultérieures.
Cette théorie met en avant la privation de stimulation
intellectuelle dont auraient à souffrir les enfants de familles
modestes.
Ces familles modestes manqueraient non seulement de moyens
financiers, mais aussi de ressources culturelles. Il est dès lors
logique d'observer chez la plupart des enfants de ces familles, des
déficiences d'ordre cognitif et linguistique. Ceci a pour
conséquence que ces enfants réussissent moins bien à
l'école.
C'est cet esprit qui prévalait dans les années
1960 et qui a conduit à l'émergence des pédagogies de
compensation qui soutiennent qu' « il faut apporter aux enfants ces
vitamines intellectuelles qui leur manquent dans leurs familles pour compenser
leurs carences » (Charlot et al cités par
Crahay 1996 : 14).
D'une part, ces inégalités s'expliquent en
termes de manques par rapport à la culture scolaire
considérée comme la culture de référence. D'autre
part, en termes d'écarts entre la culture de l'enfant et celle de la
classe sociale dominante. Ici, on affirme que les familles populaires ont une
culture propre, différente de la culture privilégiée par
les classes sociales dominantes mais aussi par l'école.
En ce qui concerne l'instruction des parents, des analyses
De Singly (1987) montrent qu'à niveau de ressources
culturelles global comparable, c'est dans les familles où la mère
est la plus instruite que
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les enfants réussissent le mieux ; cette influence plus
marquée du niveau de formation des mères n'est guère
surprenante quand on sait que le temps qu'elles consacrent aux enfants est au
moins cinq fois plus supérieur à celui consacré par les
pères, (Duru-Bellat et Henriot-Van Zanten 1992 : 32)
Bref, ils estiment que si les enfants des familles populaires
échouent à l'école plus souvent que les enfants des
classes moyennes, c'est parce que les uns et les autres se trouvent à
des distances inégales par rapport à la culture scolaire.
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