1. Protocole d'entrainement
Pour notre étude, nous avons à faire à un
groupe de handballeuses adultes, avec une expérience en
préparation physique relativement faible. Nous avons entamé cette
phase de préparation physique spécifique par de l'apprentissage
de la technique en pliométrie pour combler les carences individuelles
éventuelles puis nous nous sommes axés sur un travail où
les sollicitations musculaires augmentaient progressivement. Le but de cette
croissance progressive de l'intensité et du volume était de
préserver l'organisme des joueuses tout en les préparant à
un niveau d'exigence plus important. Cette première phase
d'apprentissage située avant le début de notre protocole a
duré quatre semaines afin que toutes les joueuses puissent avoir un
niveau technique relativement proche et éviter ainsi d'avoir un biais
méthodologique. Cette période s'est avérée utile
car nous pouvons remarquer qu'aucune différence significative n'est
présente sur l'ensemble des qualités physiques
évaluées entre les deux groupes du protocole.
La plupart des auteurs considèrent qu'une
période de développement spécifique d'une qualité
physique doit s'effectuer en 8 semaines environ pour laisser apparaitre de
réelles améliorations (Aagaard et al., 2002 ; Kanehisa et
Miyashita, 1983 ; Clafflin et al., 2011). Nous justifions de ce fait
l'utilisation d'un protocole d'une durée totale de 12 semaines, en
comptant ainsi les phases de tests et d'apprentissage technique.
21
2. Evaluation des qualités contractiles
Comme nous le montrent les résultats du tableau 2, une
différence significative (P < 0,05) est à noter pour le test
de détente verticale en SJ adapté, en CMJ adapté et en
répétitions de sprints entre les tests pré et post
entrainement. Cependant, aucune différence intergroupe significative
n'est visible pour le test de SJ adapté alors qu'il apparait une
différence intergroupe significative pour le test de détente en
CMJ adapté (P < 0,001) et pour le test de capacité à
répéter des sprints (P < 0,001). Nous pouvons déduire
que les deux types d'entrainement ont permis de développer l'ensemble
des qualités physiques concernées dans cette étude, hormis
la qualité de vitesse maximale sur 15 mètres (Vmax) mais que le
groupe expérimental (GE) a obtenu les meilleures améliorations.
Même si la qualité physique de vitesse maximale de course (Vmax)
ne s'est pas améliorée entre les tests pré et post
entrainement, nous pouvons noter qu'il existe une différence
significative intergroupe (P < 0,05) sur ce paramètre. Cometti (1988)
affirme qu'un entrainement en pliométrie permet d'améliorer la
raideur neuromusculaire. Nous pouvons confirmer ces résultats car notre
étude nous montre que le groupe expérimental a
amélioré ses performances en CMJ significativement plus que ses
performances en SJ. Nous rappelons que le SJ est un test de détente
verticale ne faisant pas apparaitre la qualité de raideur
neuromusculaire alors que le saut en CMJ est un saut de détente
verticale faisant intervenir la raideur. Nous observons donc que la
différence obtenue entre ces deux tests reflète en grande partie
la part de l'augmentation de la raideur. Kubo et al. (2007) observent
également que l'augmentation de la raideur neuromusculaire permet
d'améliorer significativement les performances de type explosives.
Ainsi, il apparait cohérent d'observer pour notre étude une
amélioration significative supérieure des performances en
détente verticale avec contre-mouvement (P < 0,001) et en sprint sur
15 mètres (P < 0,05) entre le groupe expérimental et le groupe
témoin. Selon certains auteurs, il semblerait également que la
raideur neuromusculaire permettrait d'améliorer la performance pour la
course à vitesse non-maximale (Spurrs et al., 2003). Ces
auteurs affirment que l'augmentation de la raideur permet à
l'athlète d'être plus efficient sur la phase de course et que
celui-ci diminue de ce fait sa dépense énergétique. En
étendant cette idée à notre protocole, nous avions fait
l'hypothèse que cette économie d'énergie par
l'augmentation de la raideur neuromusculaire serait bénéfique
à l'amélioration de la qualité de capacité à
répéter des sprints. Les résultats obtenus dans le tableau
2 nous laisse penser que notre hypothèse s'avère relativement
fondée car l'augmentation de la capacité à
répéter des
22
sprints est très largement supérieure pour le
groupe expérimental comparé au groupe témoin tout comme la
qualité de raideur neuromusculaire estimée grâce à
la différence obtenue entre le test de SJ et celui de CMJ. Millet et Le
Gallais (2007) décrivent la qualité de raideur neuromusculaire
comme une qualité permettant d'améliorer la transmission de force
et permettant de restituer d'avantage l'énergie emmagasinée lors
du cycle étirement-détente du muscle. Nous comprenons donc
l'importance de développer cette qualité musculaire pour
être permettre d'améliorer la vitesse de course (r = 0,74 dans
notre cas) ou encore la capacité à répéter des
sprints (r = 0,88 ici). Nous avons également pu voir que cette
qualité physique est directement dépendante de la vitesse
maximale de course sur une répétition (Balsom et al.,
1992). Nos résultats semblent confirmer ces propos.
Effectivement, nous observons que le groupe expérimental a
amélioré sa vitesse maximale de course sur 15 mètres de
manière beaucoup plus importante que le groupe témoin (P <
0,05) et que le groupe expérimental a amélioré d'autant
plus ses performances en capacité à répéter des
sprints (P < 0,001) comparé à ce même groupe. Nous
faisons donc un lien évident entre l'augmentation de la vitesse de
course en sprint et l'augmentation de la capacité à les
répéter comme les analyses de corrélation nous le montrent
(r = 0,59). Nous avons vu que la notion de fatigue était un facteur
déterminant de la performance en sprints répétés
(Balsom et al., 1992). Nous avons également vu
qu'une préparation physique basée sur de la pliométrie
permettait d'améliorer l'efficience énergétique des
athlètes par une augmentation de la raideur neuromusculaire. Nos
résultats sont une fois de plus en accord avec ces propos car nous
observons parallèlement une augmentation de la raideur et une
augmentation de la capacité à répéter des sprints
après une période d'entrainement de 8 semaines en
pliométrie. Billaut et Basset (2006) ont montré que plus la
période de récupération inter-sprints est courte, plus la
performance en sprints répétés diminue. Il estime cette
baisse de la performance par l'observation du pic de puissance à chaque
sprint. Il observe ainsi une diminution progressive de la puissance. Nous
cherchions cependant à montrer que le travail pliométrique
permettrait de diminuer cette chute de puissance à chaque sprint. En
observant les résultats de manière individuelle, nous avons pu
voir que la vitesse maximale à chaque sprint diminuait de manière
moins importante au test post entrainement qu'au test pré entrainement
(exemples en annexe 3). La vitesse de course sur 15 mètres étant
un bon indicateur de la puissance développée (Mero et
al., 1992), nous comprenons que la puissance à chaque
sprint des joueuses du groupe expérimental (GE) a été
améliorée, ce qui confirme l'hypothèse de Billaut et
Basset (2006).
23
|