2.Le système neuromusculaire
Selon la définition de Miller et coll. (1997),
l'explosivité dépend donc directement de la courbe force-temps
(voir Figure 2). Effectivement, le profil le plus explosif que l'on puisse
déterminer à partir d'une courbe force-temps, c'est lorsque le
niveau des forces internes est maximal et la durée de l'impulsion est
très courte (Miller, 2006). Il s'agit donc d'obtenir le plus
rapidement
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possible un niveau de force très élevé,
c'est-à-dire d'avoir une vitesse d'installation du pic de force la plus
grande possible (Miller et coll., 1997). Pour augmenter la vitesse
d'installation du pic de force, Duchateau (1997) nous explique qu'un
entrainement de type explosif et plus précisément de type
pliométrique à base de sauts et de bondissements variés
serait très efficace dans le but d'améliorer ses qualités
de force explosive. En revanche, l'accroissement en force maximale resterait
très limité. L'objectif d'un travail d'explosivité est de
pouvoir augmenter la vitesse de contraction du muscle, directement
corrélée à la force qu'il génère dans un
temps minimum. Afin d'augmenter la vitesse d'installation de la force maximale,
il est possible d'intervenir sur plusieurs facteurs. Aagaard et coll. (2002),
nous montre l'importance du développement du système nerveux dans
une production de force maximale ou explosive. En effet, l'electromyographie
effectuée sur plusieurs sujets qui se sont entrainés en force
durant six mois et dont la force musculaire était différente en
fin de cycle d'entrainement a permis de mettre en corrélation la
qualité des voies neurales efférentes et une production de force
maximale la plus grande possible. De plus, le système nerveux
possède une capacité d'inhibition de l'action des organes
tendineux de Golgi, ce qui va jouer un rôle déterminant dans la
coordination intramusculaire. Les organes tendineux de Golgi sont des
récepteurs situés aux jonctions entre le muscle et le tendon. De
par leur localisation, ils assurent un rôle majoritairement protecteur de
l'organisme face à des tensions trop élevées. Ils agissent
via un mécanisme réflexe qui, lors d'une contraction intense
entrainant des tensions maximales dans le muscle, va inhiber l'action des
motoneurones des muscles concernés dans l'effort. Cette inhibition est
appelée inhibition homonyme selon Duchateau (1997). Lors d'efforts
sous-maximaux, le réflexe provoqué par la tension du muscle
serait quasiment nul. De ce fait, un entrainement ayant pour objectif un
développement de la force maximale permettrait d'augmenter le seuil de
déclenchement du mécanisme réflexe. En effet, via
l'augmentation de la force maximale, le muscle devient capable de supporter des
tensions plus importantes. Dans la même logique, un autre facteur
limitant de la force explosive est la synergie entre les différents
muscles impliqués dans un mouvement. En effet, selon la position
articulaire et la vitesse pour laquelle est effectuée un mouvement, les
muscles mis en jeu seront dans la plupart des cas identiques mais seront
utiliser dans des proportions différentes. Ainsi, l'angle articulaire et
la vitesse jouent un rôle essentiel dans le contrôle du mouvement
ce qui induit de ce fait des sollicitations musculaires différentes
selon le rôle joué par le muscle (Duchateau, 1997). Nous pouvons
également nous intéresser au recrutement spatio-temporel des
unités motrices qui est déterminant dans l'acquisition d'une
force maximale explosive. Duchateau (1997) affirme l'existence d'adaptations
neuromusculaires en fonction de la vitesse d'exécution du mouvement. En
effet, il observe des différences significatives du niveau de force
développé entre une personne effectuant un mouvement lent
(180°/sec) et la même personne effectuant un mouvement plus rapide
(300°/sec). Ceci peut s'expliquer en grande partie par
l'amélioration du recrutement plus précoce et plus synchrone dans
le temps des unités motrices ainsi qu'à leur
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fréquence de décharge. Cometti (2009), nous
montre que l'utilisation d'une charge très lourde, supérieure
à 80% de la 1RM du sujet permet un recrutement optimal des unités
motrices. Le travail musculaire avec des charges lourdes,
procédés à charges maximales, favorisent un recrutement
optimal des unités motrices tant dans la quantité que dans la
qualité (Miller et coll., 1997). Par contre, Liu et coll. (2003)
observent qu'un entrainement de type « amélioration de la force
maximale », donc à faible vitesse d'exécution uniquement est
nuisible à l'amélioration de la force explosive. En effet, un
entrainement de ce genre favorise la transformation d'isoformes dits rapides
vers des isoformes dits moyens ou intermédiaires. Ces propos sont aussi
soutenus par Duchateau (1997). Liu et coll. (2003) analysent une diminution des
chaines lourdes de myosine (MHC) de type MHC IIb en même temps qu'une
augmentation des MHC IIa. Autrement dit, cela suggère que pour qu'un
muscle ne perde pas ses qualités de force explosive, la vitesse
d'exécution doit toujours être maximale, afin que les isoformes de
type MHC IIb ne se retrouvent pas transformer en isoformes de types MHC IIa,
perdant ainsi toute sa qualité d'explosivité. Par contre,
l'utilisation d'une charge faible mais à très haute vitesse
d'exécution permet d'abaisser le seuil de recrutement des unités
motrices rapides, qui doivent elles-mêmes être majoritaires lorsque
l'objectif est de développer une force explosive (Miller et coll.,
1997).
Principes fondamentaux pour améliorer les
capacités du système neuromusculaire
Pour diminuer le temps d'obtention du pic de force du muscle,
il est également nécessaire de respecter certaines conditions. Il
s'agit d'utiliser des méthodes qui permettent soit d'améliorer le
cycle étirement-raccourcissement du muscle (méthodes
pliométriques selon Cometti (2001)), soit « d'emmagasiner » de
l'énergie que l'on réutilisera par la suite (méthode des
contrastes de charges selon Cometti (2009)). Pour ces méthodes, la
récupération devra être complète, le nombre de
répétitions faible et le nombre de séries faible
également car ce sont toutes les deux des méthodes qui
sollicitent intensément les muscles (Miller, 1997). Cet auteur nous
montre également l'efficacité de la méthode
stato-dynamique dans un processus d'entrainement visant à
l'amélioration du temps d'obtention du pic de force.
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