B- La récurrence des gestes de xénophobie
Les gestes de xénophobie sont tout d'abord
exprimés par les discours violents à l'endroit des
immigrés ressortissants communautaires. En effet, dans certains pays,
les dirigeants tiennent des discours particulièrement xénophobes
invitant leurs compatriotes à adopter des comportements inhospitaliers
à l'égard des ressortissants des autres pays de la
Communauté.181
Il s'agit ensuite de l'instauration des contrôles
intensifs et irréguliers aux frontières internes qui n'ont pour
effet que de limiter au maximum les déplacements intracommunautaires des
ressortissants communautaires ; ainsi que la récurrence des expulsions
massives qu'on a enregistrées dans la sous région. En effet,
depuis quelques années, la zone CEMAC est devenue le lieu par excellence
où se passent les expulsions de tous genres en direction des
étrangers ressortissants communautaires. Au moment où la libre
circulation des travailleurs, leur droit d'établissement et leur droit
de séjour doivent être de principe aujourd'hui, certains pays de
la Communauté se sont illustrés comme des « mauvais
élèves » dans le processus d'intégration humaine
de la CEMAC.182 En effet, la guinée Equatoriale et le Gabon
sont les deux Etats qui ont orchestré sur leurs territoires des
rapatriements forcés, parfois dans des conditions en marge du respect
des droits de l'homme.
Le constat fait état de ce que les camerounais et
équato-guinéens résidant au Gabon, et les sujets
camerounais et gabonais résident en Guinée Equatoriale vivent
dans une insécurité, constamment en butte aux tracasseries de
toutes sortes.183 Du coup, les immigrés qui y vivent sont
sous la menace permanente d'être un jour livrés à
l'arbitraire de la police ou à la vindicte des populations abruties par
un chauvinisme de pacotille et qui guettent la moindre occasion pour purger
leur pays des hôtes à problème. Du coup, de nombreuses
expulsions massives ou individuelles qui ont été
enregistrées au cours des deux dernières décennies dans
ces deux pays se sont multipliées.
Il faut signaler cependant que dans cette entreprise, la
Guinée Equatoriale est passée maîtresse puisque la
décennie passée a été marquée, du point de
vue de l'intégration personnelle par des expulsions successives des
ressortissants des autres pays communautaires
181 CHOUALA (Y-A) : Op. cit., qui prend l'exemple du
président équato-guinéen qui, parlant des camerounais,
disait « chacun de vous, en désignant ses compatriotes, doit
disposer d'une machette, de bâtons et de barres de fer pour frapper les
voleurs à la tête et qu'ils disparaissent ». Source AFP
Afrique du 15 août 2000.
182 Si les expulsions massives ont été
enregistrées dans certains pays et pas dans d'autres, on peut
l'expliquer en partie par la densité des flux migratoires très
élevée dans certains pays et moins dans d'autres.
183 KOUFAN MENKENE (J) et TCHUDJING (C) : Op. cit., p.343.
de ce pays. Des vagues d'expulsion sont donc constamment
organisées par le pouvoir de Malabo qui renvoie à chaque fois des
milliers des Camerounais et gabonais dans leurs pays respectif. C'est dire si
la situation des étrangers d'origine communautaire en CEMAC est parfois
diamétralement opposée à la prescription du
législateur, ce qui se passe sur le terrain étant
différent de la volonté des textes. Il devient alors important
que des mesures aient été prises pour éviter des
déraillements des Etats membres. Il s'agit déjà là
des solutions.
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