5. L'approche multidimensionnelle de Cota et ses
collaborateurs : des dimensions premières et des dimensions
secondaires :
D'autres auteurs s'attachent à d'autres dimensions pour
saisir la cohésion. Estimant que le modèle de Carron et al.
(1985) demeure trop restreint pour rendre compte de la cohésion en
dehors du contexte sportif, Cota et al. (1995) avancent une nouvelle conception
de la cohésion, en proposant une approche multidimensionnelle du
construit qui distingue des dimensions « premières » et «
secondaires ». Les dimensions premières permettent de
caractériser la cohésion dans tous les groupes. Les dimensions
secondaires renvoient à des formes de cohésion qui ne sont
présentes que dans certains types de groupes et complètent les
dimensions premières. Les auteurs retiennent quatre dimensions
premières : la distinction groupe/individu, la distinction
sociale/opératoire, la vision normative des membres du groupe et la
résistance du groupe à l'éclatement. Comme possibles
dimensions secondaires, Cota et al. Proposent : la prise de risque, la
cohésion verticale, la valeur des rôles. Ces dimensions
secondaires peuvent être pertinentes pour rendre compte de la
cohésion dans des contextes spécifiques. Ainsi, la
cohésion verticale serait appropriée dans les équipes
sportives professionnelles, mais peu pertinente dans des équipes
sportives de niveau amateur.
6. L'approche multidimensionnelle de Dion (2000) :
Plus récemment, Dion (2000), pour qui la
cohésion caractérise et délimite la capacité du
groupe à influencer les comportements et les attitudes de ses membres
aussi bien que le maintien et le renforcement des standards du groupe, propose
de faire évoluer le modèle de Cota et al. (1995) en le
réduisant à trois dimensions principales. Dion (2000)
considère comme premières : les dimensions
sociale-opératoire et verticales, ainsi que le sentiment d'appartenance.
Si l'auteur rejoint Cota et al. Sur l'importance des dimensions sociale et
opératoire, il justifie la prise en compte de la cohésion
verticale comme dimension première, par l'existence d'un processus de
leadership dans une majorité de groupes. Dion (2000) partage l'opinion
de Bollen et Hoyle (1990) sur l'importance du sentiment d'appartenance dans la
cohésion. Cependant, il voit la résistance du groupe à
l'éclatement comme une conséquence de la cohésion et non
comme une dimension première.
7. La prédominance du modèle multidimensionnel
de Carron et al. (1985) :
Finalement, il semble que toutes ces propositions qui visaient
à clarifier le concept de cohésion permettent de dépasser
la remarque de Mudrack (1989), pour qui la recherche sur la cohésion est
« dominée par la confusion, l'inconsistance et une inexcusable
négligence au regard de la définition du construit ».
L'effort de conceptualisation existe. Cependant la diversité des
conceptions théoriques présentées ci-dessus, traduit les
difficultés actuelles rencontrées dans les travaux sur la
cohésion.
a. Limites conceptuelles des approches actuelles :
Si dans une perspective d'intégration, la proposition
de Cota et al. (1995) d'envisager des dimensions communes ou spécifiques
à des groupes constitue une avancée intéressante (Dion,
2000), la littérature ne suggère pas de consensus sur les
dimensions premières et secondaires. De plus, la conception de Cota et
ses collaborateurs décrit uniquement le contenu d'un construit, sans
préciser comment les dimensions sont liées et se
développent au cours de la vie du groupe. Enfin, les dimensions
avancées ne semblent pas toujours être au coeur de la
cohésion. Certaines paraissent être des variables fortement
corrélées au construit mais extérieures à celui-ci
(e.g, prise de risque).
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