3. La cohésion interpersonnelle et la cohésion
opératoire de Zaccaro et ses collaborateurs :
Indépendamment des travaux de Carron et ses
collègues, Zaccaro et ses collaborateurs (Zaccaro et Lowe, 1988 .,
Zaccaro et McCoy, 1988) ont également proposé une conception de
la cohésion basée sur la distinction cohésion
interpersonnelle - cohésion opératoire. Dans leurs études,
ils montrent que la distinction de ces deux formes de cohésion
s'avère pertinente pour prédire la performance groupale. Ainsi,
la cohésion opératoire est plus fortement liée à la
performance du groupe lors d'une tâche additive (performance
du groupe = somme des performances individuelles) que la cohésion
interpersonnelle (Zaccaro et Lowe, 1988). Mais lorsque la tâche requiert
des interactions entre les membres, les deux formes de cohésion sont
positivement liées à la performance groupale (Zaccaro et McCoy,
1988).
4. L'approche multidimensionnelle de Carron et al.
(1985) :
a. Définition :
(Festinger, Schachter, et Back, 1950., Hersey et Blanchard,
1969., Mikalachki, 1969., Carron et al. 1985) ont développé un
modèle de la cohésion qui incorpore une dimension sociale et une
dimension opératoire. Selon ces auteurs, la cohésion se
définit comme « un processus dynamique reflété par la
tendance du groupe à rester lié et à rester uni dans la
poursuite de ses objectifs instrumentaux et/ou pour la satisfaction des besoins
affectifs des membres » (Carron, Brawley, et Widmeyer,1998). Ils proposent
la mesurer par la double distinction groupe/individu et
social/opératoire (Carron et al, 1985.).
b. Deux dimensions et deux orientations :
Carron et ses collègues (Carron et al, 1985)
définissent ainsi deux dimensions. La première nommée
intégration du groupe (« Group Intégration » : GI) se
définit comme « la perception individuelle de la proximité,
de la similarité des liens à l'intérieur du groupe et la
perception du degré d'unité du champ d'action du groupe ».
Cette dimension renvoie à la force d'intégration que peut
représenter la cohésion. L'intégration doit ici être
comprise au sens physiologique du terme, c'est-à-dire, comme la
coordination des activités de plusieurs organes en vue d'un
fonctionnement harmonieux. Dit autrement, cette dimension correspond aux
perceptions que l'individu peut avoir du bénéfice qu'il peut
tirer du bon fonctionnement du groupe, s'il s'associe à ce dernier. La
deuxième dimension nommée attraction individuelle vers le groupe
(« Individual Attraction To the Group » : ATG) se définit
comme « l'ensemble des sentiments individuels des sujets à
l'égard du groupe, le désir d'être accepté et les
sentiments à l'égard des autres membres du groupe ». Cette
dimension traduit la force d'attraction que peut représenter la
cohésion. Selon Carron et Brawley (2000), elle reflète les
motivations individuelles à rester dans le groupe aussi bien que les
sentiments personnels à propos du groupe. Chacune de ces dimensions
peut s'exprimer selon deux orientations, l'une sociale, « orientation ou
motivation globale tournée vers le développement et le maintien
du groupe » (Widmeyer, Brawley, et Carron, 1985,), l'autre
opératoire, « orientation ou motivation globale tournée vers
la réalisation des buts et des objectifs du groupe » (Widmeyer et
al, 1985).
INTEGRATION DU ATTRAIT
INDIVIDUELS RRRGROUPE
ENVERS LE GROUPE
SOCIAL TACHE
SOCIAL TACHE
Figure 2: Modèle conceptuel de la
cohésion du groupe d'après Carron, Widmeyer et Brawley (1985).
c. Quatre facteurs :
la cohésion est mesurée par quatre facteurs
(Figure 3): (a) l'intégration opératoire du groupe (« Group
Intégration-Task » : GI-T) qui renvoie aux sentiments individuels
d'un équipier relatifs à la similitude, à la
proximité et aux relations à l'intérieur de
l'équipe (celle-ci étant comprise comme une totalité
orientée vers la tâche) ; (b) l'intégration sociale du
groupe (« Group Intégration-Social » : GI-S) qui
désigne les mêmes sentiments individuels d'un membre de
l'équipe, mais pour le collectif perçu comme une unité
sociale ; (c) les attractions individuelles opératoires pour le groupe
(« Individual Attractions To the Group-Task » : ATG-T) qui
spécifient les sentiments individuels d'un équipier à
propos de sa participation personnelle à la tâche, à la
productivité, aux buts et aux objectifs du groupe ; et (d) les
attractions individuelles sociales pour le groupe (« Individual
Attractions To the Group-Social.
COHESION
Figure 3 : Les dimensions
attraction/intégration et sociale/opératoire de la
cohésion (Carron, Hausenblas, et Estabrooks, 2003).
d. Un concept dynamique :
Enfin, Carron et Brawley (2000) affirment que la
cohésion n'est pas un trait caractéristique d'un groupe. Ils
indiquent qu'elle peut, et qu'elle doit changer au cours du temps, en nature et
amplitude durant les processus de formation, développement, maintien et
dissolution du groupe. Cependant, ils ajoutent que la cohésion n'est pas
un état transitoire spécifique d'une situation. Autrement dit,
elle n'est pas un phénomène « volatile », au contraire
les changements se font vraisemblablement, progressivement au cours du temps.
|