3.4.4.2 L'importance des études
énergétiques dans le montage financier
Le montage financier de la stratégie
énergétique dépend nécessairement des études
(diagnostics et prescriptions) réalisées par la maîtrise
d'oeuvre du projet. Plus l'évaluation de la consommation
énergétique est élevée, plus les travaux seront
couteux et donc plus le plan de financement sera difficile à mettre en
place. En revanche, plus l'évaluation de la consommation
énergétique est élevée, plus les dispositifs
financiers du type du Tiers investissement ou des CPE sont avantageux. Les
partenaires financiers sont en effet rémunérés sur une
base correspondant aux économies d'énergie. Dans cette même
dynamique, certains partenaires financiers ne subventionnent que les projets
dans un état de dégradation très avancée, à
l'image de l'ANAH, partenaire incontournable dans le cas d'une
réhabilitation. Dans ce cas, il est aussi avantageux d'estimer de
grandes consommations énergétiques dans le bâtiment
existant.
On comprend alors l'enjeu de la détermination des
consommations énergétiques des bâtiments. Il est donc
surprenant de constater que les trois études menées en quatre ans
(diagnostic social et urbain en 2007, étude
pré-opérationnelle d'OPAH en 2009, éléments
donnés par les acteurs à propos de l'étude
préopérationnelle d'OPATB de 2010) présentent des
disparités importantes en terme de consommations
énergétiques :
1. Le diagnostic considère que les habitants consomment
environ 250 kWh/m2/an (en énergie finale). La méthode
d'évaluation des consommations est inconnue.
2. L'étude pré-opérationnelle d'OPAH
réalisée par Alter Développement estime à 220
kWh/m2/an (en énergie finale) les consommations
énergétiques du quartier. Le calcul est fondé sur la
moyenne des relevées de consommation de l'ASL des années
2004-2005-2006.
3. AMOES, en charge des modélisations thermiques dans
le cadre de l'étude pré-opérationnelle d'OPATB,
considère que les consommations énergétiques du quartier
sont de l'ordre de 180 kWh/m2/an (en énergie finale). Ce
calcul se fonde sur les consommations énergétiques des logements
de l'unité 5 - considérée comme représentative du
quartier en termes de typologie de bâtiment et de population y habitant -
qui sont ensuite extrapolées à l'échelle du quartier.
4. L'ASL du quartier tient un registre des consommations. Si
on considère les deux sous-stations, on trouve alors qu'en 2008 la
consommation du quartier était de 174 kWh/m2/an (en
énergie finale) et en 2009 de 210 kWh/m2/an (en
énergie finale).
Les différences d'estimation de la consommation
énergétique peuvent être expliquées par les
différentes sources de documentation sur lesquelles les études se
basent : le type de document (relevés de consommations manuels ou
électroniques), son échelle d'application (quartier,
sous-station, unité de logement, logement) et la période pendant
laquelle les mesures sont relevées sont importantes à
considérer. En effet, les moyennes réalisées pendant trois
années froides conduisent à une consommation
énergétique forcément supérieure à une
année standard. C'est d'ailleurs ce qui peut expliquer le
différentiel dans les relevés de l'ASL (cas n°4).
De plus, des travaux d'amélioration du réseau
secondaire (isolation et optimisation des chaufferies) ont été
effectués en 2008 au Ponceau. Le rendement de distribution
supérieur peut ainsi conduire à une diminution de la consommation
d'énergie finale des habitants.
Enfin, les ateliers de sensibilisation et de formation des
habitants sur les pratiques du développement durable et sur les
comportements à adopter (voir section 3.3.2.1) pourraient avoir
porté leurs fruits. Des compteurs individuels (eau froide, eau chaude,
répartiteurs de chauffage) ont ainsi été installés
dans l'unité 10 entre 2007 et 2008. Les résultats montrent une
économie moyenne entre 2007 et 2008 de 35% d'eau froide (passant de 100
à 65 L/jour/occupant), de 17% d'eau chaude sanitaire (passant de 43
à 36 L/jour/occupant) et prouvent les disparités entre les foyers
pour les consommations de chauffage (selon les logements, entre 1 et 33
unités de chauffage par occupant). Sachant que le comportement humain
(ouverture des fenêtres, etc.) est un des facteurs essentiels de
déperdition thermique, il est donc possible que les ateliers de
sensibilisation des habitants aient pu avoir une incidence sur l'estimation des
consommations énergétiques du quartier.
On constate donc que si les différents résultats
peuvent trouver des explications, on touche les limites de la
modélisation sur laquelle se fonde pourtant tout le programme
énergétique.
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