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Chants de recueils et culte Protestant aujourd'hui à  Kinshasa. Effort pour la revalorisation des chants traditionnels

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par Maurice Mondengo Iyoka B
Université protestante au Congo - Diplome d'études approfondies en théologie 2008
  

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2.2.2 Chants de recueils et les moments liturgiques du culte

L'expérience chrétienne commune de ceux qui s'occupent de la liturgie nous renseigne que le culte comprend six voire sept grandes parties importantes et toujours dépendantes les unes des autres. En général, ces parties sont : l'ouverture, la confession des péchés et l'assurance du pardon, la proclamation de la Parole, le temps des prières, temps des offrandes et la clôture du culte. Si la Sainte-Cène est prévue, alors celle-ci a lieu après les offrandes. Elle serait alors la septième grande partie du culte. Or chaque partie du culte a sa liturgie spéciale qui porte son nom et qui se verse dans la liturgie générale du culte. De cette manière, on pouvait parler d'une liturgie de l'ouverture, une liturgie de la confession et de l'assurance du pardon, une liturgie de la Parole, une liturgie des prières, une liturgie des offrandes, et celle de clôture. Ainsi, on aura des sous-liturgies dans la liturgie du culte. Cette préhension nous sera certainement d'une grande utilité dans les études ultérieures où il va falloir considérer en profondeur les liens que les chants de recueils auraient avec les moments liturgiques d'un culte classique. Les moments retenus ici sont : le prélude, l'accueil, l'invocation, la Loi de Dieu, la Confession de foi, la prédication, les offrandes, l'intercession, bénédiction, le postlude.458(*)

Dans l'organisation du culte dans ses différents moments, les psaumes jouent un rôle important aux côtés de chants de recueils. C'est ainsi qu'il va falloir parler en quelques mots des psaumes bibliques qu'on utilise dans le culte chrétien. Bien qu'ils soient la mémoire du peuple juif, ils nous pénètrent et nous font participer à la célébration cultuelle d'un grand Dieu dont nous nous réclamons tous. L'âme du peuple juif devient notre âme par les psaumes, sa ferveur notre ferveur, ses espérances nos espérances, ses craintes nos craintes.460(*)

Il convient de considérer le fait que les psaumes sont présents dans nos célébrations cultuelles protestantes depuis la Réforme. Ce sont eux, en principe, qui déterminent le sens de la particularité du culte et facilitent le travail que fait l'officiant dans son déroulement. Les auteurs qui partagent cet avis peuvent être très nombreux. Mais pour cette étude, nous citerons l'un d'eux : John D. Witvliet. Mettons en valeur dans ce point ses récentes études sur l'utilisation des psaumes bibliques dans le culte chrétien.461(*) En effet, dans son ouvrage The Biblical Psalms in Christian Worship qui est, à notre avis, une invitation solennelle à la redécouverte de valeurs enfouies, Witvliet convie les acteurs de la liturgie du culte chrétien à plus d'utilisation des psaumes. Cet auteur trouve en des psaumes, l'un des partenaires permanents de la liturgie du culte. C'est ainsi que l'effort de lire, de chanter, de prier, d'étudier et de partager les psaumes (délibérément) est conseillé dans son ouvrage. Ce faisant, la manière de prier des chrétiens se réveillera de la somnolence et on assistera à la fois aux retrouvailles de l'identité protestante avec sa liturgie dans le culte.

Certes, les psaumes forment un caractère à notre manière de prière. Ils nous enseignent ce que c'est qu'une prière (remplie) de foi. Witvliet soutient que l'utilisation adéquate et répétée des psaumes conduit aussi facilement que possible à une connaissance profonde de la foi biblique dont ont besoin les pasteurs et les leaders de l'adoration du culte et les chrétiens. C'est pour dire autrement qu'un culte chrétien sans psaumes bibliques n'est pas concevable. Le Seigneur Jésus-Christ lui-même ne priait-il pas en s'appuyant sur les Psaumes ? Sur ce, le Nouveau Testament peut illustrer beaucoup de traces du Christ évoquant les Psaumes dans ses dévotions. Fort de cette affirmation, Witvliet, qui croit lui-même en la richesse des Psaumes pour un culte, s'appuie sur la position de Thomas Merton sur cette question. En effet, Merton, on s'en souviendra, est l'un des grands apologètes des psaumes que l'Église de notre temps ait connus. Indiquons que la pensée de cet auteur demeure encore interpellatrice de toute conscience liturgique quand il écrit: «Nowhere can we be more certain that we are praying with the Holy Spirit than when we pray the Psalms.» 462(*) (Nous ne pouvons partout être certains que nous prions avec le Saint-Esprit que quand nous prions avec les psaumes).

Cette conception mertonienne de choses ne date pas de l'époque de ses contemporains. Car, comme on peut le remarquer à la suite de Witvliet, depuis les temps très éloignés, à partir des enfants d'Israël, passant par les contemporains du Seigneur Jésus-Christ, les Apôtres, les Pères de l'Église, les Réformateurs pour ne citer que ceux-là, de nombreux commentateurs et historiens de l'Église sont unanimes pour affirmer que prier avec les psaumes était toujours la meilleure des voies pour prier en Esprit.463(*) Néanmoins, l'expérience quotidienne montre que l'Église, par ses acteurs de la liturgie, n'a toujours pas été une bonne gardienne de ce trésor dans la pratique de la prière liturgique.464(*) L'Église chrétienne devrait-elle vraiment aujourd'hui dans ses célébrations cultuelles le long des jours, des semaines, des mois et des années occulter l'exigence d'une réflexion profonde que lui impose l'utilisation des psaumes ?465(*)

Mais, il convient aussi de relever que l'utilisation adéquate des psaumes bibliques dans le culte semble soulever souvent un autre problème qui, à notre avis, résiderait dans le choix du psaume qui convient. C'est pourquoi « Quel psaume qui convient pour quel culte ? » serait certainement la question non-négligeable pour les acteurs de la liturgie (par rapport au culte collectif comme au culte privé) qui voudraient s'en servir d'une part, et pour le chrétien qui voudrait l'utiliser individuellement d'autre part. Car, parmi les 150 psaumes bibliques que compte la Bible, tous n'ont pas la même fonction dans la prière. Il est des psaumes qui s'adressent à nous individuellement tandis que d'autres s'adressent à nous mais collectivement. Witvliet avertit qu'autant dans le culte, nous parlons à Dieu à travers les prières incluant, bien entendu, les chants et nos offrandes, autant dans le culte aussi, Dieu nous parle à travers la lecture et la prédication bibliques qui incluent la lecture des Saintes-Écritures. Celles-ci jouent le rôle d'appel à la célébration cultuelle, de paroles d'assurance et de bénédictions [...]. Mais Dieu qui nous parle, nous ne parle-t-il pas aussi par les chants ? Ainsi, dans le culte deux choses se passent : Dieu nous parle ; et nous parlons à Dieu.466(*)

Il est un fait qu'il faille épingler en passant dans le questionnement de Witvliet. Si Dieu peut nous parler dans un culte public ou individuel, il sait toujours comment le faire avec nous pour passer son message. Mais le problème, c'est quand nous voulons parler à Dieu par les psaumes. Comment allons-nous parler à Dieu par les psaumes, si nous ne savons pas dénicher son image et son caractère qui, souvent, sont enfouis dans les métaphores bibliques? C'est ici qu'il y a un effort à faire. Il faut apprendre comment identifier ou mieux comment ressortir de la métaphore467(*), le sens du nom que le psaume donne à Dieu. C'est aux fins de mieux l'utiliser dans la prière pour tel ou tel moment de la vie, de l'épreuve ou du culte. Dès lors, on comprend pourquoi les Réformateurs ont insisté pour un recours manifeste aux psaumes dans la liturgie du culte public et pendant les cultes individuels et familiers. Les psaumes, comme l'affirme Ratzinger, sont le recueil de cantiques de la Bible.468(*) On le remarque dans le travail de l'élaboration de la composition des chants et des recueils protestants.

Revenons aux éléments du culte et examinons chacun d'eux par rapport aux chants de recueils.

2.2.2.1 Les chants de recueils et le prélude

Le prélude est un moment important dans le déroulement d'un culte. C'est pendant ce temps que les fidèles, hommes, femmes, jeunes et vieux entrent et prennent place dans la maison du Seigneur. Ils sont venus l'adorer et l'écouter. Si le terme « prélude » a beaucoup plus une connotation musicale, en ce sens qu'il est la suite de notes qu'on chante ou qu'on joue pour se mettre dans le ton ou pour introduire une autre pièce, ou encore dans son sens figuré pour indiquer ce qui précède, annonce, nous pensons voir clairement son sens proche de la liturgie dans le verbe qu'il forge. En effet, préluder dans son sens comme se produire dans l'attente d'autre chose, constituer les préliminaires de quelque chose469(*), est celui que nous retenons pour le culte.

Le prélude met les orants dans de bonnes dispositions de l'attente de l'appel à l'adoration cultuelle. Il précède l'ouverture du culte. Pendant ce moment d'avant le culte, les acteurs de la liturgie ne sont pas encore là, ou mieux n'ont pas encore prononcé la parole qui annonce l'ouverture du culte : accueil. L'accueil qui se prononce par la salutation apostolique vient juste après le prélude. Les auteurs de The Worship Sourcebook pensent que c'est du prélude que découlent tous les autres moments du culte.470(*) C'est pourquoi le prélude devra être le moment où l'on chante, on lit les passages bibliques et on prie. C'est lui qui annonce la couleur de la particularité du culte organisé, car chaque culte, comme chaque jour, est unique. Le prélude prépare le peuple en prière à écouter et à répondre dans la foi à l'amour de Dieu qui fait venir de quatre coins des l'horizon les hommes et les femmes, les jeunes et les vieux pour les réunir dans sa maison de prière.

On a affaire ici aux chants de recueils protestants. Nous cherchons ses liens possibles avec ce premier moment du culte qu'est le prélude. Est-ce que ces chants, aujourd'hui, ne peuvent pas jouer un rôle utile pendant le moment d'avant le culte ? Les acteurs de la liturgie savent que les Psaumes sont les textes bibliques les mieux indiqués pour le temps de recueillement qu'offre le prélude. C'est ainsi que les conducteurs des chants d'ensemble du culte, et ceux qui particulièrement s'occupent des chants au niveau des chorales, peuvent trouver dans les recueils de chants protestants disponibles à Kinshasa, les psaumes mis en musique par les hommes du protestantisme, en l'occurrence de Louis Bourgeois, Clément Marot, Théodore de Bèze et les autres pour le rassemblement cultuel. A titre indicatif, on peut proposer les titres de vieux chants comme ceux de : Il faut Grand Dieu que de mon coeur la sainte ardeur Te glorifie (Ps 138, A.F 4) ; Peuples, venez et qu'on entende (Ps 66, A.F 2) ; Rendez à Dieu l'honneur suprême (Ps 118, A.F 3) ; Bénissons Dieu mon âme (Ps 103, A.F 6) ; La terre au Seigneur appartient (Ps 24, A.F 8) ; Comme un cerf altéré (Ps 42, A.F 12) ; Dieu fort et grand (Ps 139, A.F 14) ; O mon Dieu, mon Sauveur (Ps 3, A.F.15), A toi mon Dieu mon coeur monte (Ps 25, A.F 17) ; Au fort de ma détresse (Ps 130, A. F 19) ; Grand Dieu nous te bénissons (A.F 34, C.V 1) ; Voici le jour que le Seigneur a fait (Ps 103471(*))....

Comme on peut le remarquer, l'hymnographie de ces quelques Psaumes choisis est, au moment de prélude, chantée ou lue, celle des merveilleux textes qui préparent les coeurs à recevoir l'appel que fera l'officiant du culte dans les instants qui vont suivre aux fins d'ouvrir l'adoration.472(*) Le prélude est aussi un moment de réflexion profonde et personnelle où l'orant, à la suite du psalmiste, cherche à rencontrer Dieu dans sa maison. Souvent, les prières qui se font pendant ce moment sont profondément individuelles ou focalisées dans un chant qui est entonné. Mais quid du moment de l'accueil ou moment de l'ouverture du culte ?

* 458 Une remarque toujours nouvelle de M. THURIAN rappelle les acteurs de la liturgie sur le déroulement d'un rassemblement cultuel. En effet, « tous les éléments d'un culte forment un tout » 459 nous indique cette remarque. C'est ainsi qu'à la suite de Nsumbu, nous pouvons renchérir que ces éléments liturgiques sont toujours placés dans la liturgie suivant un certain ordre qui établit, aisément, l'enchaînement des faits et actes.

* 460 Dans nos précédentes études, Auboyer cite Chouraqui qui le dit si bien dans un de ses commentaires sur les psaumes, quand il écrit: « Lentement l'âme du psalmiste devient notre âme, son combat notre combat, sa douleur notre douleur, son agonie notre agonie, celle de tous les hommes qui, dans les siècles des siècles donnèrent leur vie en cette vive flamme. Lentement notre âme se pénètre et se nourrit de l'âme éternelle du chantre d'Israël, l'éclat qui le bouleverse, nous transperce, la lumière qu'il requiert nous éblouit, elle transfigure nos ténèbres en ineffable joie. Une voix nous habite et nous ravit: elle nous arrache à nos limites, nous fait traverser les murs de nos prisons, nous marie aux splendeurs soudain plus proches de nous que nous mêmes : un visage nous éclaire, une présence nous féconde, et sur la voie de la vraie connaissance un chant nous porte tout au bout de la nuit, dans ta lumière, Jérusalem. ». Lire J. AUBOYER et all, Histoire générale des religions, Paris, Librairie Aristide Quillet, 1960.

* 461 J.D. WITVLIET., The Biblical Psalms in Christian Worship. A Brief Introduction & Guide to Resources, Grand Rapids, Eerdmans, 2007.

* 462 J.D. WITVLIET., op. cit, p. 14.

* 463 Ibid.

* 464 Ibid.

* 465Il est vrai que dans quelques-unes de nos études déjà citées, nous évoquions cette question de l'utilisation des psaumes dans la vie des chrétiens. Nous faisons allusion à notre réflexion sur « Le chant et la joie. Question de préséance jacobine », et surtout notre « Pour une hymnologie protestante congolaise efficiente. Lecture de l'hymnographie de Noé DIAWAKU, Mémoire de Licence, Faculté de Théologie, UPC, 2000. www.musicologie.org/publirem/mondengo_ theologie_efficiente_fin.html - 32 k. C'est à l'exemple du Christ qui chantait, priait, répétait et lisait les psaumes bibliques que nous encouragions cette pratique. Chouraqui ne trouvait-il pas en psaumes le miroir de la vie sur terre quand il écrit : « 150 miroirs de nos révoltes et de nos fidélités, de nos agonies et de nos résurrections? »

* 466 J.D. WITVLIET., op. cit., 17.

* 467 Nous n'allons pas, dans cette étude, approfondir la réflexion sur les liens entre psaumes et la métaphore comme le fait J.D WITVLIET dans cet ouvrage cité, pp. 17-22. On sait que les questions sur les psaumes et la métaphore voire la théologie de métaphore ont intéressé et intéressent encore nombre des théologiens à nos jours. WITVLIET nous propose les études de W. BRUEGGMANN, « The Psalms as Prayer », in The Psalms and the Life of Faith; W.P BROWN, Seeing the Psalms: A Theology of Metaphor (Louisville: Westminster John Knox Press, 2002); L. RYKEN, «Metaphor in the Psalms», in Christianity and Literature 31( 1982): 9-30; B. P. GREEN, O.P., Like a tree Planted: An Exploration of Psalms and Parables Through Metaphor (Collegeville, MN: Liturgical Press, 1997). Dans ce rang, il faut aussi compter les travaux de: M. SEARLE, «Liturgy as Metaphor» in « Language and Metaphor», a theme issue of Liturgy: Journal of the Liturgical Conference 4, no. 4(1985); G. RAMSHAW, Christ in Sacred Speech (Philadelphia: Fortress Press, 1986), and Liturgical Language: Keeping It Metaphoric, Making Inclusive (Collegeville, MN: Clarendon Press, 1965); J. Soskice, Metaphor and Religious Language (Oxford: Clarendon Press, 1965) et WITVLIET, lui-même dans son «Metaphor in Liturgical Studies: Lessons from Philosophical and Theological Theories of Language, «Liturgy Digest» 4, no. 1 (1997): 7-45.

* 468 J. RATZINGER, op. cit.

* 469 Le Petit ROBERT LAROUSSE, op. cit., p. 1976, Col 2.

* 470 Cf. The Worship Sourcebook, op. cit., p. 45.

* 471Ce chant est d'origine anglo-saxon. Son titre connu en Anglais est « This is the day that the Lord has made », de Fiji Island Melody, in Junior Praise, (JP). 255 London, Music Edition, 1986.

* 472Entendons par là le sens anglo-saxon du culte qu'on célèbre en l'honneur de l'Eternel et non le sens d'un élément du culte comme cela se conçoit aujourd'hui dans les rassemblements cultuels à Kinshasa.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius