Chants de recueils et culte Protestant aujourd'hui à Kinshasa. Effort pour la revalorisation des chants traditionnels( Télécharger le fichier original )par Maurice Mondengo Iyoka B Université protestante au Congo - Diplome d'études approfondies en théologie 2008 |
2.2.1.3 Traits caractéristiques du culte protestant
L'essence du protestantisme, on le sait, se fonde sur ce que Paul Tillich appelle le « principe protestant ». Ce principe constitue le fondement même du mouvement de la Réforme. Les grandes affirmations exclusives de la Réforme y sont énoncées. Selon ces affirmations, tout procède de la grâce de Dieu (Soli Deo gracia), tout pour sa seule gloire (Sola Deo gloria) et celle de son fils (Solus Christus), tout selon la seule autorité des Saintes Ecritures (Sola scriptura), et enfin le salut uniquement par la seule foi (Sola fide) ?289(*) Nous y reviendrons. On comprend dès lors qu'à la Réforme, ce principe s'opposait énergiquement à toute prétention humaine ou institutionnelle de tendance à s'ériger en médiateur dans la foi, mieux se lève contre tout projet qui chercherait à attribuer à tout être humain même une infime portion, soit-elle, de la gloire qui doit revenir uniquement à Dieu et à Christ. Aussi, s'érige-t-elle en un mur contre l'autorité de la Tradition, des institutions, des décisions humaines de chefs ecclésiastiques ; elle se lève contre toute théologie de nature à faire considérer que les oeuvres humaines contribueraient à l'obtention du salut que Dieu nous donne en Jésus Christ, etc.290(*) C'est pour affirmer que la grâce de Dieu est la seule source de ce que l'homme est, de ce qu'il espère, de ce qu'il possède, bref de la totalité de son existence. Et la gloire qui doit impérativement revenir à Dieu, son créateur et à Christ son sauveur est la mesure mais aussi la finalité de toute entreprise, y compris celle du culte. A la lumière de ce principe fondamental protestant, les lignes qui suivent tenteront d'analyser mieux de dégager les traits caractéristiques du culte protestant. Nous ferons en examinant les éléments ci-après : son but, son élément central, la question de la gloire qui doit revenir à Dieu seul. Dans cette démarche, notre intention n'est pas de reproduire toute la doctrine protestante sur le culte - car elle peut aussi être plurielle- mais plutôt essayer d'offrir au lecteur une idée essentielle pouvant conduire à une autocritique face aux certains abus ou déviations qui se constateraient dans le domaine cultuel. 2.2.1.4 Le culte protestant et son butEn 1945, Freddy Dürrleman avait écrit un ouvrage sur l'Initiation protestante, où il parlait aussi de la compréhension du culte pour les protestants. Selon lui, le culte que tout chrétien protestant célèbre peut se retrouver dans une de ces catégories, à savoir : culte personnel ou individuel, de ce fait, il peut être privé. C'est la première catégorie. Le culte familial pour les membres de la famille comme au temps des enfants d'Israël et même au temps des premiers chrétiens. C'est la deuxième catégorie. Enfin, le culte public qui est souvent un culte dominical ou celui des autres jours de fêtes et du rendez-vous291(*). Le temple, cadre où se passe le culte public dominical, est un lieu sacré dédié à Dieu seul, lieu de l'emplacement du trône et de la gloire de Dieu, lieu où il vient à la rencontre de son peuple (Ez 43, 1-7). Il faut dire qu'en principe tout culte protestant n'a autre but que cette rencontre avec Dieu, la satisfaction de la soif d'être devant lui, de l'adorer et l'adorer lui seul comme le réclamait Roland de Pury à la suite de Shema Israël .292(*) Le culte est ainsi le lieu et le moment propice de l'édification du chrétien qu'il doit rendre tel qu'il doit être, par le contact avec la source même de la vie véritable, c'est-à-dire avec Dieu et Jésus-Christ293(*). Comme pouvait le dire Martin Luther, le but qu'on assigne aussi au culte est celui de mettre également le chrétien en contact avec la Parole de Dieu et l'édifier par le partage de l'amour avec les frères et soeurs dans la foi. Et il est important de noter que « le culte n'est pas une oeuvre humaine accomplie dans le but de se réconcilier avec Dieu, mais un service que Dieu rend aux hommes : il se propose et se donne à ceux qui veulent le recevoir »294(*). En d'autres termes, le culte, dans l'entendement du Protestantisme, ne doit être ni l'occasion « de se concilier les faveurs de Dieu », ni le moyen de « l'apaiser » et « l'apprivoiser » en vue de « disposer sa transcendance et l'approcher sans risque ».295(*) En réalité, le culte a lieu, non pas parce que les hommes et les femmes se sont décidés les premiers de venir à la rencontre de Dieu, mais plutôt parce que Dieu, dans sa grâce insondable, les a appelés le premier. Les hommes et les femmes ne font que répondre à cette invitation. C'est alors que le moment cultuel devient à juste titre « une manifestation et une proclamation communautaire, louant le caractère absolu de la grâce »296(*). Loin d'être « une oeuvre obligatoire et salutaire », Gagnebin peut renchérir que le culte est « un acte libre de reconnaissance », de remerciement et de louange pour la grâce dont Dieu nous fait bénéficiaires297(*). Le temps du culte protestant est donc celui d'un renoncement total de l'être humain qui n'a vraiment rien de se prévaloir devant Dieu.298(*) Gagnebin l'indique clairement quand par rapport au but assigné au culte protestant il évoque les notions de « tout culte protestant » et celle de « tout le culte protestant ». Pour lui, toutes ces deux notions n'ont d'autres buts que celui de remercier Dieu et de le louer pour sa grâce en prenant acte d'un total renoncement à tout homme de se prévaloir de quoi que ce soit devant Dieu. Ainsi, l'expression « Tout le culte protestant » fait allusion à chaque rencontre de prière des protestants, tandis que celle de « tout le culte protestant » vise tout le déroulement de culte protestant dans son contenu que sont généralement la prière, l'adoration au moyen des chants, hymnes, psaumes et cantiques, la lecture et la méditation de la Bible. C'est pour cela Dürrleman peut encore dire que tous ces éléments évoqués sont autant d'éléments qui concourent à la réalisation de ce but.299(*) * 289 H. BOST et J. BAUBÉROT, (dossier de l'Encyclopédie du Protestantisme N° 9), Genève, Labor et Fides, 2000, p. 24. * 290 Ibid * 291 F. DURRLEMAN, Initiation protestante, Lausanne, édition de l'Eglise Nationale Vaudoise, 1945, p. 148-149. * 292 R. DE PURY, Qu'est-ce que le Protestantisme ? Préface de Pierre Bourguet, Paris, « Les Bergers et les Mages », 1961, pp. 94-95. * 293 F. DURRLEMAN, op. cit., pp. 94-95. * 294 M. LUTHER cité par H. BOST et J. BAUBÉROT, op. cit., pp. 20-21. * 295 L. GAGNEBIN, op.cit., p. 38. * 296 Ibid. * 297 Ibid. * 298 Ibid. * 299 F. DURRLEMAN, op. cit., pp. 148-149. |
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