Chants de recueils et culte Protestant aujourd'hui à Kinshasa. Effort pour la revalorisation des chants traditionnels( Télécharger le fichier original )par Maurice Mondengo Iyoka B Université protestante au Congo - Diplome d'études approfondies en théologie 2008 |
2.2.1.2 Quiddité du culte protestant
On sait que la question de la quiddité du protestantisme dans son essence est la plus grande interrogation à laquelle se soumettait Laurent Gagnebin280(*) en 1997. Il abordait cette question après d'autres questionnements aussi très importants par rapport à l'être et l'ethos de l'esprit protestant qui devrait se comprendre, par les protestants eux-mêmes, en vue d'accepter une autre logique. C'est de celle qui insiste sur la différence considérable entre la divinité telle que nous nous la représentons par nous-même et Dieu tel qu'il se révèle à nous en Jésus et à travers le témoignage biblique. Car Dieu est à la fois attendu et inattendu. Ainsi, notre savoir sur Dieu est purement et simplement un savoir qui ne sait pas. C'est le premier temps. Aussi les questionnements par rapport au culte protestant qui devrait aussi se comprendre, se préparer et se faire avec un esprit de responsabilité partagée. C'est le deuxième temps. Retenons arbitrairement deux de ses études: Le protestantisme : ce qu'il est, ce qu'il n'est pas et Le culte à choeur ouvert. Introduction à la liturgie du culte réformé. Dans cette partie de notre étude, nous allons nous servir des éléments essentiels de l'être protestant rassemblés dans son ouvrage Le Protestantisme, un exposé pour comprendre, un essai pour réfléchir qu'il met à notre disposition. Deux chapitres clés constituent l'essentiel de cet ouvrage. Le premier définit l'essence du protestantisme et la logique propre à sa pensée. Le second présente la manière d'être du protestantisme.281(*) Pour Laurent Gagnebin, comme il le dit lui-même, parmi les quatre principales confessions qui forment le christianisme, en l'occurrence le catholicisme, l'orthodoxie, le protestantisme et l'anglicanisme, le protestantisme a un rôle à jouer, une place et des caractéristiques spécifiques. Bien qu'il se soit constitué depuis le XVIe siècle dans une opposition au catholicisme, le protestantisme aujourd'hui, devrait, en principe, dans le cadre d'un débat largement ouvert, parler mieux oeuvrer pour la complémentarité avec le catholicisme pourquoi pas avec toutes les confessions du christianisme. Ce faisant, pense-t-il, le principe du « à Dieu seul la gloire » aura marqué tout le protestantisme au lieu de continuer à dépeindre toutes les réalités historiques282(*). Nous comprendrons que, pour Gagnebin, le protestantisme au singulier, face et aux côtés des trois autres principales confessions qui forment le christianisme, ne semble pas cesser de glisser vers le radicalisme de positions théoriques et pratiques. C'est ce qui fait qu'en face de lui (le protestantisme, au singulier), nous retrouvons des protestantismes dans leurs nombreuses facettes et formes, tant historiques qu'institutionnelles à défendre ou à se défendre au lieu de toujours continuer à chercher à plonger dans les eaux profondes de la compréhension de l'esprit et de manière d'être du protestantisme. Il fait plutôt preuve d'un esprit d'ouverture à la neutralité qui concilie282(*). Les éléments essentiels et capables de nous aider à décrire le contenu de ce qu'on peut appeler « culte protestant », à partir des écrits de Laurent Gagnebin, nous les puiserons dans son premier chapitre qui traite de l'essence du protestantisme, spécialement son troisième sous- titre qui porte sur l'Église. Ce sous-titre explore les thèmes suivants : Église (du protestantisme) comme événement et institution, Église dans le culte (protestant), Église visible et invisible, Église vers une autocritique283(*). Pour le premier thème, l'auteur rapproche l'être de l'Église à un événement qui précède l'institution Église. C'est la Parole de Dieu, de l'Évangile qui seul soit l'événement capable de faire exister l'Église institution. Il le dit mieux en ces termes : L'Église est avant tout un appel que Dieu adresse aux hommes et qui les rassemble, un événement de sa seule grâce. De même que la foi est un mouvement de Dieu vers nous avant d'être celui de l'homme vers Dieu. L'Église est bien une convocation de Dieu adressée aux hommes avant d'être une institution humaine et une communauté. L'Église n'existe pas en dehors de cette relation ainsi comprise284(*). Le culte, comme célébration religieuse correspondant à un besoin humain de se concilier les faveurs de Dieu par des paroles et de rites, devrait se comprendre comme l'initiative de Dieu lui-même qui est le premier acteur du culte, il en est le maitre et le Seigneur. C'est lui qui lance l'appel par sa Parole, et la prière humaine en est une réponse. Ainsi, tout culte protestant et tout le culte protestant, insiste l'auteur, n'a d'autre but que de remercier Dieu et le louer pour sa grâce en prenant acte d'un total renoncement à nous prévaloir de quoi que ce soit devant lui285(*). C'est le deuxième thème exploré par l'auteur. Nous y reviendrons. L'Église et les églises, affirme l'auteur, ont par leurs cultes, leurs communautés, leurs institutions, leur histoire, un caractère visible. Toutefois, cette visibilité ne peut se manifester que par la voie de la mise en pratique d'un amour du prochain qui réponde à l'événement du Dieu d'amour manifesté en Jésus. Parce qu'elles sont visibles, elles ont une grandeur multiple, humaine, relative et faillible286(*). Pour l'auteur, seul Dieu sonde les coeurs et connaît la véritable Église. Car l'Église, dans sa réalité profonde, nous échappe et ne dépend pas de nous, puisqu'elle est un événement de Dieu287(*). C'est le troisième thème exploré. Le dernier thème traite de l'ouverture toujours exigeant vers une autocritique permanente dans l'agir quotidien du protestantisme. L'idée qui se dégage ici, si l'on comprend bien l'auteur, c'est la quête permanente du dégonflement du complexe de supériorité qui anime, parfois trop, l'âme du protestantisme. Car, comme le fait remarquer l'auteur, le protestantisme est facilement enclin à critiquer les autres confessions chrétiennes en oubliant ainsi lui-même de pratiquer une perpétuelle et exigeante autocritique et en se rappelant les chemins difficiles d'une Église toujours à réformer288(*). Après ce tour d'horizon sur l'essentiel du troisième point de l'Église dans le premier chapitre de l'ouvrage de Laurent Gagnebin qui porte sur l'essence du protestantisme, revenons au culte protestant pour tenter d'en dégager le contenu. Indiquons que le dégagement du contenu du culte protestant que nous nous proposons d'entreprendre prendra en compte l'apport de Jean Baubérot et de Hubert Bost par rapport à leur ouvrage commun sur le protestantisme. * 280 L. GAGNEBIN, Le Protestantisme, un exposé pour comprendre, un essai pour réfléchir, Evreux, Dominos Flammarion, 1997, p. 9. * 281 Ibid. * 282 L'auteur examine la quiddité de l'Eglise dans l'essence du protestantisme entre les pages 36- 49. * 283 Lire L. GAGNEBIN., op. cit., p. 36. * 284 Ibid., p. 38. * 285 Ibid., pp. 41-44. * 286 Lire L. GAGNEBIN., op. cit., pp. 41-44. * 287 Ibid., p. 45. * 288 Mais il faut indiquer que la neutralité conciliatrice de l'auteur ne se maintient plus quand il lui arrive, dans son deuxième chapitre, de parler de la manière d'être du protestantisme et cela particulièrement par rapport au catholicisme. Il met en évidence des caractéristiques, des marques typiquement protestantes qu'il fait siennes sans verser dans la subjectivité. |
|