Si on l'entend comme la prise en charge de par un organisme
externe d'activités, alors l'externalisation a été
pratiquée de tout temps et en tous lieux. A titre d'illustration, les
rois de l'ancienne France déjà externalisaient la collecte des
impôts auprès des fermiers généraux (RENARD,
2003).
Quoique le raisonnement se soit fait à
l'échelle macroéconomique, la pratique commence à
être clairement définie dans les réflexions classiques sur
le dilemme « faire » ou « faire- faire ». En effet, en 1776
déjà, SMITH prescrivait que chaque économie (pays) se
spécialise dans la production du bien pour lequel il disposait d'un
avantage absolu, car disait-il, « un père de famille n'a
pas intérêt à produire lui-même ce qu'il peut acheter
». Et RICARDO de compléter la pensée en recommandant qu'a
défaut d'un avantage absolu, l'économie devait se
spécialiser dans la fabrication de produits pour lesquels elle
était les plus avantagés ou les moins désavantagés
(avantage comparatif). A une échelle micro- économique,
l'unité d'analyse devenait « l'unité de production ».
Et l'idée des économistes revenait à demander à ces
dernières de se recentrer sur ce qu'elles faisaient le plus
rationnellement et d'externaliser ce qui relevait de l'avantage absolu ou
comparatif d'un autre agent économique.
Toutefois, cette approche microéconomique
n'apparût explicitement dans la littérature et les propos que deux
(02) siècles plus tard, lorsque les entreprises se sont mirent à
procéder à des arbitrages entre intégration verticale et
intégration par la hiérarchie.
L'externalisation en tant qu'opération
réglementée n'a été observée qu'à
partir du XXème siècle. La diligence fut fortement
entreprise dans la gestion municipale aux États- unis dans les
années 1960. (BLANCHARD, 2006). L'on a tendance à attribuer
l'anglicisme outsourcing à ce dernier fait. Mais RENARD (2003)
précise que lorsqu'on passe de l'anglais au français,
c'est-à-dire, de
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l'outsourcing à l'externalisation, le mot
français implique le transfert de personnel, modalité qui n'est
pas nécessairement incluse dans le vocable original.
Suivant une observation de commission bancaire française
(2004, cité par BOUEDEAUX,
2008) le secteur bancaire (européen) apparaît
assez prématuré dans la pratique. En effet, elle note trois (03)
principales vagues d'évolution du phénomène dans ce
secteur dont la première date des années 1970. A cette
époque, l'outsourcing concerne déjà les
activités administratives de support. Puis, dans les années 80 et
90, le phénomène s'est poursuivi dans le domaine des
systèmes d'information, notamment lié au développement des
technologies informatiques. Plus récemment, enfin, la tendance a
été et est à l'externalisation d'activités plus
stratégiques (coeur de métier).
Notons également que, lorsque les scientifiques ont
commencé à traiter du thème, certains auteurs
français ont privilégié le concept d'«
extériorisation » pour mieux traduire le terme anglosaxon
outsourcing (FIMBEL, 2002), tandis que les canadiens le confondait au
concept d'impartition. (AUBERT, 1997). Ce n'est que dans la décennie
2000, face à un taux de pratique toujours plus croissant que l'on a
trouvé la nécessité de nommer et définir
explicitement cette manière de faire si remarquable, dont
témoignaient des dirigeants lors de rencontres managériales
(MEDEF34 2002, Tables rondes, AIMS35 2003, 2005...).