Section 3 : Relations Entreprise - Banques.
Tout au long de cette section, notre objectif est double. Dans
un premier temps il sera de préciser l'impact de la qualité des
relations actuelles entre l'entreprise et ses deux banques que sont la
SGBC38 et le Crédit Agricole sur la gestion de
trésorerie et par ce biais sur la trésorerie elle-même et
ensuite de proposer des solutions pour l'amélioration du rendement pour
la société des relations Entreprise - Banques.
Pour ce faire, nous allons dans un premier paragraphe, parler
des éléments caractérisant ces relations, à savoir
les conditions de banque en insistant sur celles qui ont un effet significatif
sur la gestion de trésorerie de l'entreprise. Ensuite, nous ferons une
analyse de ces conditions pour ressortir les déviations avec les
conditions standards proposées par la banque à leur
clientèle entreprise au début de la relation, ce qui nous
permettra de mettre en exergue les conditions particulières de la
société. Après avoir ressorti ces déviations, nous
essayerons de faire le lien entre le poids de l'entreprise et la nature de ces
conditions particulières de façon à pouvoir dire si les
conditions de banque actuelles tiennent vraiment compte de la qualité de
l'entreprise. Nous parlerons aussi de la façon dont sont actuellement
gérées les opérations avec les banques afin de pouvoir y
porter un jugement qui nous servira de base pour nos recommandations.
Dans un second, en s'appuyant sur le diagnostic
effectué au cours du paragraphe précédent, nous devrons
d'une part définir des priorités pour la renégociation des
conditions de banque qui ne nous semblent adaptées ni au poids actuel ni
au potentiel de développement de l'entreprise et d'autre part proposer
à l'entreprise un processus de gestion de trésorerie capable
d'assurer l'optimisation de ses ressources avec en prime la proposition du
nouvelle méthode de financement qui aura l'avantage d'être
originale et surtout beaucoup moins onéreuse.
38 Société Générale de
Banques au Cameroun
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I. Les éléments caractéristiques des
relations actuelles avec les banques.
Dans ce paragraphe, nous nous attèlerons
premièrement à ressortir les conditions dont
bénéficie l'entreprise dans le cadre de ces principales
opérations avec ces deux banques. Dans ce cadre, nous serons donc
amenés à parler des taux d'intérêt sur principaux
types d'opérations et des commissions facturées (fixes et
variables). Ensuite nous nous intéresserons à la façon
dont les opérations avec les banques sont gérées par
l'entreprise. Il s'agira ainsi de la gestion des
chèques, de l'équilibrage des comptes, de la gestion des moyens
de financement à court et moyen termes, de l'utilisation des lignes de
crédit et découverts négociés afin
d'apprécier la pertinence de leur niveau actuel.
Avant tout, il convient de préciser les types
d'opérations effectuées par l'entreprise. Nous avons à
titre principal, les découverts, les opérations avec effets de
commerce et chèques, les emprunts à moyen terme. Au second plan,
nous avons quelques rares placements, les services offerts par les banques tels
que les relevés, historiques de comptes, virements.
S'agissant des Découverts, l'entreprise dispose de
quatre comptes dans deux banques, à savoir deux comptes dans chacune des
banques SGBC et Crédit Agricole Cameroun. Dans chacune des banques
l'entreprise dispose d'un compte Encaissements et d'un compte
Décaissements. Sur chacun des comptes Encaissements elle dispose d'un
découvert autorisé de 200.000.000 à la SGBC et 200.000.000
au Crédit Agricole Cameroun. Ces découverts lui sont offerts aux
conditions standards du marché, soit 12% annuel.
En plus, chaque mois lui est facturée une commission dite
de plus fort découvert également aux conditions de marché
soit 0.25% du plus fort découvert du mois.
Au niveau des découverts, les conditions de l'entreprise
sont donc alignées sur celles du marché.
Parlant des lignes de crédit, l'entreprise n'en dispose
pas, n'ayant entamé aucune négociation dans ce sens avec ses
banques.
Au niveau des opérations de financement à moyen
terme le taux généralement accordé est 10%, ce qui semble
conforme aux conditions de marché et au potentiel de l'entreprise.
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S'agissant des placements, l'entreprise se retrouvant en
permanence en déficit de liquidités, elle ne place donc que
très peu sinon presque pas et ne prélève sur ceux-ci que
des intérêts au taux minimal offert par le marché.
Pour le reste des intérêts et commissions
facturées, ils sont définis selon la grille de produits
entreprises standards des différentes banques.
De tout ce qui ressort, l'entreprise ne
bénéficie pas de conditions particulières dans le cadre de
ces opérations avec la banque, ce qui ne semble pas en conformité
avec le potentiel que représente l'entreprise (3.200.000.000 de ventes
en moyenne par an) qui lui accorde le statut de grande entreprise.
Compte tenu de cela, elle dispose donc d'un poids qui lui
permettra s'il est utilisé efficacement de procéder à la
renégociation de certaines conditions ; la définition des
priorités dans celle-ci sera donc une partie importante de nos
recommandations.
S'agissant de la gestion des relations avec les banques, au
niveau de la Gestion des chèques et effets de commerce, l'entreprise
quelque soit la date de réception des chèques procède
à la remise en banque dans la même journée ou le jour
d'après à condition qu'il soit ouvrable. Tout devrait continuer
dans le même sens en s'assurant que le jour de remise est suivi d'un jour
ouvrable ; en d'autres termes jamais le vendredi ou samedi
puisque la date de valeur sera lundi.
De la même façon aucun retrait ne doit être
effectué le lundi puisque la date de valeur pour les retraits est J- 1
jour ouvrable.
Pour ce qui est de L'équilibrage des comptes, il n'est
jamais effectué par l'entreprise. Parfois l'entreprise est
excédentaire dans une banque tout en étant déficitaire
dans l'autre. Les comptes courants de l'entreprise n'étant pas
rémunérés, elle se retrouve donc avec des sommes non
rémunérées dans un compte et des découverts
facturés au prix fort dans d'autres, ce qui caractérise une
gestion de trésorerie loin d'être optimale.
Parlant des moyens de financement, l'entreprise dispose de
découverts autorisés et de possibilités d'emprunt. Chaque
fois qu'elle a des difficultés de trésorerie l'entreprise
procède d'abord à l'utilisation complète des
découverts avant de procéder à une demande d'emprunt, ce
qui nous semble tout à fait logique ; les seules choses sur
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lesquelles il faudra revenir ce sont les taux qui à
notre avis peuvent être renégociés sans que la banque ne
perçoive l'entreprise comme un client non rentable et ne désire
plus la compter dans son portefeuille, de plus qu'il faudrait négocier
auprès des banques des lignes de crédits auxquelles l'entreprise
aura recours après l'épuisement de ses découverts et avant
de solliciter des prêts.
De ce paragraphe, il ressort donc que l'entreprise ne
gère pas sa trésorerie de façon optimale. Ayant donc ainsi
procédé au diagnostic de la situation, nous disposons donc
déjà des armes nécessaires pour apporter une contribution
significative à l'amélioration de la trésorerie de
l'entreprise à travers les relations avec les banques.
II. Amélioration des conditions de
banque.
Dans ce paragraphe nous insisterons sur la définition
des priorités pour la renégociation des conditions de banques et
sur le processus de gestion des opérations avec les banques ; mais aussi
et surtout nous garderons à coeur de présenter une formule de
financement palliative et moins onéreuse pour l'entreprise. Dans un
premier temps nous insisterons sur les conditions offertes sur les principales
opérations de l'entreprise.
Au niveau des découverts, le taux offert par la SGBC et
le Crédit Agricole est de 12%. Ce que nous proposons ici est que compte
tenu de la taille de l'entreprise et du niveau des déficits souvent
rencontrés, l'entreprise a tout intérêt à demander
une révision de taux puisqu'elle utilise constamment ceux- ci. De plus
au niveau de la Commission Sur Plus Fort Découvert, le
découvert de l'entreprise sur chaque compte étant presque
toujours égal au montant maximum autorisé elle devrait aussi
demander que ce taux soit ramené d'abord à 0.20% ce qui ne
représente certes pas un gain important en taux mais si on raisonne en
rythme semestriel le gain serait de 0.05% (400.000.000 *6) = 1.200.000, ce qui
n'est négligeable ni en termes d'amélioration du résultat
ni en termes de gain de trésorerie.
S'agissant de la Ligne de crédit, l'entreprise devrait
entamer des négociations avec ses banques afin d'obtenir des lignes de
crédits dont les montants maximum devront être en accordance avec
les besoins de l'entreprise et à des taux
préférentiels.
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Au niveau des placements, le niveau de liquidité de
l'entreprise n'est pas assez important. Pour ne pas disperser les efforts et
risquer ainsi l'obtention de meilleures conditions là où elle en
a le plus besoin il serait donc opportun de ne pas procéder à des
négociations à ce niveau, du moins dans l'état actuel des
choses.
Au niveau des commissions, elles varient difficilement, leur
renégociation ne peut donc pas intervenir à ce moment. Plus
généralement, dans cette opération, il faudra autant que
possible mettre en concurrence les banques tout en admettant la
possibilité d'agrandissement du nombre de banques.
S'agissant de la gestion des comptes, l'Equilibrage doit
être adopté comme Règle. Ne jamais laisser un compte
déficitaire tant qu'un autre est excédentaire. A la fin de la
journée le trésorier se doit d'effectuer des virements entre
comptes pour minimiser les intérêts et frais.
Pour la gestion des moyens de financement, l'entreprise se
doit d'établir un tableau qui compare pour chacune des opérations
les conditions offertes par les différentes banques. L'avantage est que
pour chaque opération, l'entreprise ne traitera qu'avec le partenaire
qui lui offrira les meilleures conditions.
Le tableau ayant été fait, la logique de
financement devra être la suivante.
Chaque fois qu'elle sera en déficit épuiser les
découverts par ordre croissant de taux c'est-à-dire n'utiliser le
découvert le plus cher qu'après que tous les autres aient
été consommés dans le cas où ils n'auraient pas le
même coût.
Ensuite, procéder à l'utilisation de la ligne de
crédit négociée et éventuellement des
différents emprunts disponibles sur la base de deux critères
fondamentaux ici, à savoir la disponibilité et le prix.
A propos de ce que nous avons qualifié de solution
innovante et originale, il s'agit d'un mode de financement baptisé
le système de solidarité financière
intergroupe. Ce système consiste en la création d'un
fonds de solidarité alimenté par des filiales d'un même
groupe pour se soutenir mutuellement. Dans le cas d'espèces, Air Liquide
est le groupe leader mondial dans la production et la commercialisation des gaz
industriels et médicaux et est présent sur tous les continents
par le biais de ses filiales regroupées pour l'occasion en
régions. Nous pouvons circonscrire notre opération sur
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la Région Afrique de l'Ouest et Centrale (RAOC) car les
filiales regroupées dans cette région ont une
réalité économique beaucoup plus homogène et sont
sous l'administration directe du même top management. La Région
est composée de 12 filiales : Bénin, Burkina Faso, Cameroun,
Congo, Côte-d'Ivoire, Gabon, Ghana, Madagascar, Mali, Nigeria,
Sénégal et Togo39. Concrètement il s'agira ici
pour les entreprises réalisant des excédents de trésorerie
d'alimenter le fonds de solidarité afin que celles en difficultés
puissent bénéficier du financement consolidé. L'avantage
qu'offre cette formule est celui du coût du financement qui peut
être nul ou presque nul selon le choix des hauts décideurs. Il se
posera le problème de l'évaluation financière des filiales
pris individuellement car les sommes allouées au fonds devraient
rapporter beaucoup plus à la filiale en bonne santé
financière dans un circuit de placement normal. Mais notons que les
excédents de trésorerie seront affectés au fonds de
solidarité par quotas et non dans leur intégralité pour
chacune des filiales concernées et de plus une compensation
s'opère au niveau des résultats consolidés de la
région car les gains auxquels la région aura à renoncer
à l'occasion du non placement des excédents
réalisés par certaines filiales seront compensés par la
non réalisation de pertes due à un financement moins
onéreux des activités des filiales en difficulté tel un
système de vases communicants. Il appartiendra à la région
de définir un nouveau système de notation des filiales qui
tiendra compte de l'appui financier apporté par certaines filiales du
groupe à d'autres dans le cadre du système de solidarité
financière intergroupe. De plus cette mesure pourrait être mise en
application de façon temporaire pour permettre aux filiales connaissant
des difficultés de trésorerie de revenir à un
équilibre financier plus convaincant.
En définitive, nous avons dans ce chapitre
proposé des actions et procédures qui à notre avis
contribueront de façon notable à l'amélioration de la
gestion du risque clients et de la trésorerie de l'entreprise.
De cette étude, nous avons donc compris qu'avec un peu
plus de précision et d'observation de l'environnement et une stricte
application des règles élémentaires en
39www.cm.airliquide.com
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matière de gestion du crédit clients, l'entreprise
pourrait améliorer sa trésorerie et donc ses performances
financières.
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