Quel rôle pour la médiathèque dans le rapport de l'enfant à la lecture( Télécharger le fichier original )par Oriane Ledig IUT2 Nancy Charlemagne - DUT métiers du livre et du patrimoine option bibliothèque 2010 |
2) Du coté des bibliothèques avant 1960 : de l'armoire - livre à l'engouement pour le modèle de l'Heure Joyeuse2.1. L'armoire-livre comme règle, l'Heure joyeuse comme exceptionPar comparaison avec les pays anglo-saxons, la question des bibliothèques pour enfants n'est apparue que très tardivement en France (on lira à ce propos Les bibliothèque pour enfants entre 1945 et 1975, d'Hélène Weis, paru aux éditions du Cercle de la libraire en 2005). Tout s'est passé comme si, avant les années 1960, les bibliothèques scolaires, alors réduites à leur état « embryonnaire » d'armoire-livre, avaient suffi au développement de la lecture. Quant aux bibliothèques pour enfants au sens strict du terme, même s'il est difficile d'en établir une chronologie rigoureuse tant leur histoire se confond avec celle de la lecture publique, les premières remontent à la période de l'entre-deux-guerres. Le fait le plus marquant est très certainement la création en 1924 de l'Heure Joyeuse, sur l'initiative des comités américains pour la reconstruction. Cet établissement se veut d'abord une vitrine pacifiste accueillant les enfants, ces derniers symbolisant en ces temps d'après-guerre la paix face aux dérives idéologiques des adultes. Toutefois, cet établissement reste précurseur, voire révolutionnaire, par son architecture - mobilier moderne, « à hauteur d'enfant », décorations, couleurs - comme par ses services - diverses animations y sont proposées telle que l'Heure du conte, des spectacles, des expositions... 2. 2. Des lignes qui bougent, mais un système figé dans une conception archaïqueJusqu'en 1945, on compte moins de vingt bibliothèques uniquement destinées aux enfants. En 1954, elles seront déjà 42 et à la fin des années 1960 on en comptera 704(*). Finalement, l'évolution vers de véritables bibliothèques pour enfants sera lente et parcellaire, Paris et les bibliothèques de quartier faisant figure d'avant-gardes. Il faudra attendre que s'opère une distinction nette entre l'enfant et l'adulte (alors que la tendance donnait plutôt à penser que l'enfant était adulte dès qu'il avait l'usage de la parole) et que l'on identifie les besoins spécifiques de l'enfant par rapport à la question de la lecture. Si on laisse de côté le cas de l'Heure Joyeuse qui fait exception, il faut rappeler que, avant 1960, l'accès des enfants à la bibliothèque n'est pas aussi aisé qu'aujourd'hui, même si les décennies 1940-1950 marquent un léger progrès. Pour pouvoir accéder à la lecture, il ne suffit pas de passer la porte de la bibliothèque, il faut en outre faire preuve de sa capacité à lire. Jusqu'en 1940, les enfants doivent se soumettre à une vingtaine de séances de lecture sur place avant que leur inscription soit définitivement validée. Cette règle aura tendance à disparaitre après la seconde guerre mondiale, parallèlement au développement du prêt, pour être remplacée par un bref cours sur la documentation et les techniques de recherche. Ce dernier point est également intéressant : la bibliothèque se place comme instructeur, non de la lecture en elle-même, mais plutôt d'un sens de l'autonomie afin que l'enfant se dirige libéré, vers la production éditoriale. Ce n'est donc qu'en 1960, suite à de profondes mutations sociales, culturelles et économiques, ainsi qu'à l'engagement militant d'une partie des professionnels du livre que des changements marquants vont s'opérer dans le positionnement des bibliothèques face à la lecture chez l'enfant. * 4 Source : Les bibliothèques pour enfants entre 1945 et 1975, Hélène Weis, éditions du cercle de la librairie, 2005 |
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