INTRODUCTION
Au cours des cinquante
dernières années, le Tourisme a enregistré une croissance
exponentielle partout dans le monde, tant au niveau international qu'à
l'intérieur des pays (Francesco.F, Secrétaire
Général de l'Organisation Mondiale du Tourisme, 2000).
Le Burkina Faso n'est pas en marge de cette évolution.
L'activité touristique dans ces dix dernières années
s'inscrit dans une dynamique de hausse continue atteignant parfois des taux de
croissance de 68% en 1998 et 19.3 % en 2003, constituant ainsi un facteur
puissant de développement économique. Cependant MOLLER A.
souligne que les pays du Sud dont la croissance de l'industrie touristique est
extrêmement forte (environ 20 % par an ) se trouvent dans les
régions qui ne sont pas du tout préparées à subir
cette croissance et encore moins à gérer cette situation. Ceci
constitue un danger pour l'environnement en générale et en
particulier pour la biodiversité.
Dans la recherche d'une conciliation entre tourisme et
environnement, la notion de développement durable est fondamentale.
Parmi la panoplie d'outils proposés afin d'évoluer vers un
développement durable de nos sociétés, il y en a un qui
retient maintenant l'attention : l'écotourisme. (Jonathan. T)
L'écoutourisme est défini par l'Union Mondiale
pour la Nature (UICN ) comme étant un « Voyage
responsable sur le plan environnemental et visite de milieux naturels
relativement peu perturbés dans le but d'apprécier la nature -
ainsi que toute manifestation culturelle passée ou présente
observable de ces milieux -, encourageant la conservation, ayant un impact
négatif très limité et s'appuyant sur une participation
active des populations locales dans le but de générer des
avantages. ». Cependant, cette définition ne fait pas
l'unanimité. Bien qu'il soit difficile de définir
l'écotourisme, généralement considéré comme
un "tourisme favorable à l'environnement" l'Organisation Mondiale du
Tourisme (OMT) en résume les caractéristiques
générales comme suit :
*L'écotourisme rassemble toutes les formes de tourisme
axées sur la nature et dans lesquelles la principale motivation du
tourisme est d'observer et d'apprécier la nature ainsi que les cultures
traditionnelles qui règnent dans les zones naturelles.
*Il comporte une part d'éducation et
d'interprétation.
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*Il est généralement organisé, mais pas
uniquement, pour des groupes restreints par de petites entreprises locales
spécialisées. On trouve aussi des opérateurs
étrangers de dimensions variables qui organisent, gèrent ou
commercialisent des circuits écotouristiques, habituellement pour de
petits groupes.
*L'écotourisme s'accompagne de retombées
négatives limitées sur l'environnement naturel et
socioculturel.
*Il favorise la protection des zones naturelles :
- en procurant des avantages économiques aux
communautés d'accueil, aux organismes et aux administrations qui
veillent à la préservation des zones naturelles ;
- en créant des emplois et des sources de revenus pour
les populations locales ;
- en faisant davantage prendre conscience aux habitants du
pays comme aux touristes de la nécessité de préserver le
capital naturel et culturel.
De plus en plus, l'écotourisme est perçu comme
la meilleure façon de concevoir le tourisme dans les lieux souvent
fragiles et sensibles aux perturbations humaines. A ce point que
l'écotourisme fait, dans certains pays, son apparition dans les aires
protégées strictes alors qu'il y était
généralement banni. C'est le cas en Russie par exemple, où
suite à la chute du communisme, le support du gouvernement russe aux
aires protégées a diminué de 60-90% (Ostergren, 1999
cité par Jonathan.T).
Un constat cependant est à faire. La situation de
l'Afrique se présente de manière contrastée selon les
régions. En effet, l'Afrique de l'Est (exemple le Kenya), du Sud et du
Nord tirent des revenus substantiels de l'exploitation touristique de leurs
parcs nationaux, sites historiques et autres potentialités naturelles.
Par contre en Afrique de l'Ouest où l'on dispose d'importants sites
naturels attrayants (Parcs nationaux du W, du Pendjari au Bénin, parc
national d'Arli au Burkina Faso, parcs nationaux de la Comoé, de la
Marahoué ou de Taï en Côte d'Ivoire...), l'écotourisme
est mal connu et sous-exploité. De plus, s'ajoutent
l'insécurité, la pollution sous toutes ses formes et le
gaspillage des ressources écologiques.
Cette situation est d'autant plus déplorable si l'on se
trouve dans le cas d'un pays sahélien à l'instar du Burkina
Faso, confronté à de graves problèmes de
déséquilibre des écosystèmes et de
dégradation accélérés des ressources
naturelles.
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En effet, le rapport 2002 sur «l'Etat de l'Environnement
au Burkina Faso » révèle une amplification du processus
à travers la dégradation de la couverture végétale,
des sols, des ressources eau, de l'habitat, de la faune et la perte de la
diversité biologique qui s'en suit.
C'est pourquoi les orientations prises par le gouvernement en
concertation avec les partenaires prônent l'utilisation rationnelle des
ressources naturelles. Ainsi, le Programme national d'Aménagement des
Forets (PNAF) à été élaboré en 1996.
Le Projet d'Aménagement Participatif des Forêts
Classées de Dindéresso et du Kou (PAFDK ) a pour objectif de
façon générale d'assister le gouvernement
Burkinabè dans la mise en oeuvre de ce programme, et de façon
spécifique de restaurer et de protéger le couvert
végétal. La présente étude est une contribution
à la sauvegarde de la Forêt Classée du Kou (FCK)
communément appelée Guinguette. Vu l'importance de la FCK aux
plans écologique, biodiversité, culturel, et écotourisme,
J.C. HEYMANS et A. DIALLO dans une étude recommande que le statut de
« Réserve de Biosphère » soit accordée
au site. En effet la FCK est l'unique formation relique d'origine
guinéenne du pays. Véritable patrimoine national, la Guinguette
représente à la fois pour les populations riveraines une
forêt sacrée, un lieu de culte ancestral et coutumier lieu
privilégié de détente et de loisir réservé
uniquement pendant l'époque coloniale a une certaine élite de
l'Armée, la Guinguette de nos jours fait objet de forte attraction
touristique qui si l'on ne prend garde risque de porter préjudice
à l'intégrité physique du site. Dans cette perspective,
comment concilier donc développement du tourisme et
environnement ?
L'année 2002 proclamée par les Nations Unies
année internationale du tourisme à vu l'Organisation Mondiale du
Tourisme appliquer le concept d'écotourisme à « toute
forme de tourisme dans laquelle la principale motivation du tourisme est
l`observation et la contemplation de la nature et qui contribue à la
protection de celle-ci et à des effets négatifs minimums sur
l'environnement naturel et culturel de la destination »
De par sa vocation l'écotourisme semble être
donc une piste de solution à la préoccupation de sauvegarde de la
Guinguette. La prise en compte du développement de l'écotourisme
par le PAFDK dans ses efforts de mise en place et d'application d'un plan
d'aménagement de ces deux forêts est donc la bienvenue. Le
présent thème : « Développement de
l'écotourisme pour la
sauvegarde de la Forêt Classée du Kou :
Contraintes et Perspectives » s'inscrivent dans cette démarche.
Elle se propose de chercher des voies et moyens de développement
d'une activité touristique favorable à son environnement naturel
et culturel.
Ainsi la recherche de pistes de solutions au
développement de cette forme d'activité touristique en vue de la
sauvegarde de la Forêt Classée du Kou suscite de légitimes
interrogations.
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Quel est le potentiel écotouristique du site de la
Guinguette ?
Les comportements adoptés par les visiteurs de la
Guinguette sont-ils en adéquation avec la pratique d'un tourisme
durable ?
Quel est l'état de la durabilité du tourisme
dans la Forêt Classée du Kou ?
Le site de la Guinguette est-il convenablement
aménagé pour un développement réel de
l'écotourisme ?
Existe-il une réelle politique de promotion de
l'écotourisme ?
Les différents acteurs du secteur travaillent-il en
synergie pour insuffler une impulsion à la dynamique de
l'écotourisme ?
En guise de réponses à ces interrogations l'on
peut avancer les hypothèses suivantes :
- La gestion actuelle du site de la Guinguette n'est pas en
parfaite harmonie avec la pratique d'un tourisme durable.
- Les comportements des visiteurs du site ne sont pas
respectueux du milieu naturel et culturel.
- Le tourisme en général et en particulier
l'écotourisme dans la destination Guinguette souffre d'un manque de
promotion véritable.
- Le site de la Guinguette n'est pas suffisamment
aménagé de sorte à constituer un réel attrait de
l'écotourisme.
La présente étude a pour objet d'une part,
de vérifier ces hypothèses à travers la
présentation du potentiel écotouristique du site et de ses
environs, les éléments de la durabilité du tourisme, le
comportement des visiteurs sur le site, l'identification des contraintes
majeures au développement de l'écotourisme et d'autre part, de
proposer des pistes de solutions et des recommandations pertinentes.
La présente étude s'articule autour de six
chapitres. Le premier traite de la manière dont nous avons
procédé pour aborder le problème. Le second donne un
aperçu général sur l'activité touristique de la
Guinguette. Le troisième fait l'état des lieux : potentiel
écotouristique et durabilité du site. Le quatrième est
consacré à la présentation et à l'analyse des
différentes enquêtes et entretiens menés autour de la
problématique de développement de l'écotourisme. Le
cinquième présente les contraintes et les
perspectives, tandis que le sixième met l'accent sur les recommandations
et les propositions pour un développement durable de
l'écotourisme.
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