SECTION II : LES RISQUES LIES AU CONTROLE INTERNE
INDIVIDUEL
Les risques64 inhérents au contrôle
interne sont des deux ordres : il peut s'agir des risques à
l'égard de la société (Paragraphe
I) ou des risques pouvant mettre en cause les
dirigeants sociaux (Paragraphe II).
Paragraphe I : Les risques du contrôle à
l'égard de la société
La mise en oeuvre du contrôle interne peut affecter le
crédit de la société (A) et
décourager les éventuels souscripteurs de ses titres
(B).
A- L'atteinte au crédit de la société
anonyme
60 Benoit LEBARS et Boris MARTOR, « Management et
financement de la société anonyme de droit OHADA », JCP
2004, n°5, supplément a la Semaine Juridique n° 44, p.
12.
61 Yves GUYON, Droit des Affaires, Tome 1, Droit
Commercial Général et Sociétés, 12eme
éd., Economica, Paris, 2003, p. 298.
62 Yves GUYON, ibid., p.
377.
63 Hervé CHASSERY,
« Les attributions du conseil de surveillance », RTDcom 1976, n°
1, p. 452.
64 Le terme risque est
emprunté de l'italien risco qui veut dire d'origine obscure. Il
désigne un évènement dommageable dont la survenance est
incertaine quant a la réalisation ou a la date de cette
réalisation. Le risque s'entend aussi de la valeur garantie ou objet de
l'assurance (personne ou chose assurée) ou encore est emplo yé
pour caractériser la responsabilité extracontractuelle de
l'administration dans l'hypothèse oil celle-ci est engagée en
dehors d'une faute, l'expression responsabilité pour risque étant
synonyme de responsabilité sans faute. Le risque, c'est en outre un
danger, un inconvénient plus ou moins probable auquel on est
exposé.
En droit des sociétés, il faut entendre par
crédit la « renommée commerciale de la société
qui résulte de la bonne marche de l'entreprise, de l'importance de ses
capitaux et de son chiffre d'affaires »65.
Mais quand peut-on savoir que le crédit de la
société est affecté ?
En effet, lors de l'exercice du contrôle interne par
l'actionnaire, le crédit de la société peut être
considérablement atteint. Cette atteinte du crédit se manifeste
souvent lors de la mise en oeuvre de certains mécanismes de
contrôle de gestion et des comptes sociaux à savoir l'alerte ou
l'expertise de gestion. Le déclenchement de ces mécanismes de
contrôle interne a un élément perturbateur pour la
société. Il est de nature à engendrer des rumeurs de
faillite de la société et à nuire à celle-ci. Il
peut éveiller la conscience de certains partenaires du fait d'une
indiscrétion coupable. A cet effet, le professeur D. VIDAL a
relevé que « la procédure d'alerte a pour effet de provoquer
la perte de confiance dans l'entreprise de la part de ses partenaires
commerciaux et financiers »66 . Il s'agit ainsi d'un
contrôle avancé qui peut attiser les soupçons d'une
probable faillite de la société lors des investigations et
compromettre ainsi son crédit.
De même, le déclenchement de l'expertise de
gestion peut affecter le crédit de la société surtout
lorsque celle-ci est cotée en Bourse. Ainsi en est-il des demandes
intempestives émanant des actionnaires qui peuvent entraîner une
dépréciation de ses titres sur le marché boursier.
Il convient de souligner que l'expertise de gestion comporte
également des dangers pour les actionnaires. En effet, la
réussite de la demande est donc hasardeuse, et les minoritaires
impulsifs doivent se méfier, car certains ont été
condamnés pour abus d'action en justice67. Ce qui conduit la
doctrine à admettre parfois la phase préalable pour éviter
ce risque68. De plus, elle entraîne une certaine
juridicisation ou immixtion du juge dans les affaires sociales. Toutefois,
suite à la mise en oeuvre du contrôle, la société ne
court pas seulement le risque de voir son crédit être
affecté. Cela peut aussi décourager ses éventuels
partenaires ou souscripteurs.
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