SECTION II : LES AUTRES SOURCES D'INSUFFISANCE DU
CONTROLE INTERNE COLLECTIF
Le contrôle que l'assemblée d'actionnaires exerce
sur la gestion sociale s'avère quelquefois limité. Plusieurs
raisons sont à l'origine de cette situation. Parmi celles-ci, figurent
l'insuffisance du contrôle due à la faible fréquence des
assemblées et à certaines formes de sociétés
(paragraphe I). Les autres sources d'insuffisance de ce
contrôle sont inhérentes à la qualité d'actionnaire
(paragraphe II).
Paragraphe I : L'insuffisance du contrôle due
à la faible fréquence des assemblées et à certaines
formes de sociétés
190 Ainsi par exemple, lors de l'AG de la
société Air Liquide tenue le 12 mai 1999, il y avait 3900
actionnaires présents et 14200 actionnaires représentés,
les uns et les autres détenant pres de 47 % du capital.
191 Maurice COZIAN, Alain
VIANDIER, Florence DEBOISSY, Droit des sociétés, 17eme
éd., LITEC, Paris, 2004, n° 631, p. 289.
192 V. I. RENAUDIE, La
distinction des prérogatives financiers et de gouvernement des
sociétés, These de Doctorat en Droit, Paris X, 1988 cité
par Paul LE CANNU, ibid., p. 334.
193 Maurice COZIAN et alii,
ibid., n° 658, p. 299.
194 Louis LOSS cité
par André TUNC, Le droit américain des sociétés
anonymes, Economica, Coll. Etudes Juridiques Comparatives, Paris, 1985, n°
191.
195 Daniel Etounga MANGUELLE,
« L'Afrique a-t-elle besoin d'un ajustement culturel ? » Editions
Nouvelles du Sud, 1991 cité par Yacouba AGNINA, op.cit., p.
92.
196 Dominique VIDAL, Manuel
droit des sociétés, 5eme éd., LGDJ, Paris,
2006, n°1146, p. 549.
197 Yves GUYON, Droit des
Affaires, Droit Commercial Général et Sociétés,
Tome 1, 12eme éd., Economica, Paris, 2003, p. 311.
198 Camille JAUFFRET-SPINOSI,
« Les assemblées générales d'actionnaires dans les
sociétés anonymes, réalité ou fiction? (Etudes
comparatives) » Etudes offertes a René RODIERE, Dalloz 1981, p.
128.
199 Philippe MERLE, ibid.,
n° 481, p. 575.
200 Paul LE CANNU, Droit des sociétés,
Domat, Droit privé, Montchrestien, Paris, 2002, p. 335.
Les sources de l'insuffisance du contrôle interne
collectif découlent d'un coté de la faible fréquence de la
tenue des assemblées dans les sociétés anonymes
(A) et, de l'autre, d'un cas atypique à savoir le
simulacre de contrôle dans les sociétés familiales
(B).
A- La faible fréquence de la tenue des
assemblées
La fréquence de la tenue des assemblées
détermine l'efficacité du contrôle interne collectif. En
effet, lorsque cette fréquence est élevée, elle constitue
un moyen efficace de contrôle des affaires sociales. Or, il convient de
constater que la faible fréquence des réunions des actionnaires
ne permet pas à cette collectivité d'exercer le contrôle
des affaires sociales. Cette faible fréquence de la tenue des
réunions constitue une faiblesse de l'assemblée d'actionnaires et
affecte considérablement le contrôle qu'ils exercent sur la
gestion de la société201. Elle a été
mise en exergue par l'article 548 alinéa 1er de l'AUSCGIE qui dispose
que « l'assemblée générale ordinaire est
réunie au moins une fois par an, dans les six mois de la clôture
de l'exercice, sous réserve de la prorogation de ce délai par
décision de justice ».
D'ailleurs, l'assemblée d'actionnaires ne joue
véritablement pas son rôle d'organe de contrôle. Elle est
souvent considérée comme un roi fainéant, puisqu'il ne
travaille que quelques heures par an202. C'est ce qu'a pu observer
le professeur JEANTIN lorsqu'il affirme que « l'efficacité du
contrôle est limitée non seulement en raison de la
complexité grandissante des difficultés d'ordre technique ou
comptable, mais aussi en raison de la faible fréquence des
réunions »203. Bien plus, l'organe souverain de la
société ne peut exercer un contrôle tout à fait
efficace sur l'action quotidienne des dirigeants sociaux. L'inefficacité
de ce contrôle découle du fait que l'assemblée
d'actionnaires se réunit épisodiquement204.
Aussi, convient-il de souligner qu'à côté de
cette faible fréquence de la tenue des réunions des actionnaires,
source la plus évidente de l'inefficacité du contrôle, se
trouve le simulacre de contrôle dans les sociétés
familiales.
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