B- Les raisons d'origine psychologique
Plusieurs raisons d'ordre psychologique augmentent davantage
l'absentéisme des actionnaires aux assemblées et réduisent
considérablement l'efficacité du contrôle interne
collectif. En effet, l'un des éléments du contrat de
société est la volonté d'entreprendre en commun. Or, les
grandes sociétés sont composées de personnes qui ne se
sentent guère concernées par l'objet social. Il s'agit
principalement des épargnants qui ont vu dans l'achat de quelques
actions un moyen de placer leurs économies et de
bénéficier ainsi de ressources supplémentaires et, des
financiers qui ont seulement l'intention de spéculer sur les
différences de cours et ne sont donc actionnaires que pour un temps
limité, le plus bref possible184.
D'ailleurs, les actionnaires ne détiennent, très
souvent, qu'un faible nombre de voix et sentent bien que leur vote dans un sens
ou dans l'autre n'aura pas de grande influence sur la décision
finalement prise. C'est ce qu'a pu observer le professeur Y. GUYON lorsqu'il
affirme que « les actionnaires ne se sentent guère impliqués
par la marche de la société, car ils ne disposent
individuellement que d'un nombre de voix insuffisant pour influencer le vote
»185. Certes, ils pourraient se réunir pour former un
groupe puissant dans l'optique de faire entendre leur voix, malheureusement il
convient de remarquer que ces derniers ne se connaissent pas. Ils ont ainsi un
sentiment de faiblesse ou sont conscients de leur incapacité. Ce qui
explique leur faible présence aux assemblées et conduit la
doctrine à les traiter de « fantômes »186.
Par conséquent, le contrôle qu'ils exercent sur la gestion et les
comptes sociaux connaît certaines vicissitudes.
En dépit de toute compréhension que l'on est
prêt à témoigner aux actionnaires pour leur
absentéisme, il ne faut pas moins constater que leur comportement peut
engendrer de graves conséquences.
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