1) Une structure spatiale polycentrique
Au nombre de trois, ces oasis structurent l'espace de
manière polycentrique. Car, si l'eau dans la province de Mendoza est le
facteur limitant, elle en est aussi le facteur structurant, chaque oasis
étant irriguée par un ou plusieurs cours d'eau. L'Oasis Nord,
surtout occupée par la vigne, est irriguée par le Río
Mendoza (BUSTOS R., TULET J.-C., 2005). L'Oasis Centre, hébergeant
le Valle de Uco qui est aujourd'hui la partie la plus dynamique, est
irriguée par le Río
15 Citation extraite de l'avant-propos du
numéro 239 des Cahiers d'Outre-Mer (cf. Bibliographie)
Tunuyán (Ibid). Quant à l'Oasis Sud,
qui possède la superficie cultivable la plus étendue, elle est
irriguée par les Ríos Diamante et Atuel (Ibid).
Encore faut-il signaler la présence de petites oasis de montagne comme
Uspallata et Malargüe, respectivement irriguées par les
Ríos Mendoza et Malargüe.
Carte 6 : Les oasis de la province de Mendoza (source :
élaboration propre d'après la carte « Oasis y zonas no
irrigadas en Mendoza » réalisée par MONTAÑA, E.,
2007)
De même, chaque oasis possède au moins une ville
pôle ou une ville relais qui la rattache à l'agglomération
du Gran Mendoza, plaque tournante commerciale où transitent de
très
nombreux camions qui assurent un va-et-vient continu entre
l'agglomération et les grandes villes du Chili, du Brésil et de
l'Argentine (LAVIE E., 2007).
2) La concentration des hommes et des activités dans
les oasis
Bien que les oasis ne représentent que 3 % de la
superficie provinciale, elles concentrent près de 98% de la population
(MONTAÑA, E., 2003)16. Les plus fortes densités se
retrouvent, en effet, dans les trois principales oasis où elles peuvent
atteindre plusieurs milliers d'habitants au km2, contrastant avec
une densité provinciale moyenne à peine supérieure
à 10 hab/km2 (source : site internet de la DEIE17,
06/06/2009). Il en est ainsi dans l'Oasis Nord où l'agglomération
du Gran Mendoza18 comptait, en 2001, 986 361 habitants, soit les 2/3
de la population totale (Source : Ibid). Il n'est donc pas
étonnant de constater que près de 80 % de la population
provinciale est urbaine (source : site internet de l'INDEC, 18/05/2009).
Or, les oasis concentrent également la majeure partie
des établissements industriels : 65 % d'entre eux se localisent dans
l'Oasis Nord (MONTAÑA, E., 2003), notamment l'industrie
pétrochimique dont il n'est pas rare que les fumées polluantes,
déplacées par les vents de direction Nord et Nord-Est, atteignent
l'agglomération mendocine (SALOMON, J-N., PRAT, M-
C., 2005). Surtout, les oasis concentrent l'essentiel de la
superficie cultivée et donc irriguée de la province. La
superficie dédiée à l'agriculture peut, en effet,
représenter jusqu'à 96 % de la superficie dans le cas de l'Oasis
Sud (DGI, 2006). Se pose alors un double problème : celui du risque
sismique, et celui de voir l'urbanisation s'étendre au détriment
des zones agricoles. Le premier est d'autant plus important que la population
est concentrée. Quant au second, il est en passe d'être
résolu, le Sénat ayant récemment approuvé une Loi
d'Occupation du Sol, la Ley de Ordenamiento Territorial y Uso del
Suelo, dont l'application a été confiée au
Secrétariat de l'Environnement.
16 Cf. Annexe VIII
17 Dirección de Estadísticas e
Investigaciones Económias
18 L'agglomération du Gran Mendoza est
composée de six départements que sont : Guaymallen, Godoy Cruz,
Las Heras, Mendoza, Maipu et Lujan de Cuyo.
Toutefois, si la presse est unanime pour saluer « une
des lois les plus attendues depuis le retour de la démocratie dans la
province » (Los Andes, 31/12/2008), le secteur scientifique,
qui est à l'origine de la proposition de loi, en a dores et
déjà condamné « l'ambiguïté des
concepts utilisés, le manque de prise en compte des
spécificités du territoire mendocin, l'attention excessive
portée aux zones urbaines et l'avantage accordé aux
investissements privés » (Los Andes, 31/12/2008).
Mais le principal point de conflit entre les scientifiques et le pouvoir reste
dans l'autorité chargée de faire appliquer la loi : «
"Il s'agissait, au départ, d'encourager un mode de gouvernance dans
lequel l'action de l'État était soumise au contrôle de
différents acteurs. Ceci ayant été éliminé
de la loi, c'est tout le travail scientifique effectué en amont qui
résulte inutile" assure María Elina Gudiño, coordinatrice
du travail académique de la Universidad Nacional de Cuyo »
(Los Andes, 31/11/2008).
Toujours est-il que l'objectif principal de la loi reste de
« promouvoir un développement équitable dans toute la
province, depuis les zones urbaines, rurales et naturelles des oasis aux zones
non-irriguées des différents bassins et régions
existants » (Los Andes, 05/05/2009). Car, dans la province
de Mendoza, la dichotomie qui permet de comprendre l'espace mendocin n'oppose
pas villes et campagnes, mais bien zones irriguées et zones
non-irriguées.
|