B) Un climat contraignant : l'eau, facteur limitant
L'amenuisement des réserves d'eau que constituent les
glaciers mendocins est d'autant plus problématique pour une province
dont la configuration topographique d'une part, et la situation par rapport aux
principaux centres d'action climatiques d'autre part, ont créé
des conditions d'aridité telles que l'eau y est, de fait, un facteur
limitant.
1) Une province au climat aride
Avec 300 mm de précipitations annuelles (CAPITANELLI,
R.G., 1999) contre une évapotranspiration potentielle de 782 mm
(SALOMON, J-N., PRAT, M-C., 2005), le climat de la province de Mendoza peut,
à juste titre, être considéré comme un climat
aride.
a) Une province située dans un entre-deux
climatique
La province se situe au coeur de la diagonale aride argentine
qui, contrairement à la plupart des grandes zones arides du monde qui
suivent une distribution latitudinale, suit une
direction méridienne, traversant la partie sud du
continent de la côte Pacifique au nord du Pérou jusqu'aux
côtes Atlantiques de la Patagonie.
Carte 3 : La diagonale aride argentine (source : MARGARITA, M.,
LOYARTE, G., 1995)
D'après la carte ci-dessus, Mendoza (n°10) se
situe dans la « ligne d'aridité maximale où le gradient
pluviométrique s'inverserait et qui représenterait l'axe
d'épuisement des pluies à partir des climats humides voisins
» (MARGARITA, M., LOYARTE, G., 1995). En d'autres termes, la province
de Mendoza se situerait dans un « entre-deux climatique » où
les masses d'air de l'anti-cyclone semi-permanent du Pacifique, pas plus que
celles de l'anti-cyclone semipermanent de l'Atlantique ne sont en mesure de
l'atteindre directement. Car, si l'Océan Pacifique est relativement
proche (170 km), la province en est séparée par la
Cordillère des Andes, particulièrement élevée
à cette latitude. Dès lors, les masses d'air humides sont en
grande partie précipitées sur le versant chilien, tandis que sur
le versant argentin l'air, en descendant, se
réchauffe et s'assèche donnant lieu à un
vent de type foehn appelé zonda. Quant aux masses d'air
provenant de l'Océan Atlantique, éloigné de quelques 1 000
km, elles ont perdu une grande partie de leur humidité lorsqu'elles
arrivent jusqu'à la plaine de Mendoza (DROCOURT, Y., 2008).
Carte 4 : L' entre-deux climatique mendocin (source :
MARGARITA, M., LOYARTE, G., 1995)
L'aridité qui caractérise la province de Mendoza
s'explique donc à la fois par « effet de
continentalité » par l'éloignement de l'Atlantique et
« situation d'abri » par rapport au Pacifique (SALOMON,
J-N., PRAT, M-C., 2005).
b) Des précipitations faibles et inégalement
réparties
Cette situation de la province par rapport aux principaux
centres d'action climatiques induit une répartition très
inégale des précipitations. La majeure partie de la province (les
2/3) reçoit des précipitations inférieures à 300 mm
(CAPITANELLI R.G., 1999).
L'amplitude des isohyètes sur la plaine (cf. Carte
ci-dessous) semble, en effet, traduire la sécheresse des masses d'air
présentes (DROCOURT, Y., 2008). A noter cependant que les
précipitations sont relativement plus importantes à
l'extrémité orientale de la plaine du fait de l'influence des
masses d'air venant de l'Atlantique, d'où un gradient
pluviométrique négatif de l'est vers l'ouest. Or, celui-ci a
tendance à s'estomper au contact des montagnes qui, en provoquant
l'ascendance orographique des masses d'air, augmentent leur potentiel à
émettre des pluies (Ibid). La partie couverte par la
Cordillère des Andes (environ 1/3 de la province)
bénéficie donc d'une plus grande abondance pluviométrique
(jusqu'à 1 000 mètres dans le sud) puisqu'elle reçoit les
précipitations estivales des masses d'air venant de l'Océan
Atlantique et celles, hivernales, des masses d'air venants de l'Océan
Pacifique.
Carte 5 : Précipitations moyennes annuelles dans la
province de Mendoza (source : CAPITANELLI, R.G., 1999)
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