c) Le « plateau Nord-patagonique » : une
région volcanique aux paysages de « Bad lands »
Au sud de la province, s'étend le plateau de la Payunia
qui appartient au domaine géographique patagonien (MONTAÑA, E.,
2003). Ce plateau se caractérise par le manque de drainage, la faible
couverture végétale et la prépondérance des formes
volcaniques (CAPITANELLI, R.G., 1999). Ravinées par l'érosion,
ces dernières ont donné lieu à la formation d'un paysage
de « Bads lands », Huayquerias en argentin (DROCOURT, Y.,
2008). L'altitude moyenne y est de 1 400 mètres, mais elle peut
être bien plus élevée comme en témoignent les
sommets des volcans Cerro Nevado et Cerro Payun qui culminent
respectivement à 3 800 et 3 680 mètres (Ibid). Cette
distribution des grands ensembles de relief est résumée dans la
carte cidessous.
Carte 1 : Les unités de relief dans la province de Mendoza
(source : élaboration propre d'après MONTAÑA, E., 2003 et
CAPITANELLI, R.G., 1999)
2) Des glaciers en retrait
Le relief de la province de Mendoza est donc largement
dominé par les montagnes de la Cordillère des Andes. Cette
chaîne de montagne attire chaque année des touristes venus du
monde entier pour escalader ses plus hauts sommets. Toutefois les glaciers qui
les recouvrent ont amorcé un important retrait depuis les années
1970.
a) Des glaciers andins qui battent en retraite
Perchés sur le toit du monde, les glaciers andins, de par
leur taille et les particularités
de leurs processus évolutifs, sont des indicateurs
particulièrement sensibles du réchauffement climatique (FRANCOU
B., VINCENT Ch., 2007). En effet, depuis la fin du Petit Âge Glaciaire
(PAG) et l'entrée dans une nouvelle phase de réchauffement
global, les glaciers ont tendance à voir leur front reculer, laissant
derrière eux des moraines. L'analyse de ces matériaux a permis
d'affirmer que la décroissance de plusieurs glaciers de la
Cordillère des Andes s'est accélérée à
partir du milieu des années 1970, provoquant la diminution des
superficies englacées (COUDRAIN A., FRANCOU B., KUNDZEWICZ Z.W., 2005) :
« Au Pérou (...) on estime que la superficie glaciaire
des 18 cordillères englacées serait passée de 2 041
km2 en 1970 à 1 595 km2 en 1997, soit une
réduction de 27 % en 22 ans » (FRANCOU B., POUYAUD B.,
2008).
b) Vers une disparition des grands organismes glaciaires dans
les Andes mendocines
Dans les Andes mendocines, la tendance au retrait des glaciers
correspond à une élévation de la Ligne d'Équilibre
Glaciaire (LEG) de l'ordre de 100 mètres, passant de 4 475 mètres
en 1975 à 4 560 mètres en 2000 (COSSART E., LE GALL J., 2008). De
même, la comparaison des images satellite de 1975 et 2000 (cf. figure
ci-dessous) montre une diminution des superficies englacées de l'ordre
de 40 % dans les massifs de l'Aconcagua et de 30 % dans le massif du Juncal
(Ibid).
Carte 2 : Évolution de l'englacement dans les Andes
mendocines entre 1975 et 2000 (source : COSSART, E., LE GALL, J., 2008)
Cette décrue se caractérise par un morcellement
généralisé de l'englacement : alors que le nombre de
glaciers de plus de 10 km2 est passée de 13 à 10 entre
1987 et 2007, le nombre de glaciers dont la taille était comprise entre
1 et 10 km2 a plus que doublé (DROCOURT, Y., 2008).
Cependant, si d'une manière générale, les glaciers des
Andes mendocines semblent avoir connu une longue période de
récession ces trente dernières années, dans le
détail d'importantes disparités spatiales apparaissent. En effet,
certains glaciers ont vu leur LEG s'élever plus modérément
que d'autres, c'est le cas de ceux de la Cordillère principale dont la
différence d'élévation avec ceux de la Cordillère
frontale est de l'ordre de 20 mètres (COSSART E., LE GALL J., 2008).
D'autres encore, ont vu leur front avancer de manière significative tel
le Grande del Nevado dont le front a avancé de 3 km entre 1982 et
198511. Ces disparités spatiales reflètent l'existence
de facteurs locaux qui, analysés par DROCOURT, Y. (2008), ont pour
conséquence d'accroître ou de réduire la variabilité
de la géométrie des glaciers.
11 Cf. Annexe V
c) Quelles perspectives pour les glaciers mendocins ?
Les perspectives pour les glaciers mendocins n'en sont pas
moins alarmantes. Sur la base d'une augmentation de la température de
l'ordre de 1°C d'ici à 2050, COSSART E., LE GALL J. (2008) ont
simulé une élévation de 150 mètres des LEG
reconstituées en 2000 : deux bassins versants seraient
entièrement déglacés et la superficie des zones
d'accumulation glaciaire potentielle dans le massif de l'Aconcagua diminuerait
de 60 % entre 1975 et 2050. De la même manière, CABRERA, G.A.,
LEIVA J.C., LENZANO L.E. (2007), qui ont étudié les
conséquences du réchauffement climatique sur le bilan de masse du
glacier Piloto, en arrivent à la conclusion que « Si cette
tendance se poursuit [celle d'un bilan de masse toujours plus
négatif depuis 1988-1989] , ce petit glacier, dont la couche de
glace atteignait 60 mètres d'épaisseur en 1979, risque de
disparaître dans un futur proche, anticipant en cela ce qui devrait ce
passer pour beaucoup d'autres petits glaciers des Andes centrales
argentines ».
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