1) Le DGI : la « conduite »
Le Département Général de l'Irrigation
(Departamento General de Irrigaciòn) est le principal organisme
de la gestion de l'eau dans la province de Mendoza. Créé par la
Constitution Provinciale de 1894, il s'agit d'un organisme
décentralisé (descentralizado) et autonome
(autárquico) disposant d'un budget propre financé par un
impôt sur le droit à l'irrigation. Le DGI est chargé
d'administrer tout ce qui relève de la ressource en eau dans la province
de Mendoza tout en jouant le rôle de police de l'eau (policía
del agua). Or, ce cumul de la fonction économique et de la fonction
d'arbitrage entretient la confusion des rôles. Bien souvent, en effet, le
DGI se retrouve juge et partie dans les affaires qu'il traite, c'est pourquoi
certains auteurs n'hésitent pas à l'accuser d'omnipotence (LAVIE,
E., 2007, SALOMON, J-N., 2007). Ces mêmes auteurs ne manquent pas de
dénoncer l'étendue des pouvoirs du Superintendant
(Superintendente) qui est responsable de la gestion de la ressource en
eau et de l'application de la Ley General de Aguas : « Son
superintendant, élu pour cinq ans, est plus important que le Gouverneur
de la Province » (LAVIE, E., 2007).
Figure 19 : Organigramme du DGI (élaboration propre
d'après PINTO, M., s.d. et RETA, J., s.d.)
Comme le montre la figure ci-dessus, la gestion de l'eau du
DGI est une gestion par bassins versants (cuencas), voire par
sous-bassins versants (subcuenca) comme pour le Río
Tunuyán. Car, si les grandes décisions sont prises à
la capitale provinciale par le Superintendant, elles sont
exécutées dans les bassins par les subdélégations
(subdelegaciones). Celles-ci interviennent sur les cours d'eau et
leurs barrages ainsi que sur le réseau de canaux primaires : c'est la
« conduite » (conducción) de l'eau. Première
échelle spatiale de la « médiation », la «
conduite » consiste à dériver les eaux du cours d'eau vers
le réseau de canaux primaires. La dérivation des eaux se fait au
moyen d'un barrage. Le débit des eaux dérivées est alors
mesuré de manière à calculer le « coefficient
d'irrigation », puis le débit dont devrait bénéficier
chaque canal primaire. En fonction de ces calculs, les «
régulateurs » sont réouverts ou refermés de
manière à soutenir le débit adéquat pour garantir
un accès à la ressource qui soit équitable entre les
usagers du système d'irrigation traditionnel. Cette première
échelle spatiale de la « médiation » de l'eau est donc
celle qui influe le plus sur l'équité de l'accès à
l'eau. Une erreur de mesure dans l'ouverture ou la fermeture d'un «
régulateur » situé sur un canal primaire n'aura
évidemment pas les mêmes conséquences sur la
disponibilité de la ressource que la même erreur sur le «
régulateur » d'un canal secondaire ou tertiaire qui relève
de la compétence des « associations d'usagers » : c'est la
« distribution » de l'eau.
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