II- Une gestion décentralisée et
participative de la ressource en eau
Pour être efficace, la gestion de l'eau doit s'effectuer
dans espace juridique qui soit exigeant en terme de sécurité du
droit et flexible pour s'adapter aux diverses situations. En d'autres termes,
les droits doivent être clairement définis, applicables et
opposables à l'État. A Mendoza, les droits de la gestion de l'eau
sont clairement définis depuis la fin du XIXème siècle par
la Ley General de Aguas. Ils l'ont été par des
ingénieurs des services de l'État qui concevaient leur vision de
la gestion de l'eau sur la régulation hydraulique et évaluaient
les règles de
prélèvement sur des années moyennes. Ces
règles, qui justifient l'emprise de l'État sur les ressources
hydriques « créées », se révèlent
excessivement rigides pour des usagers n'ayant pas les mêmes besoins en
eau. Les « différences de savoirs » (RUF, Th., 2004)
entre les théoriciens et les praticiens de l'agriculture irriguée
ont conduit ces derniers à réhabiliter la gestion communautaire
des Indiens Huarpes pour en déduire des règles
d'approvisionnement plus flexibles. Cependant, la coexistence de deux gestions
de l'eau sur un même espace ne contribue-telle pas à opacifier le
cadre juridique établi par la Ley General de Aguas, rendant
licite l'illicite et entretenant la confusion des rôles entre les
différents acteurs ?
Seront donc présentés les acteurs de la gestion
de l'eau ainsi que leur rôle. La gestion de la ressource en eau dans la
province de Mendoza étant décentralisée et participative,
l'approche privilégiée ne saurait être autre que spatiale.
Quant à leur rôle, il sera analysé à l'aune du
processus de décentralisation de la gestion de l'eau dans les
années 1990. Pour exercer leurs compétences de manière
légitime, certains de ces acteurs sont élus et disposent d'un
budget propre. Or, le jeu électoral de cette démocratie de l'eau
en fait une démocratie particulièrement fragile. De même,
les budgets sont financés à travers un impôt sur
l'irrigation dont le montant doit être approuvé par les usagers :
si jamais ces derniers optent pour une réduction maximale des charges et
le désapprouvent, leur capital hydraulique n'est plus amorti. En
d'autres termes, le système d'irrigation traditionnel se met à
souffrir d'un manque d'investissements qui nuit à son efficacité.
Dès lors, la question qui se pose est celle de sa recapitalisation.
A) Des acteurs qui interviennent selon l'échelle
spatiale à laquelle l'eau est répartie
La gestion de l'eau dans la province de Mendoza fait intervenir
une multitude d'acteurs tant publics que privés36. Chacun de
ses acteurs se voit attribuer une zone de compétences sur
36 Cf. Annexe XV
laquelle il se réserve le droit d'intervenir et qui
correspond à une échelle spatiale dans la « médiation
» de l'eau qui en compte trois : la « conduite », la «
distribution » et l' « application ».
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