3) La Ley General de Aguas vue par les usagers du
système d'irrigation traditionnel
L'opinion des usagers du système d'irrigation
traditionnel sur la Ley General de Aguas est cependant mitigée.
Pour certains, la loi est « bonne » (Entretien n°5) et
n'a plus à faire ses preuves : « Il y a beaucoup de gens qui la
considèrent comme mauvaise, mais moi non. Je ne pense pas qu'elle le
soit puisque nous ne manquons pas d'eau » (Entretien n°1) ;
« Plusieurs pays s'en sont inspirés car il s'agit d'une loi
très intelligemment pensée (Entretien n°2).
Pour d'autres, elle est perfectible car elle concentre les
pouvoirs entre les mains du DGI dont la gestion de l'eau n'est pas toujours
aussi transparente que la ressource qu'il entend administrer : « La
Ley de Aguas est considérée, dans la province de Mendoza
en tout cas, comme la meilleure du monde. Mais, comme toute loi, elle n'est pas
exempt de failles, notamment dans le maniement des fonds. Par exemple, c'est le
DGI qui décide des travaux à entreprendre sur les canaux
d'irrigation. Or, bien souvent, les travaux sont effectués sur des
canaux qui ne sont pas nécessairement ceux qui en auraient le plus
besoin, ceux que lesquels transitent les volumes d'eau les plus importants
» (Entretien n°6) ; « La politique de l'eau dans la province
est défaillante. Il se fait de plus en plus de perforations à
n'importe quelle profondeur car l'argent versé pour l'obtention des
permis est détourné » (Entretien n°14).
Pour d'autres, encore, il faut différencier la loi de
son application « qui dépend de personnes clés pouvant
agir avec conviction ou au contraire se laisser aller à des
malversations... Nous ne sommes que des êtres humains, après tout
! » (Entretien n°2).
Les remarques des usagers à l'égard de la
Ley General de Aguas s'adressent toutes au DGI dont il est l'enfant
prodige autant que le gardien. Dès lors, il est possible de voir dans
ces remarques une critique de l'omnipotence du DGI ainsi qu'une remise en cause
de sa légitimité à
gérer la ressource en eau : « D'après
la Ley de Aguas, l'usager est le maître de l'eau. Tout ce qu'est
censé faire le DGI est d'exercer la souveraineté que nous lui
avons déléguée pour administrer la ressource en eau et
contrôler les usages qui en sont faits » (Entretien n°2).
De même, les usagers s'accordent pour dire que l'accès à
l'eau dans le système d'irrigation traditionnel est loin de
l'équité garantie par la Ley General de Aguas : «
certains canaux sont avantagés par rapport à d'autres
» (Ibid). Ce manque d'équité tiendrait, selon eux,
davantage à la nature gravitaire de l'irrigation qu'à des
malversations : « S'il arrive plus d'eau par ici, c'est avant tout
parce que les conditions ne permettaient pas de l'acheminer par là
(...) Malgré les défauts que comporte le système
d'irrigation, je pense qu'il existe une réelle volonté de
desservir tous les usagers de la même manière »
(Ibid).
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