2) Permanence et évolution de la superficie
cultivée
D'après la figure ci-dessous, la superficie
cultivée est restée étonnamment stable depuis 1988, alors
que la répartition des cultures a évolué.
Tableau 1 : Évolution de la superficie cultivée
entre 1988 et 1999 dans l'Oasis de Valle de Uco (source : CHAMBOULEYRON, J.L.,
2002)
ÉVOLUTION DE LA SUPERFICIE CULTIV E
|
VALLE DE UCO
|
1988
|
1996
|
1998
|
1999
|
ha
|
%
|
ha
|
%
|
ha
|
%
|
ha
|
%
|
Totale
|
54 169
|
100
|
54 370
|
100
|
54 226
|
100
|
54 085
|
100
|
Fruits
|
17 304
|
32
|
22 599
|
42
|
23 622
|
44
|
19 192
|
35
|
Vignes
|
10 526
|
19
|
8 129
|
15
|
8 401
|
15
|
10 972
|
20
|
Forêts
|
6 224
|
11
|
-
|
-
|
-
|
-
|
6 053
|
11
|
Légumes
|
11 359
|
21
|
-
|
-
|
14 363
|
26
|
15 225
|
28
|
Fourrages et Céréales
|
8 756
|
16
|
-
|
-
|
-
|
-
|
2 695
|
5
|
D'une manière générale, les seules cultures
dont les superficies cultivées ont diminué entre 1988 et 1999
sont les fourrages et céréales (- 69 %), définitivement
relégués au rang de
22 A noter que l'ascension des immigrants fût
strictement sociale, la politique restant la chasse gardée de la vieille
oligarchie mendocine (BUNEL, J., PRÉVÔT-SCHAPIRA, M-F., 1994).
vestiges du modèle agropastoral et
céréalier. Leur déclin a surtout profité aux
superficies cultivées en légumes (34%), en fruits (11 %), et dans
une moindre mesure en vignes (4 %). En revanche, la vigne est la culture dont
la superficie à la plus augmenté (31 %) entre 1998 et 1999,
rattrapant ainsi le retard qu'elle avait pris sur les fruits et les
légumes pendant les années 1980.
Figure 9 : Répartition de la superficie cultivée
selon les cultures dans l'Oasis de Valle de Uco entre 1988 et 1999 (source :
élaboration d'après les données de la figure 18)
Répartition de la superficie cultivée selon les
cultures
Forêts, fourrages et céréales
Légumes
Vignes
Fruits
%
|
100% 80% 60% 40% 20% 0%
|
|
1988 1998 1999
Années
La vitiviniculture mendocine connaît, à cette
période, une grave crise de surproduction qui s'explique par la baisse
du pouvoir d'achat et par un changement dans les habitudes de consommation
(BUNEL, J., PRÉVÔT-SCHAPIRA, M-F., 1994). Le succès des
boissons gazeuses contribue largement à la baisse de la consommation
interne de vin qui passe de 90 litres annuels par habitant dans les
années 1970 à 54 litres au début des années 1990
(BUSTOS R., TULET J.-C., 2005). Pour sortir de la crise, les solutions
divergent : alors que les politiques nationales préconisent de rompre
avec la monoculture, le gouvernement de Mendoza, soucieux de protéger
les petits producteurs, opte pour une reconversion à la fois
fruitière et légumière. Le gouvernement se met alors
à subventionner chaque nouvel hectare planté en fruits ou en
légumes, d'où l'augmentation des superficies de ces deux cultures
entre 1996 et 1998. Et pour rembourser leur emprunt à l'État, les
producteurs devaient lui livrer une partie de la récolte : «
Tant de kilos de pommes pour tant d'hectares plantés en pommiers,
tant de kilos de poires pour tant d'hectares plantés en poiriers. Ce
système nous convenait car pour rembourser notre crédit nous
n'avions
qu'à récolter : si tu récoltais, tu
remboursais, et si tu ne récoltais pas, tu ne remboursais pas
» (Entretien n°1). En outre, le remboursement du prêt en nature
permettait aux producteurs de conserver un certain capital pour investir.
Néanmoins, avec le tournant libéral des
années 1990, ces conditions de remboursement changèrent et le
prêt passa en valeur dollar : le remboursement du prêt n'en devint
que plus difficile et la production de fruits et de légumes moins
rentable. C'est dans ce contexte que la vigne fait son grand retour : «
Nous autres, les vignerons et les viticulteurs, étions
ruinés. Année 1980 : complètement ruinés ! Alors,
nous avons décidé de cultiver la pomme de terre sur de nouvelles
terres, dans le département de Tupungato où le climat autorise
jusqu'à deux récoltes par année. C'est comme cela que nous
avons pu nous en sortir. Nous avons produit énormément de
légumes et pas seulement que de la pomme de terre. Aujourd'hui,
quasiment tout est de nouveau planté en vignes » (Entretien
n°13).
Le retour de la vigne et ses conséquences sur les
modalités d'irrigation seront analysés dans la troisième
partie de ce mémoire, l'essentiel ici étant de garder en
tête que l'évolution de la superficie cultivée de l'oasis
ne modifie pas fondamentalement l'ordre des cultures : les fruits occupent
toujours la première place, les légumes la seconde et la vigne la
troisième. En cela, l'Oasis de Valle de Uco se différencie des
Oasis Nord et Sud où la vigne occupe plus de la moitié de la
superficie cultivée.
|