3.Collaboration technologique
Pour être compétitif dans un environnement de
haute technologie, les entreprises doivent créer de nouveaux produits,
processus et services. Pour ce faire, l'innovation, qui est un
élément majeur de différenciation, doit être leur
façon de vivre (way of life) (Tushman & Nadler 1986). Cependant
l'innovation reste complexe, risquée et coûteuse à cause
des préférences des clients, de la pression de la concurrence et
de l'évolution de la technologie (Cavusgil, Calantone & Zhao 2003;
Dodgson 1992). Innover efficacement et durablement dans de tel environnement
peut amener à conclure des collaborations avec d'autres acteurs. Ces
collaborations sont un facteur déterminant pour la réussite des
projets d'innovation (e.g. Hurley & Hult 1998). La coopération
interentreprises crée des opportunités d'apprentissage pour les
partenaires (Inkpen 1998)
Les collaborations technologiques sont justifiées par
des facteurs liés soit au marché soit à la technologie
(Hagedoorn & Sadowski 1999). En termes de marché, les organisations
peuvent rechercher à investir de nouveaux marchés, à
opérer une expansion internationale mais aussi à capter la
dynamique du marché et à détecter de nouvelles
opportunités.
L'autre groupe de motivations des collaborations
technologiques est lié à la technologie. Le transfert de
technologie et de compétences représente un élément
critique de ce genre d'accords. Les deux autres principales raisons en faveur
d'une telle alliance technologique sont le partage des risques et la
mutualisation des coûts de R&D. Le cycle des produits s'étant
rétréci, les sociétés ont besoin de collaborer afin
d'être réactives vis-à-vis des demandes du marché.
De même, la convergence et l'évolution des technologies imposent
aux sociétés de s'allier à d'autres acteurs. On a besoin
d'écouter également l'environnement pour d'éventuelles
synergies et complémentarités technologiques. (Schilling &
Thérin 2006).
La littérature aborde amplement les facteurs de
réussite et les bénéfices des alliances
stratégiques. Cependant, le tableau brossé ne correspond pas
toujours à ce qui est vécu sur le terrain par les praticiens
(Larsson et al. 1998; Meissonier 2006). La destruction de valeur issue de ces
collaborations mérite d'être analysée. En plus des
problèmes de coûts de transaction, du manque de contrôle sur
les processus d'innovation, de la sous-performance et des conflits entre
partenaires, il y a un risque qui est vital pour la survie de l'entreprise :
la
fuite des compétences et l'expropriation des
retombées de l'innovation (Chiesa, Manzini & Pizzurno 2004; Larsson
et al. 1998; Takeishi 2002) .
Selon Howells et al. (2008), confier des projets R&D à
des partenaires externes revient à faire face aux défis suivants
:
o Le haut niveau de risques et d'incertitude,
o Le manque d'information sur la qualité des
compétences avant leur livraison,
o L'incapacité du fournisseur à maîtriser
les compétences attendues par le client. Cela se traduit
forcément par l'incomplétude des contrats,
o Le fait que le client et le fournisseur soient tous les deux
plus ou moins impliqués engendre le problème des droits de
propriété des innovations produites,
o Les aléas des comportements. Le client ou le
fournisseur peut tout à fait exploiter les compétences acquises
à d'autres fins explicitement ou implicitement exclues par le contrat.
On peut être tenté de mettre à disposition les
compétences produites à des tiers,
o La recherche et développement (R&D), faisant partie
des activités stratégiques de la firme, peut être mise en
danger de vulnérabilité si ce qui provient de l'extérieur
comporte des dysfonctionnements,
o La nature irréversible de la décision
d'externaliser des activités R&D du moins à court et moyen
terme,
o Le maximum des savoir-faire échangés est de
nature hautement implicite et donc hors contrôle.
En résumé, la collaboration technologique
comporte des risques qui sont à la hauteur des bénéfices
attendus : des risques d'expropriation au regard des bénéfices de
capacité d'innovation. Regardons maintenant le transfert de
compétences dans de tel lien stratégique.
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