I.2. Synthèse de la littérature sur le
niveau d'instruction de la femme et l'état nutritionnel des enfants
Pour comprendre les raisons d'une malnutrition
élevée des enfants dans les pays en voie de développement
en général et en Centrafrique en particulier, nous
présentons une synthèse des études qui ont tenté de
traiter cette question. La plupart des études existantes abordent les
moyens d'améliorer l'état nutritionnel des enfants. Certains
chercheurs ont préconisé d'éradiquer la malnutrition en
intensifiant les activités préventives, en renforçant les
services de soins de santé. D'autres pensent que, si on mettait l'action
beaucoup plus sur l'instruction de la femme, on peut parvenir à
améliorer l'état nutritionnel des enfants. La remise en cause de
la validité des principaux indicateurs généralement
retenus pour mesurer le niveau d'instruction de la population dans les
études portant sur les facteurs explicatifs du niveau d'instruction de
la femme sur l'état nutritionnel des enfants, est d'autant pertinente
qu'elle nous pousse à nous interroger sur la qualité de
l'instruction dispensée à l'école qui sert à
préparer la femme pour la protection de la santé des enfants.
I.2.1. Les facteurs contextuels
I.2.1.1. Région sanitaire de la femme
La prévalence de l'état nutritionnel des enfants
présente des variations spatiales importantes. Les régions d'un
pays ne présentent pas également la même répartition
des ressources naturelles et le même niveau de développement
économique. Certaines sont mieux loties en infrastructures sanitaires
que d'autres. L'inégale distribution des ressources naturelles, des
activités économiques et des infrastructures, engendre les
différences des régimes alimentaires et qui pourront expliquer
les différences de malnutrition des enfants observées dans chaque
région (Ngo Nsoa, 2001).
Quant à Haesse (1991), l'une des raisons
évoquées pour expliquer la différenciation
régionale de la prévalence de la malnutrition chez les enfants,
est l'inégale répartition de la disponibilité alimentaire,
des ressources en eau potable et des centres de santé maternelle et
infantile. Il faut rappeler que, quand bien même les aliments sont
disponibles sur le marché et que les infrastructures sanitaires existent
dans certaines régions, les ménages et les
populations ne profitent pas pleinement de leurs services
notamment à cause de la pauvreté et du refus des populations
compte tenu des conditions difficiles d'accès.
I.2.1.2. Le milieu de résidence de la femme
Dans de nombreuses études sur la scolarisation, la
fécondité, la mortalité des enfants etc., le milieu de
résidence a souvent retenu l'attention des chercheurs (Akoto, 1985). Les
enfants vivons en milieu rural courent plus de risques de malnutrition que les
enfants vivons en milieu urbain. Dans une étude des Nations Unies
(1985), l'avantage des enfants des cadres sur les autres est plus important en
milieu urbain qu'en milieu rural (citée par Dackam, 1987). Ce qui
pourrait s'expliquer en partie par la variété d'aliments qu'on
trouve en milieu urbain qu'en milieu rural.
Dans les pays en développement, le milieu de
résidence est considéré comme un facteur explicatif de la
variation différentielle dans le recours des femmes aux soins de
santé. Si nous avons introduit cette variable dans notre étude,
c'est par rapport aux inégalités qu'on observe entre le milieu
urbain et le milieu rural. Ces inégalités se trouvent au niveau
de la répartition des infrastructures socio-sanitaires et
socio-économiques entre le milieu urbain et le milieu rural. Tel est
l'intérêt qu'on accorde à cette variable.
En Centrafrique, comme généralement dans
certains pays en développement, la plupart des infrastructures
socio-sanitaires et éducatives sont beaucoup plus concentrées en
ville qu'en compagne. Ces infrastructures sanitaires installées en ville
permettent de mettre en oeuvre des mesures de santé publique comme le
Programme Elargie de Vaccination (PEV), le Programme de Santé Maternelle
et Infantile, l'adoption même d'un Plan National de Développement
de l'Éducation (PNDE) etc. En un mot, la ville offre une culture
alternative davantage ouverte aux pratiques médicales et sanitaires
efficaces, constitue sans doute le véritable creuset de la
modernisation. Tandis la compagne, faute d'infrastructures, ne permet pas
à sa population de bénéficier de certains programmes de
santé. L'isolement, le taux élevé d'analphabétisme,
la faiblesse des ressources économiques, l'insuffisance des voies et
moyens de communication, la non électrification des villages constituent
autant d'entraves à l'amélioration de l'état nutritionnel
des enfants
en particulier et la santé des enfants en
général dans la zone rurale. Le milieu de résidence
détermine ainsi le degré d'exposition à la
modernité, la culture sanitaire, la disponibilité des
infrastructures sanitaires et des ressources alimentaires et donc les
comportements sanitaires et nutritionnels des mères (Fall, 1997).
I.2.1.3. Niveau de vie du ménage
Le ménage est l'unité de base de la
société. Le fait de considérer le ménage comme une
unité de décision implique l'hypothèse d'une
communauté des ressources et d'une cohésion des membres. C'est le
lieu où toutes décisions sont prises, où le comportement
des individus se forge. Le niveau de vie du ménage est un autre facteur
à prendre en compte dans l'explication de l'état nutritionnel des
enfants, en ce sens qu'il influence positivement la prise en charge des soins
des enfants. Plusieurs études montrent que les couches sociales les plus
aisées sont celles qui bénéficient des services de soins
de santé modernes.
La pauvreté des ménages est
évoquée pour expliquer l'accessibilité aux services de
santé. La pauvreté des ménages accentue le plus souvent le
risque des femmes à ne pas fréquenter ces services de
santé. Ce qui veut dire que, plus le niveau de vie du ménage est
faible, moins les membres de ce ménage recourt aux services de
santé. Les ménages défavorisés ne pouvant pas
accéder à ces services de santé, ils
préfèrent se rendre dans les centres de santé
dérisoires où garder l'enfant à la maison. Fort de ce
constat, on doit s'attendre toujours à un taux élevé
d'enfants malnutris dans le ménage qui a un niveau de vie faible.
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