2.1.2.1.2. Le stade oral et les liens précoces
à l'environnement
Descombey JP (2005, pp. 94/97) situe lui aussi les racines de
l'addiction dans les premières relations mère/enfant. Il explique
que l'enfant, avant même d'acquérir ses premiers mots, est un
petit être se situant dans l'incapacité de ressentir ce qui se
déroule dans son propre corps. Il parle donc d'alexithymie
« normale ». « L'infans, avant le langage, (...)
n'a que des réponses somatiques. (...) Et le corps propre de l'enfant
est d'abord vécu par lui comme un objet extérieur (1982, Mc
Dougall J.) ». C'est ainsi la mère qui permettrait à
l'enfant de mettre en sens ses états affectifs. « Le
rôle de la mère (primaire) est de recevoir, interpréter
(sans trop de violence) les affects infraverbaux, cris et gestes, y
répondre, identifier, nommer, contenir, apaiser ». Nous
reconnaissons ici la théorie de Bion W.R. (années 1960) avec son
concept de « capacité de rêverie » :
où la mère permet de contenir l'enfant de par cette
capacité à mettre en sens ses états internes en les
rendant moins angoissants par le mécanisme d'identification projective.
Mais nous retrouvons aussi les spéculations de Winnicott D.W.
(1958/1971) avec son concept de « mère suffisamment
bonne », celle étant apte à identifier ce qui se joue
chez son enfant, et celle qui est en mesure de répondre à son
nourrisson de façon adaptée et dans un laps de temps supportable
pour lui. Ces concepts sont repris par Descombey JP. (2005, pp. 94/97) pour
montrer qu'une faille dans ces « communications
primitives » aura pour conséquence « une
sexualité déviante, une angoisse diffuse voire psychotique, des
désordres somatiques, des addictions ».
2.1.2.2. Le sevrage
alimentaire : la séparation
2.1.2.2.1. Alcoolisme et sevrage alimentaire
De
Mijolla A. et Shentoub S.A. (1973) avancent l'hypothèse que les patients
alcooliques cherchent à répondre à un
évènement de vie vécu de façon insupportable. En
effet, l'alcool semble détenir la fonction suivante : atténuer
une angoisse en procurant un sentiment de triomphe sur celle-ci et de
protection contre celle-ci. L'angoisse que tentent de maîtriser les
patients alcooliques semble être une angoisse liée à la
perte d'un objet et, donc plus généralement, à la
séparation. Le caractère maturant de cette frustration ne semble
pas avoir été intériorisée chez les patients. Au
contraire, ils resteraient axés sur cette absence angoissante car, comme
le soutiennent De Mijolla A. et Shentoub S.A. (1973), « les malades
alcooliques vivent sans cesse dans la hantise du manque ». L'objet
alcool possède alors une fonction de substitut, tout comme le
fétiche. Freud S. (1927) soutient que le fétiche est un objet
dont la fonction est de résoudre cette situation intolérable que
représente cette découverte de l'absence.
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