2.2.2.2.2. Compromis :
bénéfices et pertes
La tentative de résolution de ce conflit Moi/Ça,
provoqué par la découverte de la différence des sexes,
viendrait compromettre la structure psychique du fétichiste. On pourrait
penser qu'il y trouve certains bénéfices, comme celui de ne pas
basculer vers l'homosexualité. En effet, l'intérêt
particulier porté par lui sur le pénis et ce qu'il vient
représenter fantasmatiquement, aurait pu amener le fétichiste
à « l'inversion sexuelle », comme Freud S.
(1905, pp. 49/52) définit l'homosexualité. En continuant à
croire que a femme peut être dotée de ce pénis, le
fétichiste la rend alors supportable pour lui en tant qu'objet sexuel
avec lequel il pourra satisfaire ses pulsions sexuelles. Masud M. et Khan R.
(1970, p. 70) : « On traite le fétiche exclusivement
comme un objet ou un auxiliaire propre à procurer une gratification de
type hétérosexuel et comme une défense contre la
perversion proprement dite, en particulier contre
l'homosexualité ». Mais si le fétichiste
échappe à cette perversion, il entre dans un autre processus
considéré comme pervers, le fétichisme, puisque celui-ci
vient substituer le pénis et le phallus manquant à la femme
devient une condition nécessaire pour obtenir l'orgasme sexuel :
« Le cas pathologique se présente seulement lorsque
l'aspiration [à la possession] du fétiche se détache d'une
personne pour devenir l'unique objet sexuel » (Freud S., 1905,
p. 63).
Enfin, là où le fétiche ne serait pas non
plus un compromis permettant au Moi de s'épanouir correctement, est dans
le fait que celui-ci court-circuite l'activité symbolique
nécessaire au travail de deuil, de renoncement. Le fétiche
viendrait donner la croyance du pouvoir sur le manque de pénis chez la
femme. Parce que le fétiche viendrait remplacer cet attribut corporel
manquant, alors il est question du concept de factice, concept duquel
découle le terme « fétiche ». La
Nouvelle Revue de Psychanalyse (1970, p. 66) se basent sur les travaux de C.
Bak R. qui postulent que le Moi du fétichiste se voit affaibli par le
clivage dont il est l'objet. De ce fait, il ne pourrait être capable de
réaliser le travail de deuil nécessaire à l'acceptation du
manque de pénis chez la femme : « Une faiblesse de la
structure du moi, (...). Ainsi peut s'expliquer une angoisse de
séparation excessive, se manifestant par un attachement accru, soit
à la personne totale de la mère, soit à une partie de la
mère (...) ». Ainsi, ce qui doit être
élaboré, le manque, ne l'est pas puisque l'objet fétiche
vise à éviter ce travail de deuil. Il substituerait, comblerait,
laisserait dans l'illusion d'une fusion avec Autrui, mais ne viendrait en aucun
cas résoudre cette lourde tâche de séparation et
d'individuation. Le fétichiste trouverait donc le moyen de se
détourner de cette phase importante du développement
psycho-affectif, qui est celle de l'acceptation de la différence des
sexes. Donc, le travail de tolérance de la frustration et de la
capacité à rester seul serait court-circuitée, n'amenant
pas le fétichiste à cette maturité affective
nécessaire pour s'assumer en tant qu'être à part
entière et indépendant affectivement, mais aussi, dans une
certaine mesure, à accepter son orientation homosexuelle.
|