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L'alcoolique et son fétiche

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par Sandra SOUILLAT
Université de Provence - Master 1 pro psychologie clinique et psychopathologie 2006
  

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2.2.2.1.2. La découverte de la différence anatomique des sexes et le fétichisme

Le stade phallique serait un stade important du développement puisqu'il permettrait à l'enfant de faire la différence anatomique des sexes qui repose sur le fait que les garçons sont pourvus d'un pénis, contrairement aux filles. Afin de s'expliquer cette différence anatomique, vont émerger des activités fantasmatiques dans la vie psychique de l'enfant : auparavant, la fille aurait été pourvue d'un pénis mais elle l'aurait alors désormais perdu, et ce, par châtiment infligé par les parents. Cette punition fantasmée amènerait ainsi le petit garçon à se sentir lui-même menacé par cette castration imaginaire. L'angoisse de castration génitale naîtrait donc à ce stade, mais Bergeret J. (2004, p. 21) veut parler aussi d'angoisse « de castration narcissique, prégénitale, phallique, développée par définition autour du phallus et de ce qu'il représente ». En effet, cet attribut corporel, le pénis, détiendrait une valeur symbolique, le phallus, dans la vie intrapsychique de l'enfant. Cette signification particulière du phallus permet à l'enfant de construire son identité sexuelle (tout objet possédant un pénis est un objet animé et sexué) et son identité narcissique (tout objet possédant un pénis est un objet doté d'une certaine supériorité sur celui n'en détenant pas). Ainsi, le pénis possèderait cette valeur de toute-puissance et, en étant menacé d'une castration génitale, le garçon se verrait en même temps menacé d'une castration phallique (la perte de son identité sexuelle et narcissique).

Freud S. (1927, p. 134) situe les origines du fétichisme au stade phallique : « L'enfant s'était refusé à prendre connaissance de la réalité de sa perception : la femme ne possède pas de pénis. Non, ce ne peut être vrai car si la femme est châtrée, une menace pèse sur la possession de son propre pénis à lui, ce contre quoi se hérisse ce morceau de narcissisme ». Dans ce sens, le fétichiste n'aurait pas pu, enfant, tolérer cette découverte de la différence des sexes car celle-ci vient marquer la contestation de la non-existence, donc du manque, de pénis chez la femme.

2.2.2.2. Le compromis : le substitut

2.2.2.2.1. Un conflit intra-psychique : tentative de résolution

Nous pouvons parler de réponse inadéquate en ce point : le fétiche court-circuiterait l'adaptation à la réalité. Freud S. (1927, p. 134) dit à ce propos que le fétiche ne serait pas le « substitut de n'importe quel pénis mais d'un certain pénis tout à fait particulier qui a une grande signification pour le début de l'enfance et disparaît ensuite. C'est-à-dire qu'il aurait dû être normalement abandonné mais que le fétiche est justement là pour le garantir contre la disparition ». Ceci vient donc signifier du caractère pathologique du fétiche. La Nouvelle Revue de Psychanalyse (1970, pp. 20/21) cite Freud S. (1927, p. 134/135) expliquant qu'« il n'est pas juste de dire que l'enfant ayant observé une femme a sauvé, sans la modifier, sa croyance que la femme a un phallus. Il a conservé cette croyance mais il l'a aussi abandonnée ; dans le conflit entre le poids de la perception non souhaitée et la force du contre-désir ». Cela sous-entend donc que le fétichiste aurait tenté de résoudre cette découverte si problématique et inacceptable pour lui via ce compromis entre l'effectif et son désir ; entre les exigences du Moi (principe de réalité) et celles du Ça (principe de plaisir). Dans ce sens, Freud S. (1927, p. 135) insiste sur le fait que « l'horreur de la castration s'est érigé un monument en créant ce substitut » et que le fétiche « demeure le signe d'un triomphe sur la menace de castration et une protection contre cette menace ». Le fétiche viendrait alors créer ce pénis nécessaire à son adepte pour lui permettre de supporter la réalité génitale féminine, mais en même temps, il permet au fétichiste de lui rappeler ce manque qu'il a réussi à dépassé en le comblant.

Le fétichiste ne renierait la réalité que partiellement, puisque par le fétiche il resterait conscient que ce pénis chez la femme n'existe pas. Mais le fétiche vient satisfaire le désir, celui de voir la femme pourvue de cet attribut corporel et de ce qu'il représente. La Nouvelle Revue de Psychanalyse (1970, p. 26) parle d'une réponse au conflit « par deux réactions opposées, (...). D'une part, à l'aide de mécanismes déterminés, il déroute la réalité et ne laisse rien interdire ; d'autre part, dans le même temps, il reconnaît le danger de la réalité, assume, sous forme d'un symptôme morbide, l'angoisse face à cette réalité (...). La pulsion peut conserver sa satisfaction ; quant à la réalité, le respect dû lui a été payé ». Ce mécanisme dont il est question ici est appelé par Freud S. (1927) le « clivage du Moi ». Une partie du Moi reconnaît la réalité et l'accepte, une autre reste ancrée dans l'illusion, le fantasme. Or, ce mécanisme ne permettrait pas une adaptation satisfaisante à la réalité. Car en effet, le Moi s'est ainsi déformé (il serait devenu clivé) et déformerait la perception du monde extérieur (le déni partiel). Cela ne pourrait, selon les spéculations psychanalytiques, qu'engendrer des conséquences dommageables sur la structure interne de tout individu réalisant ce type de compromis : « Le succès a été atteint au prix d'une déchirure ans le moi, déchirure qui ne guérira jamais plus, mais grandira avec le temps. Les deux réactions au conflit, réactions opposées, se maintiennent comme noyau d'un clivage du moi. (...) Cette fonction synthétique du moi, (...) se trouve soumise à toute une série de perturbations » (Nouvelle Revue de Psychanalyse, 1970, p. 26).

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery