2.2.2. FETICHISME ET PSYCHANALYSE
2.2.2.1. LES LIENS
PRÉCOCES : LA PREGENITALITE
2.2.2.1.1. Le stade oral et la
perversion
Stärcke A. (1921) place le sein comme étant
à l'origine de certains comportements pervers. Il rejoint à la
fois Freud S. (1905) dans la mesure où la sexualité infantile
détermine la recherche amoureuse adulte. En effet, une fixation de la
pulsion sexuelle au stade oral serait à l'origine d'une forme de
sadisme. « Je pense pouvoir établir des relations entre le
sein et une perversion à l'origine incertaine le sadisme. (...)Plusieurs
formes de sadisme découlent d'une même source. Si le baiser
dérive de la succion, le plaisir sadique de la morsure peut avoir la
même origine. (...) . Une étude plus approfondie de
l'érotisme de succion montre qu'il peut se diviser en deux grands
complexes, c'est-à-dire celui du mamelon, grâce auquel la zone
buccale de l'enfant trouve sa gratification, et celui du sein, qui
érotise sa petite main. Ce dernier complexe sein-main se retrouve dans
la manie de la flagellation dont l'objet primaire, les fesses, rappelle ces
deux autres hémisphères que sont les seins. (...) Je
préfère voir dans ces connexions un reflet de l'amour infantile
et du plaisir que le bébé éprouve à toucher de ses
petites mains les premières et les plus importantes sources de la
vie ».
Les conceptions de Freud S. (1905) et de Stärcke A.
(1921) inspirent Laplanche J. (1987) qui propose une théorie de la
séduction généralisée, fondée sur
l'asymétrie structurelle de la dyade mère-bébé. Le
nourrisson se situe dans l'attente de la satisfaction de ses besoins vitaux. En
retour, il recevrait de la part de la mère des
« signifiants énigmatiques » porteurs d'une
dimension sexuelle inconsciente qui nécessitent, de la part du
bébé, un travail de symbolisation nécessairement partiel.
Citons le Bulletin de la Société psychanalytique de
Montréal (1997) : « C'est à partir d'une analyse de
l'activité de suçotement que Freud dégage cette notion
d'étayage (...) qui va lui servir à définir ce qu'il
entend par sexualité infantile. Il décrit l'étayage
à l'occasion de l'émergence de la sexualité, en montrant
comment elle s'étaye sur la fonction d'auto-conservation dont elle se
rendra ensuite indépendante. L'étayage tel que Freud le
décrit n'a donc rien à voir avec une quelconque relation
interpersonnelle où l'infans s'appuierait sur la mère, il s'agit
plutôt de l'articulation de la pulsion et de la fonction. Cette analyse
permet à Laplanche de montrer "la fonction de dérivation du
sexuel à partir du vital, de
« l'adaptatif » ». Ainsi Laplanche va plus
loin que Freud (1905) et reprend également ce que Stärcke A. (1921)
présentait : ce que la mère transmettrait au bébé,
ce serait surtout les traces inconscientes de sa propre sexualité
infantile réactivée par celle de son bébé. A partir
de cette théorie, on parle alors de « lait nutritif
érotisé ».
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