2.2. LE FETICHISME
2.2.1. APPROCHE SÉMIOLOGIQUE
2.2.1.1. Formes
cliniques
On
distingue deux formes de perversion. Blanchard R. (2004, p. 150) dit à
ce propos que « le « Manuel alphabétique de la
Psychiatrie » de Porot préconise avec justesse une distinction
entre perversion et perversité. La perversion est une structure
relativement stable, à partir de laquelle un certain nombre de
comportements du même genre sont produits ». Ce qui différencie
les deux formes évoquées, est le concept de
répétition. On est en mesure de parler de comportement
pathologique lorsque celui-ci est marqué par une forme de fixité
et par un ensemble organisé de comportements répétitifs et
morbides, pouvant entraîner une souffrance chez l'individu. On parle donc
de pathologie lorsque le comportement possède une orientation exclusive
et permanente. Freud S.
(1905, p. 74) dit à ce propos que « alors nous trouvons - dans
l'exclusivité et dans la fixation, par conséquent, de la
perversion - ce qui nous autorise généralement à la
considérer comme un symptôme pathologique ».
Aujourd'hui, cette idée Freudienne, concernant le caractère
pathologique de la perversion, semble être encore admise (Blanchard R.
2004, p. 150) : « La perversion est définie par Porot
comme « une orientation permanente et pathologique de
l'être ». Cette orientation est une « disposition
habituelle d'un certain type de comportement, caractérisé par son
écart avec la norme conventionnelle constituée par le type de
moyen de comportement dans une même société et un
même groupe d'âge ». (...) Elle est l'état social
des moeurs à un moment donné dans une société
donnée [référence à Krafft-Ebing] ».
2.2.1.1.1. La perversion
Laplanche J. et Pontalis JB (1967, pp. 306/312)
définissent le concept de perversion sous un angle psychanalytique. Pour
eux, cette définition ne peut se faire « autrement que par la
référence à un norme. Avant Freud et encore de nos jours,
le terme est employé pour désigner des
« dérivations » de l'instinct » (1967, p.
307). Dans ce sens, semble être perversion toute anormalité, tout
hors-norme, de la vie instinctuelle, disons du flux pulsionnel puisque le
concept d'instinct est défini par les auteurs comme suit :
« terme freudien Trieb pour lequel, dans une terminologie
cohérente, il convient de recourir au terme français de
pulsion » (1967, p. 203). Or, comme nous l'avons vu plus haut, la vie
pulsionnelle ne peut se concevoir que sous l'angle du but et de l'objet
auxquels elle est liée. Donc, la perversion désignerait une
atypie dans le choix d'objet et dans la forme sous laquelle se réalise
la satisfaction sexuelle. Référons-nous à Blanchard R.
(2004, pp. 156/157) et son étude étymologique du terme
perversion : « Le mot vient du latin : pervertere et
perversus, qui ont donné perversitas. Le préfixe
« per » indique un moyen, une modalité, dans
l'espace ou dans le temps(...). Le verbe « vertere »
signifie tourner, retourner, avec la connotation de renverser, donc
détruire. Perversus désigne ce qui a été
retourné, est à l'envers (...). Enfin, la perversitas est le
renversement, mais aussi, par rapport à l'ordre renversé,
l'extravagance, la déraison ».
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