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Développement de la capacité de théorie de l'esprit chez les jeunes enfants

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par Severine Papin
Université Belle-Beille ANGERS - Master professionnel de neuropsychologie 2007
  

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2. Un questionnement développemental : apport de l'analyse de la tâche de tromperie

Selon Chandler, Fritz et Hala (1989) la capacité de tromper émerge à l'âge de deux ans et demi. Pour d'autres auteurs, la capacité à tromper ne se manifeste que vers trois ans. Enfin, selon un autre groupe de chercheurs, cette capacité apparaît à quatre ans (Sodian et Frith, 1992). Ces derniers ont en effet montré que les enfants de trois ans utilisent des stratégies trompeuses aussi bien avec des agents compétiteurs qu'avec des agents coopérateurs. Ils utilisent des stratégies trompeuses sans en comprendre les effets. On retrouve ici le débat évoqué précédemment : une capacité est-elle considérée comme acquise à ses prémices ou lorsqu'elle est bien affirmée ?

D'autre part, contrairement à ce qu'avance Baron-Cohen (1995), pour certains auteurs, les capacités de compréhension de fausses croyances et de tromperies n'apparaissent pas en même temps. Selon Hala et al. (1991), la tromperie émergerait avant la compréhension des fausses croyances.

En 1998, Yirmiya et al. ont fait une méta-analyse comparative sur le développement de la théorie de l'esprit chez des enfants normaux, autistes et déficients intellectuels. Ils ont utilisé trois variables modératrices potentielles dont l'une est le type de tâches. En effet, certaines tâches étaient réussies à l'âge de 2 ½ ans par des enfants normaux alors que d'autres ne furent réussies qu'après 4 ans. La large gamme de contenus et de contextes examinés dans les différentes tâches marque la possibilité que ces tâches variées ne testent pas exactement les mêmes capacités et que certaines d'entre elles soient plus faciles que d'autres. Ainsi certaines données suggèrent que les enfants normaux n'accomplissent pas de façon équivalente tous les types de tâches.

En effet, une étude attentive de tâches expérimentées par les différents auteurs permet de mieux comprendre leurs résultats divergents. Hala et al. (1991) ont posé comme conclusion de leur article que la capacité à tromper apparaît à l'âge de 2 ½ ans avant la capacité de réaliser des tâches de fausses croyances. Oswald et Ollendick (1989) de même que Sparrow, Balla et Cichetti (1984), concluent quant à eux que ces deux capacités apparaissent en même temps. Comment expliquer cette divergence ? Les deux groupes d'auteurs ont comparé les résultats aux deux mêmes tâches. Pour la tâche de fausses croyances, ils ont pris en compte les résultats au test de « Sally et Anne » et pour la tâche de tromperie ils ont pris ceux du « penny hiding game ». Cependant alors que Oswald et Ollendick (1989) et Sparrow et al. (1984) ont fait passer les deux tâches aux mêmes groupes d'enfants, Hala et al. (1991) n'ont fait passer aux enfants que la tâche de tromperie. Ils ont comparé leurs résultats à ceux d'autres chercheurs n'ayant fait passer que la tâche de fausses croyances. Les résultats provenaient de deux groupes d'enfants distincts et de deux groupes de chercheurs l'étant tout autant, ceci impute un biais expérimental.

Selon d'autres auteurs (Sodian et Frith, 1992), la capacité à tromper n'émerge que vers 4 ans, après la compréhension des fausses croyances. Qu'est ce qui explique ce renversement de situation par rapport à Oswald et al. (1989) ? C'est la nature de la tâche de tromperie. En effet, contrairement à précédemment, ce n'est pas la tâche de « penny hiding game » qui est utilisée mais une tâche plus complexe : « le Roi et le voleur ». Cette tâche est comparable à celle de « Sally et Anne » au niveau de la charge mentale contrairement au « penny hiding game ». En effet, cette dernière demande peu d'aptitude cognitive. Il y a très peu de verbalisation tant de la part de l'expérimentateur que de l'enfant. Il n'y a pas de scénario contextuel de la tâche. Elle demande peu de capacité de compréhension. A contrario, le test de Sally et Anne et le test du « le Roi et le voleur » sont très proches l'un de l'autre. Dans les deux cas il y a deux personnages et l'enfant. Ces tâches demandent un certain niveau de compréhension langagière, des capacités de réflexion et d'analyse. Elles sont construites de façon similaire : présentation des personnages, mise en place du contexte de l'histoire, interpellation et réponse de l'enfant. Ainsi il semble plus judicieux de comparer ces deux tâches. Aussi les résultats de Sodian et Frith (1992) semblent plus pertinents que ceux des auteurs vus précédemment. Cependant, alors que ces deux tâches semblent similaires au niveau de la charge mentale, pourquoi observe-t-on une différenciation des résultats selon l'âge ? En effet, les auteurs ainsi que d'autres (Russel et al., 1991; Yimiya et al., 1996), ont montré que les tâches de tromperie sont réussies à 4 ans soit après les tâches de fausses croyances, qui elles semblent réussies à 3 ans.

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