II . La théorie
de l'esprit : une théorie de l'autisme.
Il existe plusieurs conceptions explicatives de
l'autisme : psychanalytiques, génétiques, cognitives. Parmi
ces dernières, on peut en dénombrer trois : la
théorie des fonctions exécutives, l'hypothèse de la
cohérence centrale et la théorie de la théorie de
l'esprit. C'est à cette dernière, que nous allons
particulièrement nous intéresser. Il sera traité ici de
l'autisme de haut niveau ou du syndrome d'Asperger.
1. Introduction
L'autisme est un désordre développemental
sévère (cf annexe 1). Bien que rare, il affecte environ quatre
enfants pour dix mille. Il est défini comme un repli du sujet sur son
monde intérieur en refusant le contact avec le monde extérieur.
Le critère diagnostique repose sur le comportement. Le symptôme
principal, qui est facilement identifiable, est un trouble de communication
verbale et non verbale. Le symptôme pathognomonique est un défaut
dans le développement social des relations. Les enfants autistes
trouvent l'environnement social imprévisible et incompréhensible.
Ils semblent traiter les personnes et les objets de la même
manière. Longtemps, cette incompétence sociale a
été mise sur le compte d'un retard intellectuel chez les enfants
autistes (De Meyers et al., 1974; Wing et Gould, 1979). Or, plusieurs arguments
réfutent cette hypothèse. Tout d'abord, il existe des enfants
autistes ayant un QI situé dans la norme. De plus, des enfants
déficients intellectuels mais non autistes, tels que des enfants
atteints du syndrome de Down, ont des compétences sociales relatives
à leur âge mental (Coggin, Carpenter et Owings, 1983; Gibson,
1978).
Afin d'expliquer le trouble spécifique de l'autisme, il
est nécessaire de considérer les mécanismes cognitifs
sous-jacents, indépendamment du QI (Frith, 1982; Hermelin et O'Connor,
1970; Rutter, 1983).
2. Théorie
explicative de Baron-Cohen
Ainsi en 1995, Frith, Leslie et Baron-Cohen ont émis
l'hypothèse que trois symptômes de l'autisme (les anomalies du
développement social, du développement de la communication et du
jeu symbolique) résultent d'un déficit du développement de
la lecture des états mentaux, c'est-à-dire d'un déficit du
développement de la théorie de l'esprit.
Baron-Cohen (1995) appelle ce déficit :
cécité mentale. Les personnes atteintes de cette
cécité sont aveugles aux états mentaux c'est-à-dire
aux pensées, croyances, savoirs, désirs et intentions, ces
états mentaux étant à la base de nos comportements.
Cette théorie postule que l'individu accumule au cours
de son développement un ensemble de connaissances sur les états
mentaux existant chez autrui. Un enfant de 4 ans sait déjà que
toute personne en face de lui a d'autres connaissances que lui, qu'il a ses
propres désirs, pensées et intentions et c'est ce qui lui permet
de s'ajuster aux différentes situations sociales qu'il traverse. Or, une
des caractéristiques des enfants et des adultes atteints d'autisme, est
précisément qu'ils ont des difficultés à s'ajuster
à ces situations sociales. Différentes procédures
expérimentales ont montré un déficit de mentalisation de
la part de ces personnes.
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