3. Développement de la pensée logique et
développement de la théorie de l'esprit
Bien que l'analyse des performances des sujets aux
épreuves de théorie de l'esprit en fonction du stade de
pensée acquis par l'enfant semble plus appropriée, les
résultats subséquents sont à prendre avec
précaution : nos groupes sont d'effectif très distinct et le
groupe d'enfants au stade préopératoire n'est composé que
de 3 enfants. En raison de ce biais expérimental, les résultats
sont pour certain contradictoires.
Concernant les fausses croyances, les enfants au stade
préopératoire sont déficitaires comparativement aux
enfants normaux. Au stade opératoire, les deux groupes sont
équivalents. Ceci semble confirmer notre hypothèse d'une
amélioration en fonction du développement de la pensée
logique. Cependant, l'analyse statistique infirme ceci. Ces données
contradictoires relèvent surement d'un problème
méthodologique quant aux petits effectifs de nos deux groupes.
Par rapport aux épreuves de tromperie, les enfants au
stade préopératoire ne sont significativement pas
différents des enfants contrôles. Il en est de même pour les
enfants au stade concret. Ceci ne va pas dans le sens d'une amélioration
des performances avec le développement de la pensée logique. A
contrario, l'analyse statistique indique l'inverse.
Nos résultats sont difficilement exploitables car
très contradictoires en raison du petit nombre de sujet dans chacun des
deux groupes. On ne peut dans ce cas statuer sur un développement de la
théorie de l'esprit parallèlement à un
développement du raisonnement logique.
4. Une dissociation du module ToMM chez les enfants
autistes ?
Notre dernier objectif était de vérifier notre
postulat d'une dissociation du module ToMM en deux sous-modules, ToMM
spectateur et ToMM acteur, chez les enfants autistes. Pour confirmer ceci, la
compréhension des fausses croyances doit être plus efficiente que
la manipulation de celles-ci durant la phase de développement de cette
capacité. Or l'analyse générale ne semble pas aller dans
ce sens. Les enfants autistes réussissent en moyenne 53,3% des
épreuves de fausses croyances contre 76,7% des épreuves de
tromperie. De plus, 8 enfants sur 15 réussissent mieux en tant qu'acteur
qu'en tant que spectateur, 4 ont le profil inverse et 3 ont une réussite
similaire aux deux épreuves. Même chez les enfants qui sont au
stade le plus précoce, stade préopératoire, 2 enfants sur
3 réussissent davantage en tant qu'acteur qu'en tant que spectateur.
Ces résultats ne sont pas conformes à notre
hypothèse, mais rejoignent ce que nous avions déjà pu
pressentir lors de notre précédent travail (Papin, 2006). Nos
résultats statistiques ne montraient pas de différences de
performances entre les tâches de fausses croyances et les tâches de
tromperies. Les enfants semblaient aussi performants dans le rôle de
spectateur que dans celui d'acteur. Cependant, lors de l'analyse descriptive,
les enfants paraissaient meilleurs en tromperie qu'en fausses croyances. En
effet, leur moyenne en situation d'acteur était meilleure qu'en
situation de spectateur et trois des six enfants réussissaient mieux les
tâches de tromperies que les tâches de fausses croyances.
Ce profil particulier ne s'est jamais retrouvé chez les
enfants normaux lorsqu'ils étaient eux même dans la phase de
développement de la théorie de l'esprit. Aucun des enfants
n'étaient en mesure de réussir mieux les tâches de
tromperie que les tâches de fausses croyances. Au contraire, il semblait
que les enfants devaient atteindre une certaine compréhension des
états mentaux avant d'accéder à une possible manipulation
de ceux-ci. Ce sont ces données qui nous avaient permis de postuler une
dissociation de ToMM en deux sous modules.
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