L'activité culinaire des étudiants étrangers( Télécharger le fichier original )par Frédérique Giraud Ens-Lsh - Master 1 de Sociologie 2006 |
3) La place du réseau dans l'approvisionnementLa première solution face à la nostalgie alimentaire est de trouver un magasin spécialisé dans le pays où l'on se trouve. Mais on peut également mettre à contribution les visiteurs, les amis ou la famille. De leur propre initiative ou à la demande des expatriés, la famille envoie en effet des colis pour subvenir en produits d'origine. En situation de migration la valeur gustative attribuée aux aliments est proportionnelle à la valeur sociale dont ils sont investis. En ce sens les aliments reçus par colis sont investis d'une haute valeur sociale, à laquelle est associée une forte valeur gustative. L'envoi et la réception de denrées matérialisent un réseau qui lie les migrants à l'espace d'origine et les migrants 139 C Crenn, « La fabrique du lien social entre pratiques alimentaires et pratiques sanitaires. Le cas d'immigrés marocains et de leurs enfants dits "arabes" dans le Grand Libournais », Lemangeur-ocha.com., 2004 entre eux. Les pourvoyeurs des colis sont des membres de la famille, ou des amis relayés par la famille. Les migrants stockent les biens reçus dans l'attente d'une consommation festive, mais bien souvent la réception des colis suffit à elle seule à susciter cette consommation. Une partie des denrées reçues est redistribuée aux membres de la parenté et aux amis qui, à leur tour et si l'occasion s'en présente, partageront le contenu des colis qu'eux-mêmes auront reçus. Le partage recouvre donc deux situations : distribution de denrées (brutes ou cuisinées) et repas pris en commun.
Voici une chronique intitulée « Envie de chocolat » que l'on peut lire sur le site de Mlle à Moscou142. 140 Chinayak, http://chinayak.over-blog.com/article-4138663.html 141 http://www.expat-blog.com/resources/doku.php/services-and-products-for-expatriates, consultation le 2 avril 2007 142 http://melleamoscou.over-blog.com/article-362128.html, post du 20 mai 2005, consulté le 9 avril 2007 « Je suis accro au chocolat noir, le vrai, celui des addicted et ici le chocolat c'est au mieux 45 % de cacao seulement... Alors heureusement, avant de partir j 'avais prévu mes tablettes de secours : 2 seulement... autant dire que je me suis rapidement retrouvée en détresse ! Une Amandine en détresse ça donne ça : « Allo maman ? y a moyen de moyenner un envoi de cote d'or et de 1848 avec 70% de cacao ???! » Ainsi, face à l'impossibilité de se procurer dans les magasins une ressource désirée, on demande à sa famille de la procurer. L'envoi de colis peut aussi relever de la surprise : c'est notamment le cas souvent au moment des fêtes. Pour Noël, bien souvent les grands-parents et parents envoient un colis alimentaire surprise contenant les indispensables chocolat, fromage, saucisson ou pâté, mais également pour certains bloggueurs que nous avons interrogés, champagne, foie gras. Il faut noter ici la nature ludique pourrions-nous dire de ces colis, ils sont différents de ceux recensés traditionnellement dans la littérature consacrée aux migrants, notamment par Sophie Bouly de Lesdain dans Femmes camerounaises en région parisienne. Trajectoires migratoires et réseaux d'approvisionnement.143. Il ne s'agit pas ici de produits de première nécessité, de produits permettant la préparation de certains mets, mais de denrées prêtes à la consommation. On pourrait les classer dans la catégorie « nourriture de réconfort »144. |
|