Le projet de loi sur les partis politiques au Maroc( Télécharger le fichier original )par Hassan Bentaleb Université Montpellier 1 - Master recherche en science politique 2005 |
1-2 De l'organisation et de l'administration des partis politiques :
Si l'ensemble des partis n'a pas trop protesté contre cet article, par peur d'être accusés par leurs propres militants de refuser la démocratie interne, pourtant, cette disposition - si elle passe en l'état - risque de bouleverser l'un des fondements de la vie partisane marocaine : les cooptations2(*)3. Ca peut être le cas de l'organisation interne du parti de l'Istiqlal, qui peut se retrouver complètement bouleversée, car les « inspecteurs » nommés par le bureau exécutif ou le secrétaire général pour être le relais et l'outil de contrôle, c'est-à-dire ses "yeux" dans les provinces, risquent de n'avoir plus de raison d'être. Ce serait une révolution culturelle au sein du parti. En ce qui concerne la problématique des femmes et leur adhésion à la politique, toutes les tendances politiques manifestent leurs encouragements, et font de la candidature féminine un objet de concurrence entre eux. Pourtant, le nombre de candidatures féminines depuis les élections de 1992 n'a pas augmenté, et les femmes engagées politiquement ne sont pas suffisamment soutenues, ni mises en avant par leur parti. A cela, le rôle des femmes dans les partis est mineur et déterminé. Le principe d'égalité n'est pas appliqué, et leur présence aux organes centraux quasi inexistante, à l'exception de quelques rares partis. Cette situation des femmes révèle, selon Maria Angeles Lopez, « une carence dans le fonctionnement interne des partis, et un désintérêt pour la promotion de l'élément féminin en leur sein, réduisant son rôle à celui d'un simple appui pour les partis »2(*)4. Et même si la réforme politique entreprise par le Maroc a revitalisé la cause des femmes, les résultats globaux indiquent que cette cause répond plus à une prise de position politique qu'à des objectifs réels. On n'assiste pas à une intégration significative des femmes dans le jeu politique, de même que leurs revendications n'ont pas été assumées dans les lignes générales des programmes des partis, à l'exception de quelques rares cas. Si la situation des femmes est telle, le cas des jeunes n'est pas meilleur. Les partis et leurs dirigeants reconnaissent aisément qu'entre les politiques et les jeunes, c'est une longue histoire d'incompréhension, de désenchantement et de désillusion. « C'est vrai les jeunes n'ont plus confiance. L'un des enjeux principaux des prochaines élections est de gagner la confiance des électeurs, arriver à les sortir de leur sinistrose qui est la conséquence directe de plus de 20 ans de dévoiement démocratique. Et la jeunesse de ce pays a été pleinement affectée par ces pratiques », affirme Nabil Ben Abdallah, membre du bureau politique du PPS et ancien président de la Jeunesse Socialiste.
Ceux qui s'insurgent contre cette disposition mettent en avant les complications qu'elle induira, lors des élections desdites instances. Pour honorer les quotas, il faudra répartir les candidats aux postes de responsabilités en collèges différents, et donc procéder à des élections distinctes. Mais le prétexte technique n'est pas suffisant pour écarter l'idée, car si cela a bien marché pour le Parlement, pourquoi pas pour les partis ? Du côté de ceux qui approuvent la politique des quotas, on regrette que cet article n'ait pas donné plus de précision. D'abord, la définition de l'âge en dessous duquel on est considéré comme "jeune". Ensuite, par mesure d'homogénéité, la fixation d'un quota minimum de jeunes et de femmes pour tous les partis. Certains proposent le pourcentage de 10 % pour commencer, par contre, d'autres proposent 50%.
Parmi les nouveautés de ce projet de loi,
c'est l'initiative d'instaurer une démocratie à
l'intérieur des partis politiques. Dans l'article 24, Le mode de choix
et d'accréditation des candidats du parti aux différentes
consultations électorales doit être fondée sur des bases et
des principes démocratiques. Qu'est-ce que cela peut bien vouloir dire ?
Qu'avant d'être candidat d'un parti, il faudra remporter un scrutin
interne, comme dans les primaires américaines ? Ce qui va
éliminer d'office la pratique bien connue de la vente des
"accréditations". Si les partis gardent le silence pour l'instant, et
n'osent pas trop protester, d'une manière ou d'une autre, à un
moment ou un autre, ils le feront, car les accréditations rapportent
beaucoup d'argent aux partis, et permettent de parachuter à la
dernière minute les "candidats" dans des circonscriptions que les
états-majors partisans pensent gagner d'avance. Les militants, eux,
détestent cette pratique, qui contrarie leurs ambitions. Luttes internes
en perspective. * 23 - Ibid. ,Telquel, op, cit. * 24 - Maria Angeles Lopez Plaza, « les femmes sur la scène politique », Confluences Méditerranée, n° 31, Automne 1999. * 25 -« Les jeunes au Maroc : de la désaffection au désenchantement », site Internet : atlasvista.info. * 26 -Ibid. * 27 - Ahmed R.Benchemsi, « Loi sur les partis: étude de texte », Telquel, n°150, |
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