2 - Mettre fin à la collaboration
2 - 1 - Pourquoi changer de prestataire ?
Si l'évaluation des services achetés montre que
ces derniers ne sont pas adaptés aux besoins des usagers, une structure
documentaire peut ne pas renouveler sa confiance au prestataire. De ce fait,
47,83% des professionnels de l'information affirment avoir déjà
changé de sous-traitant. Les documentalistes avancent divers
arguments pour se justifier comme le montre le tableau ci-dessous :
Question 21: pourquoi avez-vous
changé de prestataire ?
Raisons
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Effectifs
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Obligation
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3
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Qualité
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3
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Coûts
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4
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Autre
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1
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Total
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11
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Le motif le plus fréquemment énoncé par
les professionnels de l'information, soit quatre, est le coût des
prestations. Celui-ci comprend bien entendu la valeur du service en
lui-même et celui du suivi par le donneur d'ordre, qui doit passer du
temps pour optimiser le partenariat en préparant les données
qu'il livre. Mais le professionnel de l'information doit également
savoir évaluer les prix avant la signature du contrat, notamment dans le
cadre d'engagements pluriannuels. D'autant plus que, comme dans toute
activité documentaire, le retour sur investissement n'est pas
forcément immédiat. De plus, les coûts cachés du
prestataire évoluent et les donneurs d'ordre doivent savoir les
évaluer et les anticiper lors de la signature du contrat. Comme on l'a
déjà évoqué, les tarifs pratiqués par les
prestataires sont aussi pour eux un moyen de se démarquer de la
concurrence. Le témoignage d'une documentaliste illustre cette
observation puisqu'elle affirme que sa structure « passe de SWETS
à EBSCO, pour certains lots, en fonction des prix proposés lors
du renouvellement du marché ». Dans ce cas, la relation
personnalisée instaurée entre l'infomédiaire et le donneur
d'ordre n'entre pas en compte on préfère rationaliser la gestion
du service. Une autre mentionne également « le manque de
compétences [du sous-traitant] et les résultats de ses
prestations qui étaient insuffisants ». Cela revient au fait
que les clients ont besoin d'un fournisseur qui connaisse leur secteur
d'activité et donc, leur environnement ainsi que leurs attentes
précises.
Le second argument avancé par trois professionnels est
la qualité insuffisante des prestations énoncées. L'un
d'eux a constaté, lors de la phase d'évaluation du service, que
celui-ci ne correspondait pas aux modalités du cahier des charges. De
même, un autre donneur d'ordre remarque que si la prestation était
auparavant réalisée en interne, cette dernière affichait
une qualité supérieure, dès lors la structure documentaire
n'a plus intérêt à poursuivre la collaboration. Le
troisième cas de figure est relaté par un documentaliste qui
regrettait de voir la qualité du produit se dégrader au fur et
à mesure. Cette situation peut résulter d'un partenariat
entré dans une routine où chaque collaborateur ne cherche plus
à faire d'effort de communication. Le sous-traitant n'a peut être
pas suffisamment tenu compte des remarques du client lors de la remise des
documents intermédiaires. Le donneur d'ordre peut lui aussi avoir
manqué d'implication dans son partenariat en ne livrant pas suffisamment
d'informations sur les évolutions de son environnement et donc, sur les
besoins de ses usagers. Cela est d'autant plus important pour les prestations
réalisées sur le long terme impliquant nécessairement une
évolution des besoins. Une bibliothécaire avance
également, comme motif de rupture, le suivi déficient des
réclamations par son agence d'abonnement. Ce critère qualitatif
pouvant servir à effectuer la sélection d'une agence, celle-ci
doit soigner particulièrement cet aspect de sa relation client. Tous ces
éléments sont à placer en contrepoids aux critères
de sélection du sous-traitant. Une documentaliste regrette la
dépendance induite par le recours à l'externalisation
documentaire. Elle ne peut pas se séparer du sous-traitant mais regrette
cette situation car elle estime que le recours à l'extérieur
ralentit les actions. L'incompétence du sous-traitant a aussi
été abordée par l'un des enquêtés. Celle-ci
peut résulter du manque d'expertise du prestataire dans le secteur
d'activité de l'organisme.
Trois donneurs d'ordre, dont la structure est rattachée
à un organisme public, précisent toutefois que s'ils changent de
prestataire, c'est par obligation. L'un précise donc que pour chaque
nouvelle mission, notamment pour la numérisation, un nouveau prestataire
intervient. Cette politique de l'État vise à développer le
marché en favorisant la concurrence et à éviter à
terme des situations de monopole. Toutefois, ces pratiques pourraient
s'avérer néfastes sur le plan relationnel entre le client et le
sous-traitant. En effet, les professionnels de l'information doivent, à
chaque fois, retrouver confiance en leur partenaire. Ils ne
bénéficient donc pas du gain de temps induit par une relation
existant depuis plusieurs années.
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