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Les modes alternatifs de reglement des litiges fiscaux au Cameroun


par Martial Rony KUE TOUKAM
Université de Maroua - Master recherche 2017
  

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CHAPITRE II :

LA MÉDIATION FISCALE

INTRODUCTION DU CHAPITRE II

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Étymologiquement le terme médiation vient du latin médiator qui est un intercesseur. Et le mot latin médiator est formé du terme medium qui désigne une position « centrale », « médiane ». La médiation fait partie des MARC. Elle est une manière d'intervenir dans une situation difficile entre des personnes physiques ou morales.

Selon certains auteurs, elle est pratiquée depuis longtemps, aussi longtemps que des tiers interviennent dans les conflits d'autrui. Contrairement à ce que laisse supposer le développement spectaculaire de la médiation au cours de ces dernières décennies, cette notion n'est pas nouvelle.

Il est possible d'identifier une amorce de médiation dans les récits sumériens vieux de plus de 4000 ans131. Cette société avait recours fréquemment à la médiation pour résoudre les différends entre ses citoyens. Les Sumériens ne sont pas un cas isolé, de nombreux récits de médiation ont été rapporté avant notre ère, tant en Chine impériale qu'en Grèce antique. La culture de la Grèce antique, avec le courant philosophique platonicien visant à faire réfléchir les personnes sur leurs relations aux autres et, conséquemment à soi-même. La maïeutique instrumentait cette recherche.

L'outil maïeutique avait pour objectif de permettre à une personne d'exprimer ses connaissances en soi, en l'occurrence qui auraient été acquises dans ses vies antérieures. Le philosophe mettait en pratique ce savoir-faire pour qu'une personne puisse réfléchir et exprimer le meilleur d'elle-même. Cette maïeutique était ainsi un véritable acte médiateur du philosophe.

Dès le XVIIIe siècle, la médiation va apparaitre comme un instrument de pacification des relations internationales. Mais la conception de celle-ci, en tant que discipline à part entière s'affirme à la fin du XXe siècle. Elle se diffuse avec l'acceptation de la médiation conventionnelle, hors de tout contexte judiciaire. Elle apportera aux parties d'un différend les moyens de reposer une situation qui pose problème, d'y réfléchir et de chercher la meilleure solution possible pour retrouver ou trouver un terrain d'entente.

La médiation s'est ainsi progressivement transposé dans divers domaines de la vie sociale, conflits collectifs du travail, économiques, de famille et même sur le plan fiscal. D'où le recours à la médiation fiscale.

C'est un processus de règlement des différends fiscaux qui implique de faire appel à un médiateur qui aide les parties à atteindre une compréhension commune des enjeux et de

131 LEONARD (W.), The sumerian, New York, W. W. Norton & Company, 1965.

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conclure une entente mutuellement satisfaisante. Le médiateur fiscal est ainsi un tiers impartial et indépendant qui a pour fonction de guider la communication entre les parties impliquées dans un conflit concernant la fiscalité. C'est un professionnel spécialisé en fiscalité ainsi qu'en résolution de conflit qui utilise différentes techniques de communication et de négociation pour aider les parties à faire valoir leurs perspectives. Il ne peut pas imposer des solutions aux parties.

Comme la conciliation fiscale, la médiation fiscale mutatis mutandis regorge d'une plus-value théorique (Section I) dont le modèle français pourrait être une source d'inspiration (Section II).

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SECTION I : LA PLUS VALUE THÉORIQUE DE LA MÉDIATION FISCALE

Comme la conciliation fiscale, la médiation fiscale poursuit le même objectif, celui de rétablir le dialogue entre les parties et de rapprocher les points de vue. Le médiateur est ainsi l'équivalent de l' « ombudsman » suédois. Celui-ci est constitué d'un ensemble d'organes extraordinaires de contrôle de l'Administration se situant en dehors des procédures habituelles de recours, à qui on peut présenter des litiges opposant particuliers et Administration et qui ont au maximum le pouvoir de donner un avis sur ces litiges. Sa saisine est dénuée de tout formalisme.

L'ombudsman est généralement une personne indépendante de l'Administration, extérieure à celle-ci, mais bénéficiant d'un privilège total d'information sur ce qui se passe à l'intérieur de l'Administration132. Cette autorité neutre, éclaire les citoyens sur leurs droits et sur leur situation à l'égard de l'Administration. C'est un véritable instrument contre l'arbitraire administratif. Par ailleurs, pour mieux cerner la notion de médiation il convient de la définir négativement par comparaison à des notions voisines.

La doctrine s'est attachée à cet exercice qui permet de mieux analyser la médiation et de déterminer ses liens à d'autres institutions133. La médiation s'inscrit en effet dans les modes alternatifs de règlement des conflits qui se déclinent en plusieurs institutions.

D'abord avec la conciliation, le lien est complexe. Pour certains, la médiation relève au moins dans le langage courant, de la conciliation au point où ils tendent parfois à se confondre. Mais, il existe juridiquement une différence de degré d'implication du tiers entre médiation et conciliation. Finalement tandis que le conciliateur essaie de manière passive de rapprocher les parties en vue de la recherche d'une solution, le médiateur, non seulement favorise et développe les échanges entre les parties mais aussi il peut proposer des solutions. En cela, il joue un rôle actif. Alors que le conciliateur assiste les parties dans leur recherche de conciliation, le médiateur est proactif. Cette position est conforme à la définition donnée par le dictionnaire juridique de Gérard Cornu qui identifie le médiateur comme étant « celui auquel les parties à un conflit demandent de proposer la solution à leur différend (à la différence du conciliateur seulement chargé d'oeuvrer au rapprochement des personnes en conflit), sans cependant être investi du pouvoir (juridictionnel) de l'imposer »134.

132 OWONA (J.), Le contentieux administratif de la république de Cameroun, Paris, l'Harmattan, 2011, p. 10.

133 CACHARD (O.), « Les modes amiables de règlement des litiges », Paris, RLDC, 2011, n°94, p. 19.

134 CORNU (G.), Vocabulaire juridique, Association Henri Capitant, Paris, P.U.F, 2011, p. 646.

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Ensuite le terme médiation doit être distingué de l'arbitrage, dès lors qu'au terme de la procédure d'arbitrage, l'arbitre tranche le différend soumis par une sentence qui s'impose aux parties.

Il convient également de faire le distinguo entre la médiation et la transaction. Cette dernière définie au sens de l'article 2044 du Code Civil comme un contrat par lequel les parties terminent une contestation née ou à naitre au moyen de concessions réciproques et qui ne nécessite ainsi pas l'intervention d'un tiers. Un lien existe néanmoins entre médiation et transaction dès lors qu'une médiation organisée par les parties peut donner lieu à une transaction.

Enfin la médiation est également distincte de l'« amiable composition » par laquelle les parties demandent au juge ou à l'arbitre de statuer en équité et qui donne ainsi lieu à un jugement ou à une sentence ayant autorité de chose jugée et pouvant être exécutée. L'amiable composition est particulièrement utilisée dans l'arbitrage international pour éviter le recours à une loi étatique.

La médiation ainsi cernée, la médiation fiscale n'en est pas si éloignée. C'est un processus souple et moins couteux (Paragraphe I) qui exige du médiateur qu'il soit neutre, indépendant, impartial et confidentiel dans ses actions (Paragraphe II).

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